Le groupe français Atos, partenaire informatique officiel de Paris 2024, affiche plusieurs milliards d'euros de perte nette

Atos a annoncé mardi une perte nette de 3,4 milliards d'euros pour l'année 2023. Mais le groupe semble vouloir rester optimiste.
Article rédigé par Raphaël Ebenstein
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le site d'Atos, le fleuron français de la cybersécurité, à Angers. (ERIC PIERMONT / AFP)

Atos est dans le rouge et même le rouge vif. Le groupe français, partenaire informatique officiel des Jeux de Paris, a annoncé, mardi 26 mars, une perte nette de 3,4 milliards d'euros pour l'année 2023. Une situation d'autant plus inquiétante qu'il croule déjà sous une dette record. Au point que Bercy étudie une "protection" de ses activités stratégiques, celles regroupant la cybersécurité et les supercalculateurs.

À en croire la direction du groupe, qui fait preuve d'un certain optimisme malgré la situation financière alarmante, l'existence même d'Atos n'est pas menacée. Une procédure de conciliation est officiellement en cours avec les divers créanciers - parmi lesquels de nombreuses banques - avec l'espoir affiché d'un accord sur la restructuration de la dette du groupe, d'ici le mois de juillet. Ce qui signifie clairement des reports ou des abandons de remboursements.

En effet, pour l'instant, Atos doit théoriquement rembourser 3,65 milliards d'emprunts et d'obligations d'ici la fin de l'an prochain. Un objectif a priori intenable. D'autant que le groupe voulait vendre certaines de ses activités pour se renflouer mais aucune des ventes ne s'est faite.

Un démentèlement plausible

Malgré tout, le scénario d'un démantèlement à terme d'Atos reste plausible. C'est d'ailleurs celui porté par la direction d'Atos qui a décidé de séparer le groupe l'an dernier en deux entités distinctes. D'un côté Tech Foundations, le cœur historique de l'activité, à savoir l'infogérance et l'installation de systèmes informatiques dans les entreprises, aujourd'hui en perte de vitesse. De l'autre Eviden, regroupant les activités a priori les plus porteuses : le cloud mais aussi l'entité BDS, qui chapeaute les supercalculateurs et la cybersécurité. Le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, intéressé par Tech Foundations, a fini par renoncer au rachat après de longues négociations. Airbus a aussi abandonné la semaine dernière la piste d'une reprise de BDS, dont le prix était estimé entre 1,5 et 1,8 milliard d'euros.

D'où l'intervention de Bercy et l'idée d'une solution nationale, sans plus de détails, pour protéger les activités stratégiques d'Atos. Ce qui entérinerait une reprise de ces seules activités et donc une forme de scission avec Tech Foundations. Pour compliquer un peu plus les choses, le premier actionnaire d'Atos, David Layani, propriétaire du groupe One Point, qui détient 11% du capital, s'oppose publiquement à une séparation et plaide pour un Atos unifié. Avec le soutien de certains syndicats, dont la CFE-CGC.

A priori pas de quoi inquiéter, à quelques mois des Jeux de Paris, dont Atos est le partenaire informatique officiel. Atos assure être prêt sur le plan opérationnel pour gérer les systèmes d'accréditation des athlètes et des médias, la diffusion instantanée des résultats des compétitions ou encore un centre de cybersécurité avec des dizaines d'experts. Mais la trésorerie disponible du groupe, 2,4 milliards d'euros, ne permet pas de continuer très longtemps sans un accord avec les créanciers, espéré donc d'ici les JO. Épreuve ô combien difficile pour Atos que cette course contre la montre.

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