Le patron d'Apple avait dévoilé le 27 janvier sa tablette iPad lors d'un "keynote" à San Francisco
Il a décrit comme "un produit magique et révolutionnaire" cette tablette iPad, qui sera vendue 499 dollars pour sa version de base à partir du 3 avril aux Etats-Unis.
Il a aussi annoncé le lancement d'une bibliothèque numérique adaptée à l'iPad et baptisée iBooks, qui bénéficierait déjà du concours de "5 des plus grands éditeurs du monde".
L'iPod au format d'un grand bloc-notes et avec un seul bouton, comme l'iPhone
Steve Jobs, dont c'était la deuxième apparition publique depuis une greffe du foie l'an dernier, a fait la démonstration lors d'une conférence de lancement très attendue à San Francisco de ce nouvel appareil, qui a finalement reçu comme nom "iPad". Celui-ci est doté d'un écran tactile au format d'un grand bloc-notes et d'un seul bouton à l'image de l'iPhone et du baladeur iTouch.
"Nous utilisons tous des ordinateurs portables et des 'smartphones' maintenant. La question s'est posée dernièrement s'il y a de la place pour une troisième catégorie entre les deux", a déclaré Steve Jobs, vêtu de ses habituels jeans et col roulé noir. Le patron d'Apple a noté avoir imposé un cahier des charges exigeant.
"Ces appareils devront être bien meilleurs pour faire des choses vraiment importantes", a-t-il ajouté, comme naviguer sur internet, envoyer des courriers électroniques, visionner des photos et des vidéos, jouer, lire des livres. "Sinon, ils n'ont pas de raison d'être".
L'appareil se présente sous la forme d'un écran tactile de 9,7 pouces (24,6 cm) épais d'un peu plus d'1 cm, pesant 680 grammes doté de 16 à 64 gigaoctets de stockage. Steve Jobs n'a pas précisé par quel biais il serait relié à l'internet pour accéder à la boutique d'applications conçue pour l'iPhone, l'AppStore, mais il a précisé que la batterie permettrait de regarder des vidéos pendant dix heures.
Une période faste pour Apple
Cette annonce intervient dans un climat extrêmement favorable à Apple qui a publié un bénéfice net de 3,38 milliards de dollars, 3,67 dollars par action, et un chiffre d'affaires de 15,683 milliards de dollars au titre de son premier trimestre fiscal clos le 26 décembre. La marge brute est ressortie à 40,9%, à comparer aux 37,9% annoncés à la même période l'année dernière.
La marque à la pomme a annoncé avoir livré 8,7 millions de son combiné multimédia iPhone au cours du trimestre écoulé. Les ventes de Mac continuent quant à elles d'impressionner les marchés. Celles-ci sont ressorties en hausse de 33% à 3,36 millions d'unités, par rapport à l'année dernière. Les observateurs tablaient en moyenne sur 3 millions de Macs.
Les ventes d'iPhones et de produits et services liés au combiné tactile sont ressorties à 5,6 milliards de dollars. Il est vrai qu'Apple a réussi à créer un univers commercial quasi propriétaire autour d'iTunes, lié aux applications de ses produits.
Un univers, qui rappelle le système fermé du minitel mais développé au niveau mondial, qui intéresse tous les éditeurs de contenus qui craignent le piratage et qui voient dans le système mis en place par Apple une possibilité d'y échapper.
La concurrence réagit et les éditeurs se positionnent
Lors de la présentration, Martin Nisenholtz («The New York Times ») est venu présenter une nouvelle version de l"App du journal spécialement développée pour l"iPad. Elle contient des menus contextuels qui créent un lien entre le journal et le web.
Le format choisi par Apple et le modèle iTunes pourrait interesser les éditeurs de presse qui trouveront là un moyen de diffusion. Un modèle qui pourrait aussi valoir pour les éditeurs visé par le développement d'iTunes qui intègrera iBook.
Cette bibliothèque entrera en concurrence frontale avec Google Books, tandis que l'iPad rivalisera à la fois avec le Kindle d'Amazon et autres 'liseuses" sur le marché (Sony Reader, Cybook etc...) et avec les smartphones (dont celui de Google, Nexus One, fraîchement lancé).
Sentant le danger, Amazon n'a pas attendu pour annoncer la semaine dernière des améliorations à venir sur son livre électronique Kindle, leader du marché : il a communiqué son code source pour que les développeurs puissent créer applications et jeux adaptés, et a annoncé une nouvelle politique plus rémunératrice en droits d'auteur.
Le problème pour Amazon, c'est qu'il "peut bien avoir gagné la bataille des livres électroniques, mais la guerre porte sur des choses bien plus importantes", a commenté l'analyste indépendante Carmi Levy. "Nous pensons qu'Apple prévoit de redéfinir l'informatique portable, de la même façon que le Mac a redéfini l'ordinateur", estime un analyste, M. Abramsky.
Le Wall Street Journal avait indiqué la semaine dernière qu'Apple était déjà en contact avec des médias traditionnels, du New York Times à Disney sans oublier l'éditeur HarperCollins. Les médias, dont l'accessibilité sera un argument clé pour la capacité de séduction de cet appareil et de ces concurrents, vont devoir habilement jouer leurs cartes.
Conflit avec Google
Seul Google, avec son système Androïd, peut être vu comme une alternative viable avec ses quelque 20.000 applications", explique l'analyste. Face à la menace Google, le géant de l'internet qui vient d'entrer en concurrence directe avec lui en lançant son téléphone Nexus One, Apple envisagerait, selon la presse, de remplacer sur ses appareils le moteur de recherche de Google par Bing, celui de Microsoft qui semble en difficulté sur les différents marchés qui ont fait sa fortune.
Outre les smartphones, la tablette devrait également bouleverser le marchés de PC portable petit format ("PocketPC" ou "netbook"), aujourd'hui très porteur pour les constructeurs d'ordinateurs traditionnels.
Ces derniers tentent donc eux aussi de se positionner sur ce format et ont annoncé lors du dernier salon CES de Las Vegas l'arrivée prochaine de diverses tablettes concurrentes. mais "l'ardoise" d'Apple devrait marquer une avancée supplémentaire vers la convergence des appareils sans fil: téléphones, GPS, ordinateurs.
"Chaque appareil fait maintenant ce que l'autre fait. Certains sont des téléphones qui permettent de lire des livres, d'autres sont des lecteurs qui font fonction de smartphones", explique Jeff Kagan, un autre analyste spécialiste des télécommunications.
(Voir notre précédent article sur les succès de )
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