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Les 4 banques françaises ont resisté aux "tests de résistance" censées éprouver leur solidité financière

Sur 91 banques européennes testées, seules 7 ont échoué: Hypo Real Estate (Allemagne), 5 caisses d'épargne espagnoles et la grecque Atebank, a-t-on appris vendredi. Le FMI a salué ce bilan "considérable".Les 7 banques défaillantes vont devoir lever des fonds pour renforcer leur situation financière, selon le Comité des régulateurs européens (CEBS).
Article rédigé par Angel Herrero Lucas
France Télévisions
Publié
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BNP-Paribas, comme la Société Générale, la Banque Populaire-Caisse d'Epargne et le Crédit Agricole ont passé les "tests" (AFP)

Sur 91 banques européennes testées, seules 7 ont échoué: Hypo Real Estate (Allemagne), 5 caisses d'épargne espagnoles et la grecque Atebank, a-t-on appris vendredi. Le FMI a salué ce bilan "considérable".

Les 7 banques défaillantes vont devoir lever des fonds pour renforcer leur situation financière, selon le Comité des régulateurs européens (CEBS).

Pour satisfaire au minimum de fonds propres requis par les tests, soit un ratio "Tier One" (fonds propres rapportés aux engagements de la banque) de 6 %, il manque 3,5 milliards d'euros à ces sept établissements, a précisé le CEBS.

Ce chiffre ne manquera pas d'être comparé au résultat des tests pratiqués sur les banques américaines début 2009, qui avaient vu 10 des 19 établissements testés échouer.

Satisfecit de Christine Lagarde
Les banques françaises n'ont pas besoin de capital supplémentaire et leur passage "avec mention" des tests de résistance européens devrait rassurer les marchés financiers, a déclaré vendredi la ministre de l'Economie. "Les banques françaises passent le test haut la main, c'est évidemment un sujet de satisfaction parce que ça signifie qu'elles vont pouvoir financer l'économie, les ménages, les entreprises, et que la défiance des marchés devrait maintenant disparaître", a déclaré Christine Lagarde.

Les raisons des échecs allemand et espagnol
En Allemagne, l'échec d'Hypo Real Estate n'est pas une surprise. L'institut de Munich est en profonde restructuration sous l'étroite direction de l'Etat fédéral, qui l'a nationalisé l'an dernier. Banque symbole de la crise financière en Allemagne, Hypo Real Estate s'était effondrée fin septembre 2008 à la suite de la chute de Lehman Brothers.

L'établissement n'a toutefois jamais caché avoir encore besoin d'une injection de capital d'environ 2 milliards d'euros, qui a déjà obtenu l'aval du Soffin, le fonds allemand d'aide au secteur bancaire. Mais il manque le feu vert de la Commission européenne. Pour le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, cet échec est à relativiser: "La restructuration en cours de Hypo Real Estate n'a pas pu être prise en compte par les tests."

En Espagne, cinq caisses d'épargne espagnoles, sur les 19 testées, ont échoué aux tests de résistance tandis que les huit banques commerciales testées ont toutes réussi, ont annoncé vendredi les associations bancaires espagnoles. Les caisses ayant échoué sont Cajasur, Unnim (regroupant Caixa Sabadell, Terrassa et Manlleu), Banca Civica (Caja Navarra, Caja Burgos et Caja Canarias), Espiga (Caja Duero et Caja Espana) et Diada (Caixa Catalunya, Caixa Tarragona et Caixa Manresa).

Le gouvernement espagnol a toutefois réaffirmé vendredi sa confiance dans son système bancaire, assurant que concernant ses grandes banques, le pays se trouvait "à la tête de l'Europe en solvabilité et en solidité". "L'Espagne soumet à ces tests 95 % de son système financier, alors que les autres pays ne le font que pour 50%."

Le patron du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a salué vendredi le résultat des tests de résistance bancaires. "Nous nous réjouissons de la publication, aujourd'hui, des résultats des tests de résistance bancaires en Europe, qui ont marqué une entreprise considérable et une étape importante en vue d'une transparence accrue et d'un soutien à la confiance des marchés", a commenté DSK.

La Banque centrale européenne a salué également ces résultats qui confirment selon elle la résistance du système bancaire européen: "L'exercice des tests de résistance est complet et rigoureux. Il confirme la résistance du système bancaire de l'Union européenne et de la zone euro à des chocs économiques et financiers majeurs".

Vendredi soir, l'euro s'est un peu repris après la publication des résultats des tests de résistance des grandes banques européennes. Vers 21h00 GMT (23h00 à Paris), l'euro valait 1,2906 dollar contre 1,2886 dollar jeudi soir.

Méthodologie des "stress tests"
Le CEBS, composé des régulateurs des 27 pays de l'UE, a procédé à des tests utilisant trois scénarios, dont un de base et deux intégrant une crise économique aiguë. Les banques incapables de maintenir un ratio de fonds propres "Tier 1" d'au moins 6% d'ici fin 2011 seront considérées comme ayant échoué aux tests.

Tous les établissements ont dû passer des tests portant sur les risques sur les portefeuilles d'actifs financiers et les portefeuilles bancaires, l'exposition au crédit immobilier, d'entreprises et aux prêts interbancaires ainsi qu'à la volatilité des taux d'intérêt et aux risques de crédit.

Il a été demandé aux banques de calculer leurs pertes sur les portefeuilles de crédit, chiffres mis ensuite en rapport avec les bénéfices attendus en 2010 et 2011.

Scénario de base : Il correspond aux prévisions actuelles de croissance économique jusque fin 2011 publiées par la Commission européenne et repose sur l'hypothèse d'une baisse des marchés boursiers de 10 % en 2010 et 2011.

Scénario dur : Il est basé sur une reprise en "W" en Europe. Ce scénario se fonde sur une Europe en récession avec un différentiel de trois points de pourcentage sur 2010-2011 par rapport au scénario de base. Les portefeuilles des actifs disponibles à la vente ont été "stressés" de façon à simuler une chute de 20% des marchés boursiers en 2010 et en 2011. Le CEBS fait aussi comme si le taux des emprunts interbancaires augmentait de 125 points de base, un scénario comparable à ce qui s'était passé après la faillite de la banque Lehman Brothers.

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