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Les livreurs de repas à vélo sont "en train d'abîmer les droits salariaux de tout le monde"

Les coursiers qui assurent les livraisons de repas à domicile manifestent dimanche à Vincennes à l'appel du collectif des coursiers franciliens. Ils dénoncent la précarité de leurs conditions de travail. 

Article rédigé par Isabelle Raymond
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Deux livreurs de l'entreprise Deliveroo, à Paris, le 31 mars 2016. (ERIC FEFERBERG / AFP)

Ils sont de plus en plus nombreux à parcourir les grandes villes à vélo, un gros sac sur le dos. Des livreurs de repas de Deliveroo, Ubereat ou Foodera manifestent dimanche 11 septembre derrière le château de Vincennes pour dénoncer la précarité de leur activité.

Ces coursiers ne sont pas salariés : ils disposent du statut d'autoentrepreneur. Entre deux commandes, on les retrouve souvent place de la République à Paris, leur point de ralliement. Attirés dans un premier temps par "des rémunérations très attractives", comme le raconte Marc, un coursier en CDI le jour et autoentrepreneur le soir, les livreurs voient leurs conditions de travail se dégrader : "Quand le nombre de personnes prêtes à travailler est plus grand, (les entreprises) se permettent de tirer les prix vers le bas, de supprimer les bonus week-end, etc..."

Les trois quarts des coursiers n'ont pas de responsabilité civile

Matthieu Dumas

Fondateur du collectif des coursiers franciliens

Pire encore. En cas d'accident, les livreurs se retrouvent souvent "sans chômage ni assurance ni rien", renchérit Mathieu. "On profite bien du système quand on est étudiant, acquiesce Arthur, un autre coursier. On fait le boulot que beaucoup font, mais nous on le fait pour deux fois moins cher et sans protection sociale. En réalité, je pense qu'on est en train d'abîmer les droits salariaux de tout le monde". 

C'est fini pour Take It Easy et Tok Tok Tok

Un point de vue que partage Mathieu Dumas, le fondateur du collectif des coursiers franciliens, qui appelle à manifester dimanche : "Les trois quarts des coursiers n'ont pas de responsabilité civile, donc un accident est un perte de chiffre d'affaire correspondant à la durée de l'arrêt de leur activité. À l'arrivée, on n'est pas plus payé que les autres. Si on veut avoir les mêmes assurances qu'un salarié (chômage, assurance maladie), on se retrouve en-dessous du Smic horaire."

Cette précarité est renforcée aujourd'hui par les difficultés que rencontrent plusieurs des plateformes de livraison de repas à domicile. Après le placement en redressement judiciaire de Take It Easy fin juillet, le site Tok Tok Tok a également dû annoncer début septembre qu'il fermait boutique, racheté par Just Eat.

Isabelle Raymond a rencontré des coursiers franciliens. Reportage place de la République à Paris.

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