Les touristes américains débarquent à Cuba
Dans le quartier de la vieille Havane, la carte postale est en train de changer. Les Américains sont de plus en plus nombreux, même s’ils n’ont toujours pas le droit de voyager comme simple touriste. Il leur faut encore justifier d’une raison familiale ou professionnelle (avocat, journaliste, médecin), pour se rendre à Cuba. Dale, la soixantaine, a fait le voyage depuis Seattle. Il profite d’une mission culturelle pour découvrir la Havane :
"On savait qu’il y aurait des vieilles voitures, des vieilles américaines, mais on ne savait pas qu’il y en aurait autant. C’est très surprenant aussi de voir qu’ils n’ont restauré que très peu de bâtiment, et que les autres sont complètement délabrés ". Une découverte touristique, mais aussi politique : "Ici c’est un endroit où il y a plein d’opportunités, plein de ressources, c’est beau, mais ils ne savent pas en profiter. Ici ils font le minimum, c’est lié au système. Que vous travailliez dur ou pas, vous gagnerez la même chose, c’est une honte ".
"On n’a jamais vu ça autant de touriste"
La vague de touristes américains n’a pas encore submergé Cuba, mais ça ne saurait tarder. La Havane n’est qu’à 150 petits kilomètres de la Floride, et les ferry devraient à nouveau circuler entre les deux pays, le gouvernement américain a donné son feu vert la semaine dernière. Pedro est guide touristique à ses heures perdues. Récemment, il s’est remis sérieusement à l’anglais :
"Normalement à Cuba en ce moment c’est la basse saison. Là, il y a une quantité incroyable de touristes. On n’a jamais vu ça à cette époque de l’année. Ça va faire du bien aux gens, et au secteur privé ".
Mac Donald à la Havane
S’il y a autant de touristes à Cuba, c’est aussi parce que les Canadiens et les Européens se sont rués sur l’île, de peur, disent-ils, que "l’envahisseur américain ne défigure le pays ". En seulement trois mois la barre du million de visiteurs a été franchie. Christa a fait le voyage depuis Toronto, pour goûter, peut être une dernière fois, à l’authenticité de la Havane :
"Moi j’aime Cuba parce que c’est Cuba, les gens, l’histoire la culture. J’ai peur qu’avec l’arrivée des Américains, le pays ne se transforme. Ils vont l’américaniser, avec leur Mac Donald, leur Starbuck, leur KFC, et leur restaurant américains ! ".
Resister à l’envahisseur
Des propos qui font sourire Ricardo, le guide cubain qui accompagne Christa, pour faire le tour de la ville. Pour le jeune homme, pas de doute, Cuba saura se défendre face à l’impérialisme américain :
"Vous savez, si on a survécu à 56 ans d’agression, je crois qu’on est capable de résister aux Mac Donald. Tout ça c’est positif, à partir du moment où le gouvernement cubain maintient des mesures protectionnistes" .
Cette année, trois millions et demi de touristes sont attendus à Cuba, un record. Pour l’instant, la Havane ne possède que 60.000 chambres d’hôtel, mais sept hôtels sont en construction. D’ici 2020, le gouvernement cubain prévoit d’en construire 25.000 de plus. Une nouvelle révolution est en marche.
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