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Ce 4e forum s'est tenu une nouvelle fois à Lille, les 31 mars et 1er avril, pour penser un internet plus sûr

Ce Forum avait pour but d'organiser une défense efficace contre les menaces sur internet telles que l'usurpation d'identité, le piratage ou la pédopornographie.Il a été inauguré par le général Roland Gilles, directeur général de la gendarmerie et placé sous le patronage du ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, qui n'est finalement pas venu.
Article rédigé par Angel Herrero Lucas
France Télévisions
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Le 4e Forum international sur la cybercriminalité - 31/03/10 (Angel Herrero Lucas)

Ce Forum avait pour but d'organiser une défense efficace contre les menaces sur internet telles que l'usurpation d'identité, le piratage ou la pédopornographie.

Il a été inauguré par le général Roland Gilles, directeur général de la gendarmerie et placé sous le patronage du ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, qui n'est finalement pas venu.

"La situation est toujours préoccupante." (Brice Hortefeux)

C'est avec ces mots alarmistes du ministre de l'intérieur que le préfet du Nord, Jean-Michel Bérard, a démarré la conférence. Face aux menaces actuelles qui rappelons le, génèrent plus d'argent que le trafic de drogue, le mot d'ordre est à la mobilisation internationale. Tous les acteurs présents, gendarmes, Europol (police européenne), Eurojust (magistrats européens à La Haye) appellent à une mise en commun accrue des moyens et des informations car le cybercrime ne connaît pas de frontières. "Il faut abolir les frontières entre les différents échelons de traitement des phénomènes liés à la cybercriminalité qu'il soit international ou national", a relevé le général Roland Gilles, directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN).

Europol évalue les pertes liées à la cybercriminalité à 700 milliards d'euros par an. Les forces de police européennes mènent en effet près de 100.000 missions anti-cybercriminalité chaque année. Le fléau est majeur. Jean-Michel Bérard n'a donc pas manqué de rappeler les fournisseurs d'accès à leurs responsabilités. Il a déclaré que ceux-ci ne peuvent plus "se cacher", car "ils ont le rôle d'informer les utilisateurs sur les risques et les outils de défense", ajoute-t-il. C'est ce que prévoit la loi puisqu'elle permet de "bloquer les sites pédopornographiques par le biais des fournisseurs d'accès", explique le Préfet.

Les gendarmes du Net : les N'Tech
Pour faire face à ces menaces virtuelles, mais bien réelles, il existe une force de police spécialisée: les N'Tech. Ce sont des policiers et des gendarmes très qualifiés puisque les meilleurs ont un niveau "ingénieur ou supérieur", explique le général David Galtier, directeur de la Police judiciaire gendarmerie. Il en existe 200 en France auxquels leur sont adjoints des C'Tech, des correspondants sur le terrain. "Il en faut beaucoup plus qu'actuellement" reconnaît cependant le général quatre étoiles David Galtier. L'objectif c'est 250 N'Tech et 2.000 C'Tech d'ici 2012. De son coté, le ministère de l'Intérieur annonce la formation de "600 N'Tech d'ici 2012".

53.000 infractions en 2009
Pour recenser les attaques, la gendarmerie a mis en place une plateforme dédiée, appelée Pharos. N'importe quel "e-citoyen" peut y rapporter une infraction ou une escroquerie constatée. Et ça fonctionne. En 2009, 53.000 infractions ont été signalées par ce biais et dont seulement 7% étaient erronées. Ce qui fait dire au Préfet Bérard que les internautes font preuve d'une "grande maturité". A noter que parmi ces 53.000 infractions, 28% sont des atteintes aux mineurs tandis que 5% relèvent de la xénophobie ou du racisme. Quant à l'usurpation d'identité, Brice Hortefeux a demandé à ce qu'elle soit désormais condamnée, même s'il n'y a pas eu de préjudice financier.

En conclusion de la conférence d'introduction, une phrase de Winston Churchill a été citée pour illustrer le travail de ces défenseurs du net: "Ce n'est pas dans le vent mais contre le vent que montent les cerfs-volants". L'anti-cybercriminalité a donc encore, malheureusement, de beaux jours devant elle pour jouer au cerf-volant.

La difficile traque des sites internet illégaux de jeux
En plein débat à l'Assemblée nationale sur l'ouverture de la concurrence des paris en ligne, le forum international sur la cybercriminalité a souligné jeudi les difficultés de traquer les sites illégaux de jeux, dont certains sont liés au blanchiment d'argent.

Il existe "25.000 sites de jeux d'argent" sur internet dans le monde et "un vrai filtrage est impossible", avertit Cyril Lévy, spécialiste des questions de sécurité liées aux jeux en ligne. Entre changements d'adresses et astuces informatiques, les ressources des opérateurs de jeux "sont énormes" et les poursuivre s'apparente au "jeu du chat et de la souris", explique-t-il.

Le gouvernement a présenté cette semaine, en seconde lecture à l'Assemblée nationale, un projet de loi très attendu par les opérateurs et ouvrant à la concurrence les paris sportifs et hippiques et le poker en ligne. L'Assemblée et le Sénat ont déjà voté en première lecture ce texte que le gouvernement veut à tout prix boucler avant la Coupe du monde de football (11 juin-11 juillet).

Interdire la possibilité de transferts des comptes de l'opérateurs vers ceux du joueur en cas de gain
Un site est jugé illégal s'il n'est pas conforme avec la future législation, prévient Frédéric Epaulard de la mission de préfiguration de l'Autorité de régulation des jeux en ligne (ARJEL), une instance pas encore créée et qui dépendra du ministère du Budget. Une fois le site illégal identifié, l'ARJEL aura trois moyens de répression. D'abord, l'interdiction de faire de la publicité sur tous les médias, ensuite la possibilité de saisir le président du tribunal de grande instance de Paris, pour faire interdire aux fournisseurs internet l'accès à ce site et enfin la disposition peut-être la plus efficace, "interdire la possibilité de transferts des comptes de l'opérateurs vers ceux du joueur" en cas de gain.

Bien sûr, reconnaît l'expert Frédéric Epaulard, il y aura toujours des sites spécialisés "qui occupent certaines niches du marché et qui pourront échapper" à la répression. D'autres intervenants plaident toutefois pour "ne pas transformer les fournisseurs d'accès internet en auxiliaires de police".

Le 4e forum international sur la cybercriminalité (FIC 2010), qui a duré deux jours mercredi et jeudi, avait pour thème central cette année "la mobilisation européenne et internationale pour la lutte contre la cybercriminalité ".

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