Cet article date de plus de huit ans.

Portes blindées, gilets pare-balles... Le quotidien sous haute surveillance de la nouvelle rédaction de "Charlie Hebdo"

Le réalisateur italien Francesco Mazza a décrit, jeudi à "Libération", sa visite des locaux de la rédaction, où "l'état d'urgence n'est pas terminé".

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un homme lit "Charlie Hebdo" à la terrasse d'un café, le 6 janvier 2016, à Nice (Alpes-Maritimes). (ERIC GAILLARD / REUTERS)

Au cœur de la nouvelle rédaction de Charlie Hebdo. Francesco Mazza avait rédigé, en septembre 2016, un article pour défendre le dessin polémique sur le tremblement de terre qui a frappé l'Italie en août 2016. Le réalisateur italien a récemment rendu visite à la rédaction qu'il avait soutenue. Il est ainsi l'une des rares personnes à connaître l'adresse de Charlie Hebdo, sous haute protection deux ans après l'attentat qui avait fait 12 morts dans ses locaux le 7 janvier 2015.

Il décrit, dans les colonnes de Libération du 5 janvier, sa visite des locaux de la rédaction, où "l'état d'urgence n'est pas terminé", comme lui affirme Marika Bret, responsable des ressources humaines du journal. Voici le tableau qu'il en a fait.

Des allures de bunker

Un "bunker", c'est ainsi que Libération décrit la rédaction de Charlie Hebdo. Lors de sa visite, Francesco Mazza a découvert l'impressionnante sécurité qui protège les dessinateurs et autres membres de l'hebdomadaire. Le réalisateur parle, notamment, d'un mot de passe à donner à l'interphone, installé à l'entrée. Une fois dans le bâtiment, un sas sépare le visiteur des premiers couloirs. Le protocole est alors très précis. La "voix métallique d’un haut-parleur" lui dit d'avancer et "trois hommes sortent de derrière la grille", décrit-il. Ils sont armés. Les portes blindées s'enchaînent et les vitres sont toutes "impossibles à briser". Francesco Mazza compare les contrôles de sécurité à ceux des aéroports. 

Quant à l'adresse des locaux, elle est gardée secrète. "S’il m’arrivait de révéler à qui que ce soit son exacte adresse, je serais aussitôt poursuivi par le journal pour mise en danger de la vie d’autrui", explique le réalisateur italien. "Nous savons que, tôt ou tard, le secret sera révélé et nous devrons déménager à nouveau, comme nous l’avons déjà fait auparavant", ajoute Marika Bert.

Gilets pare-balles et photo des victimes

Dans les couloirs, les unes de Charlie Hebdo sont accrochées aux murs. Pas toutes, seulement celles parues après l'attentat du 7 janvier 2015. Les autres sont "trop dures à regarder", explique Marika Bert à Francesco Mazza. 

Dans le bureau de la responsable des ressources humaines, le visiteur voit un gilet pare-balles, "objet qu’on leur conseille fortement d’avoir à portée de main et qui devient essentiel à chaque trajet en voiture", ajoute-t-il. Sur le bureau trône une photo d'elle et de Stéphane Charbonnier, dit Charb, l'ancien directeur de la rédaction, mort pendant l'attentat.

Le quotidien sous haute sécurité des membres de la rédaction

"Une vie normale, ou presque, avec certaines limites", évoque Coco, dessinatrice à Charlie Hebdo et rescapée de l'attaque du mercredi 7 janvier. Les journées des membres de la rédaction sont planifiées à la minute près. Certains sont constamment accompagnés d'une escorte. Marika Bert décrit un "genre de vie très différent ou rien ne peut exister de façon spontanée""Si je veux aller acheter une baguette de pain, maintenant, sur un coup de tête, je ne peux pas", décrit-elle. 

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.