Cet article date de plus de six ans.

"Toujours Charlie !" aux Folies Bergères : "Ça reste douloureux, une blessure béante"

Trois ans après l'attentat contre Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, plusieurs organisations de défense de la laïcité ont organisé, samedi un rassemblement aux Folies Bergères. Les membres de l’équipe du journal satirique n'étaient pas présents la directrice des ressources humaines, Marika Bret a expliqué pourquoi sur franceinfo.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une femme montre un teeshirt "Toujours Charlie" pendant le rassemblement aux Folies Bergères, le samedi 6 janvier à Paris. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

Samedi 6 janvier, plusieurs organisations de défense de la laïcité ont organisé "Toujours Charlie !", un après-midi et une soirée d'échanges et de discussions sur "être Charlie aujourd'hui". Mais cet événement s'est déroulé sans les membres de l'équipe de Charlie Hebdo. Seul le rédacteur en chef de l'hebdomadaire satirique, Gérard Biard, et la directrice des ressources humaines, Marika Bret étaient présents aux Folies Bergères. Elle a expliqué sur franceinfo dimanche 7 janvier que c'était "encore très difficile" pour l'équipe. "Ça reste douloureux, une blessure béante".

franceinfo : Pourquoi tout le monde n'était pas au rendez-vous ?

Marika Bret : Du point de vue de l'équipe, c'est un week-end extrêmement difficile. Ce matin, ma première pensée était pour Charb. Le chagrin était là, la remontée de tristesse absolue. Et puis ma seconde pensée était de me dire "on va aux Folies Bergères, on va leur rendre hommage, donc leur force me porte". D'autres membres de l'équipe sont au fond de leur lit, sous leur couette parce que c'est encore très difficile et je défie quiconque de savoir comment faire sur cette question d'apparaître ou pas en public, le week-end des 6 et 7 janvier. Pour d'autres encore, ils sont à l'autre bout du monde, ils ont pris un billet d'avion, ils sont partis parce que oui, ça reste douloureux, cela reste une blessure béante. Je crois que Fabrice Nicolino (journaliste spécialisé écologie à Charlie Hebdo) l'explique extrêmement bien dans Charlie cette semaine.

Ces absences ne sont pas un signe d'opposition à cette journée de célébration de "l'esprit Charlie"?

L'équipe Charlie ne s'est jamais opposée à cette journée comme je l'ai entendu. Simplement ça reste émotionnellement difficile. Ce qui est important, c'est que les convictions politiques sont là et ce sont toujours les mêmes. Lisez le numéro cette semaine, il y a tout dedans, vraiment. Après, ce qui est de l'ordre de l'opinion publique où effectivement il y a "Je suis Charlie ou je ne suis pas Charlie", j'ai envie de dire qu'il y a un sacré travail à faire. Jamais à aucun moment, ça n'a signifié adhérer à la totalité des dessins et des textes. On se doute bien que les gens qui étaient le 11 janvier dans la rue, les millions de gens qui y étaient, ne connaissaient pas ce journal, ne l'avaient jamais lu. Alors oui, quand ils ont ouvert les pages du numéro suivant et après, ils ont été un peu surpris, c'est normal. Ils ont été un peu choqués, c'est normal. Un dessin de presse satyrique, cela peut heurter. Mais cela heurte pour faire réfléchir, c'est cela qu'il ne faut pas oublier. Tout cela n'a pas été expliqué et surtout tout cela a été très vite manipulé. Très, très vite.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.