Comment "Le Journal de Mickey" réussit à rester à la page depuis 80 ans
Le magazine, fondé en 1934 par Paul Winkler, continue de connaître un grand succès auprès des jeunes lecteurs. A l'occasion d'un numéro anniversaire, qui sort mercredi, francetv info se penche sur cette longévité exceptionnelle.
Il transmet le goût de la lecture de génération en génération depuis 1934. Le Journal de Mickey célèbre cette année ses 80 ans d'existence. Bien plus qu'une simple publication à la gloire de la souris de Walt Disney, le titre a traversé les âges pour s'adresser, tour à tour, à des petits Français de l'avant-guerre, à des futurs soixante-huitards, à des enfants de la télé ou encore aux "digital natives", la première génération connectée. En 2013, le magazine s'est vendu, en moyenne, à 120 600 exemplaires par semaine. Autrefois capable de dépasser la barre des 500 000 exemplaires, le titre reste aujourd'hui encore le leader des hebdos destinés aux jeunes.
A l'occasion de cet anniversaire, fêté mercredi 15 octobre dans les kiosques avec un numéro spécial de 100 pages, francetv info se penche sur les secrets de longévité de l'octogénaire préféré des 7-12 ans.
Miser sur des valeurs sûres
La bande dessinée occupe la moitié des pages de l'hebdomadaire. Or, ces contenus sont largement dominés par les aventures des héros de Disney. Pour la rédactrice en chef du magazine, Edith Rieubon, la longévité du titre doit beaucoup à la richesse de cette galaxie, peuplée de valeurs sûres aux noms connus de tous les petits Français. "Les personnages de Disney ont une identité forte qui traverse le temps", explique-t-elle à francetv info. Elle cite, bien sûr, Mickey, le héros bien sous tous rapports, mais aussi l'oncle "indigne", Picsou, ses petits-neveux Riri, Fifi et Loulou (des petits gars "malins et écolos"), ou encore Donald, "colérique et attachant".
Des personnalités multiples plongées dans des aventures incroyables : une recette indémodable. Loin d'être ringards, ces héros octogénaires constituent encore des repères hors du temps pour les enfants d'aujourd'hui. "Les personnages de Disney restent dans leur propre univers, note Edith Rieubon. On pourra voir ça et là un personnage utiliser un téléphone portable par exemple, mais dans l'ensemble, ils ne se démodent pas."
Permettre aux lecteurs de s'identifier
Pour ce qui est de coller au quotidien des jeunes lecteurs, Le Journal de Mickey mise davantage sur les personnages nés hors de la bulle Disney. Dans Sisters, Les Profs, Kid Paddle, ou encore l'incontournable Titeuf, les enfants retrouvent des héros qui leur ressemblent plus qu'un canard milliardaire. Déjà en 1964, Thierry La Fronde, fort de son succès sur le petit écran, avait intégré les pages du Journal de Mickey, rappelle l'historien de la BD et scénariste Henri Filippini dans BDZoom. Plus tard, on peut découvrir dans l'hebdo des adaptations des aventures du Club des 5 ou encore des épisodes de la vie de Yannick Noah, l'année qui suit son sacre à Roland-Garros.
"Le journal évolue avec son temps, assure la rédactrice en chef. Dans les pages gags [les histoires courtes], on retrouve un ton et un humour bien dans son époque." D'ailleurs, "LeJournal de Mickey des années 1930 est illisible pour des enfants d'aujourd'hui", abonde l'historien des médias Patrick Eveno, contacté par francetv info. Selon lui, le magazine n'a cessé de se moderniser, lentement mais sûrement, sur le fond comme sur la forme. "Ils ont su faire évoluer leurs formules, leurs personnages, leurs dessins..., en faisant le choix de s'adapter aux nouvelles générations au lieu de vouloir grandir avec elles, détaille-t-il. Cette stratégie a permis au Journal de Mickey de perdurer, tandis que des poids lourds de la presse jeunesse, comme Pilote ou Le Journal de Tintin, se sont figés et ont donc fini par disparaître."
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