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Corée du Sud : qui est Yoo Byung-Eun, propriétaire du ferry naufragé ?

Homme d'affaires, photographe, mécène : le Coréen Yoo Byung-Eun est un homme mystérieux, aux multiples facettes. Mais une semaine après le naufrage un ferry en Corée du Sud, drame dans lequel 171 personnes ont perdu la vie tandis que 131 autres sont toujours portées disparues, il est surtout sous le feu des critiques. Propriétaire de la compagnie qui exploitait le Sewol, sa volonté de faire des économies suscite la colère des familles des victimes.
Article rédigé par Pierrick de Morel
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Capture d'écran YouTube)

Yoo Byung-eun est un artiste. Quelqu'un, selon son site officiel, pour qui "le monde naturel et sa pureté vibrante respirent à travers son travail" de photographe (lien en anglais).

Sous le pseudonyme de Ahae, l'homme n'est pas un inconnu en France, où il possède un hameau à Courbefy (Haute-Vienne) : son travail a déjà fait l'objet de deux expositions, dans le jardin des Tuileries en juillet 2012 puis dans l'Orangerie du Château de Versailles en août 2013. 

Photographier la nature depuis sa fenêtre

Le principe de son travail : se poster à la fenêtre de son atelier pour photographier quotidiennement la nature. Avec 2.000 à 4.000 clichés quotidiens, capturés avec du matériel de pointe, sa collection est considérable : il aurait ainsi pris plus d'un million de photos en deux ans, de 2010 à 2012.

Henri Loyrette, président du Louvre à l'époque de l'exposition de l'artiste sud-coréen, le décrivait comme un homme qui nous invite à voir "l'extraordinaire dans ce qui paraît ordinaire " (lien en anglais). Sauf que dans les Tuileries comme à Versailles, c'est Ahae lui-même qui a financé ses propres expositions. Sans que personne ne s'interroge sur l'origine de sa fortune.

"Milliardaire sans visage"

Surnommé le "milliardaire sans visage " en Corée du Sud tant ses apparitions publiques sont rares, l'homme serait né à Kyoto, au Japon en 1941, où sa famille se serait réfugiée durant l'expansion coloniale japonaise.

De retour en Corée du Sud à la fin de la Deuxième guerre mondiale, il aurait touché au dessin, à la peinture et à la sculpture, avant de se mettre à la photographie, s'y consacrant activement au cours des années 70.

Parallèlement, l'homme aurait fait fortune en déposant plusieurs milliers de brevets et de marques d'inventions dans des domaines aussi variés que les objets ménagers, les produits santé ou les bateaux.  Le problème, comme le souligne le site Louvre pour Tous, c'est que la majorité des informations disponibles sur l'homme proviennent d'une seule source : sa biographie officielle, citée plus haut.

500 dollars en frais de formation pour ses équipages

Ce qui est certain en revanche, c'est que Yoo Byung-Eun se retrouve aujourd'hui dans l'actualité non pas pour ses oeuvres, mais pour sa responsabilité supposée dans le naufrage du Sewol en Corée du Sud, le 16 avril dernier.

Propriétaire de la Cheonghaejin Marine Company , l'opérateur du navire, l'homme aurait cherché par tous les moyens à faire des économies : ajouts de cabines, bateau surchargé - 3 fois le poids maximal autorisé - cargaison mal arrimée pour aller plus vite, équipage contractuel et pas salarié.

En 2013, la compagnie a dépensé 500 dollars en frais de formation pour ses équipages, une somme qui paraît dérisoire en comparaison de la fortune du propriétaire de la compagnie maritime. Or, l'une des causes principales de la tragédie a justement été l'absence totale de préparation de l'équipage en cas de catastrophe.

La justice coréenne enquête désormais sur des soupçons de fraude fiscale, détournements de fonds et trafic de devises étrangères (lien en anglais).

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