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"Qui veut gagner des millions ?", "Carpool Karaoke", "Danse avec les stars"... Camille Combal, la nouvelle star du PAF

Article rédigé par Benoît Jourdain
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 15min
Camille Combal sur le plateau de "Danse avec les stars", le 23 novembre 2018 sur TF1. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Après avoir fait ses débuts sur TF1 dans "DALS", Camille Combal va prendre les rênes de "Qui veut gagner des millions", samedi soir, dans une émission spéciale avec Jean-Pierre Foucault. 

Abdoul Ndongo s'avance timidement dans la rédaction de NRJ. Pour son premier jour de stage au sein de la radio, au printemps 2007, le jeune homme n'en mène pas large en débarquant dans l'open space où travaillent une dizaine de personnes. Parmi elles, Camille Combal, alors animateur du 6/9 avec Bruno Guillon et Florian Gazan. "Il avait son bureau dans l'entrée, se souvient Abdoul, il m'avait présenté toute l'équipe et m'avait mis très à l'aise". L'animateur l'affublera d'un surnom : "C'était en rapport avec ma taille, je ne sais plus lequel, car je suis très grand, précise Abdoul. Généralement, les stagiaires, on ne les calcule pas. Lui est venu me parler et on a eu un coup de cœur amical."

Une décennie est passée et les deux hommes ne se sont plus quittés. Abdoul est aujourd'hui "le bras droit de Camille à la télévision". Dans l'ombre, il a vu grandir celui qui, avoir fait ses débuts sur TF1 avec "Danse avec les stars", s'apprête à succéder à Jean-Pierre Foucault, samedi 19 janvier, à la tête de "Qui veut gagner des millions". Avant d'adapter, prochainement, l'émission culte de James Corden outre-Atlantique, "Carpool Karaoke".

Comment Camille Combal, 37 ans, qui a grandi aux Orres, petite station des Hautes-Alpes, est-il devenu la nouvelle star du PAF ? Dans son entourage, et pour toutes les personnalités contactées par franceinfo, la réponse est quasi unanime et tient en deux mots : travail et talent.

Ski freestyle, VTT et paintball 

Camille Combal traverse aujourd'hui ce qu'on peut appeler "un état de grâce", selon Bruno Guillon, l'animateur de Fun Radio qui a travaillé avec lui chez NRJ. Après six années passées sur le plateau de "Touche pas à mon poste !", il a été engagé par TF1, alors que de nombreuses chaînes lui faisaient les yeux doux après l'annonce de son départ. Pour ses actuels ou anciens collaborateurs interrogés par franceinfo, la trajectoire de ce "bosseur acharné" n'est pas une surprise. Enfant, "il passait ses journées à faire du VTT et des acrobaties à ski. Mais il n'avait pas une mentalité de champion. Ce qui lui plaisait, c'était de faire des farces", rapporte son père Henry dans Gala. Le goût du rire, déjà. 

Ses mentors s'appellent Arthur, Kad & Olivier et leur "Grosse Emission" sur la chaîne Comédie, Michaël Youn et son "Morning Live" sur M6, Jerry Seinfeld ou encore la série américaine avec Larry David, Larry et son nombril (Curb Your Enthusiasm, en VO), "son dvd de chevet" dixit Bruno Guillon. Plus jeune, il rêve de radio – "Il se cachait avec son frère, Clément, pour écouter ses émissions favorites", relate sa mère Evelyne, toujours dans Gala – et d'une vie loin de la station. Avec un cousin, il ouvre un centre de paintball, ce qui ne lui permet pas encore de gagner des millions, mais de mettre de l'argent de côté pour s'installer à Aix-en-Provence, où il obtient une licence en management d'entreprise. 

Un bosseur qui sait souffler

"Camille s'est fait tout seul", admire sa collaboratrice et community manager sur "Virgin Tonic", Chloé Greselle, que tout le monde connaît sous le pseudo "Ginger". Il s'en est surtout donné les moyens. Diplôme en poche, il s'installe à Paris où l'attend un stage à Fun Radio. D'abord assistant, puis standardiste, il furète du côté des studios, se fait connaître et attend sa chance. Elle finit par arriver. En janvier 2006, il obtient un micro dans la libre antenne de Sophie Gaillard. "J'ai insisté auprès de la direction de l'époque pour le mettre à l'antenne avec moi, déclare l'animatrice. Un mec qui fait rire toute une station avec des vannes non-stop toute la journée, on le met à l'antenne"Cet humour remonte jusqu'aux oreilles de Frédéric Pau, alors en poste chez NRJ. "Je devais remplacer un animateur pour une émission, j'écoutais Fun Radio et je l'ai entendu", rapporte l'actuel directeur de Virgin Radio, que Camille Combal surnomme "son deuxième papa". "Il a sorti deux vannes et je me suis dit 'C'est lui'", ajoute-t-il. 

Chez NRJ, il côtoie Bruno Guillon dans le 6/9. Entre ces deux fans de l'OM, le courant passe. Les deux hommes se retrouvent chez Virgin en 2008. "Mais quand je lui ai proposé de me suivre pour refaire la matinale sur Virgin, il m'a dit : 'Mec, ce n'est pas possible de me relever à 4h30 du matin'. C'est vrai que le 17/20, ça autorisait les sorties et les grasses mat'", sourit Bruno Guillon. A l'époque, Camille Combal vit dans le 17e arrondissement de Paris, fréquente le restaurant Le Dôme, cette brasserie avenue de Villiers où il retrouve sa bande pour "boire un coup ou brainstormer", raconte Abdoul Ndongo. Car le bonhomme ne s'arrête jamais, ou presque. Depuis quelques années, Camille Combal joue sur les deux tableaux, radio le matin et télévision le soir. 

C'est simple, je n'ai jamais connu quelqu'un qui travaille autant.

Frédéric Pau, directeur de Virgin Radio

à franceinfo

Laure Cohen le qualifie de "brute de travail" ; "Ginger", elle, raconte qu'il est capable "de revenir de Los Angeles, où il était la semaine dernière pour rencontrer James Corden, de dormir une heure, de dominer le jet-lag et d'enchaîner avec sa matinale." Toutefois certains le mettent en garde : "Il va falloir qu'il surveille sa santé et qu'il ménage la machine, prévient Michel Drucker. Le présentateur de "Vivement dimanche" a connu Combal comme chroniqueur sur Europe 1 dans l'émission "Faites entrer l'invité". "Il me rappelait un peu moi à mes débuts, annonce-t-il, il était très à l'écoute des conseils qu'on pouvait lui donner"

Camille Combal sait toutefois se ménager des périodes pour souffler. Le week-end, il ne sort pas. "C'est le mec le moins bling-bling que je connaisse, rigole Abdoul Ndongo, il aime les bons restos et regarder des séries chez lui". Ce fan absolu des Soprano peut avaler une saison en un week-end, avec sa copine et son chien. Et dès qu'il peut, il retourne aux Orres, dans le chalet familial, où l'attendent ses parents Evelyne et Henry, dont il est resté proche. "Il ne rate jamais un appel de sa mère", remarque son ami. Là-bas, il se ressource. "Même quand il n'est là que trois jours, il prend le temps de nous voir", place Céline Guérin, qui le connaît depuis plus de dix ans. Elle se souvient même qu'il l'avait aidée un jour dans une maison lorsqu'elle tenait une entreprise de nettoyage. 

"On le tient, notre Jimmy Fallon français"

Cette force de travail se double d'une exigence de tous les instants. "Quand il prend en main quelque chose, c'est pour réussir", témoigne Frédéric Pau. Ainsi, pour l'émission "Carpool Karaoke", ce fan de Francis Cabrel, qui connaît par cœur les paroles de Quand tu m'aimes d'Herbert Léonard, a déjà débuté les cours de chant. Il débriefe tout et tout le temps, essaie de corriger les détails, "le rythme de ses vannes, l'accentuation des mots", cite en exemple Abdoul Ndongo. Tout ce travail ne serait rien sans une bonne dose de talent.

"Pour la première partie de 'L'Edition spéciale' sur Canal+, on cherchait une nouvelle génération d'humoristes. Quatre sortaient du lot : Camille Chamoux, Thomas VDB, Chris Esquerre et Camille Combal, confie Samuel Etienne. L'œil qui frise, le sens du rebond... tout était déjà là", d'après le présentateur de "Questions pour un champion" et de la matinale de franceinfo. Dix ans plus tard, l'animateur a gardé beaucoup de sympathie pour Camille Combal. Au point de participer à un sketch organisé par l'équipe de "Touche pas à mon poste !" pour sa dernière. Cagoule sur la tête, accroupi dans un fourré, on le voit se réjouir du départ de l'intéressé. "Ils m'ont appelé à l'arrache, ça n'avait ni queue ni tête, mais je l'ai fait pour lui, avoue Samuel Etienne, pour lui montrer que je gardais un bon souvenir de notre collaboration et lui souhaiter bonne chance".

Samuel Etienne et Enora Malagré l'assurent : "Il n'est pas là par hasard". L'ancienne chroniqueuse de "TPMP" va même plus loin : "On le tient, notre Jimmy Fallon français, il était temps qu'on s'en rende compte""Il a une grande curiosité, mais pas forcément de plan de carrière", complète néanmoins Samuel Etienne.

En janvier 2016, l'intéressé lui-même déclarait à La Provence qu'aller "sur une grande chaîne, faire des 'prime'", ne l'intéressait pas. "La télé, pour moi, c'est pour m'amuser et amuser les gens. Animer une grande émission comme 'The Voice', ça ne m'intéresse pas. D'autres le font beaucoup mieux que moi", affirmait-il. Deux ans plus tard, le voilà pourtant aux manettes de l'énorme machine "Danse avec les stars". Selon Sophie Gaillard, "il sait très bien où il va". L'animatrice, aujourd'hui installée en Suisse, a eu du mal à digérer le départ de celui qu'elle a installé à l'antenne. "Il a la mémoire courte, regrette-t-elle, il a du talent, mais il n'a pas été loyal".

Quand vous êtes assistant, avec un salaire de merde, et que vous devenez co-animateur d'un talk avec un salaire sympa, la moindre des choses est quand même de terminer la saison sur la radio qui vous a sorti de l'anonymat.

Sophie Gaillard, animatrice

à franceinfo

L'histoire d'un départ précipité aurait pu se répéter en mai 2017. A l'époque, sollicité, il pensait déjà quitter "TPMP", mais la polémique liée au canular téléphonique, jugé homophobe, de Cyril Hanouna, l'avait fait changer d'avis, affirme Abdoul Ndongo. "Il avait trouvé cette polémique injuste et n'était pas parti, il disait que Cyril (Hanouna) avait besoin de lui et qu'il ne pouvait pas le quitter".

En termes de loyauté, il a des reproches à faire à Laure Cohen, alias "Koxie". Pendant trois ans, les deux animateurs ont collaboré au sein de la quotidienne de Virgin Radio. Diminuée par des soucis de santé au printemps 2017, l'animatrice quitte précipitamment l'émission et ne revient pas. "Il a pu m'en vouloir de ne pas finir la saison", concède-t-elle. A la rentrée, elle signe chez NRJ. Une décision pas forcément bien vécue par l'animateur, qui évoque le sujet sur sa page Facebook : "Une radio concurrente, et bien plus riche que nous, a tenté de recruter toute mon équipe pour nous déstabiliser. Certain(e)s ont accepté, comme vous avez pu le constater. C'est comme ça, la vie nous réserve parfois de drôles de surprises. Je leur souhaite le meilleur dans leurs projets. Mais les vrais seront là ! Parce qu'ils n'oublient pas ce qu'on vous doit, même si Virgin ne peut pas doubler leur salaire !" Laure Cohen cherche à dédramatiser et tord le cou aux rumeurs : "Quand on part d'une radio ou d'une chaîne, on raconte toujours toutes sortes de choses, mais on s'est revus après et ce n'est pas plus grave que ça".

"Il est soucieux des autres"

Camille Combal attire la sympathie, tout simplement. "C'est le meilleur pote pour les garçons et le gendre idéal pour les mamans", résume Frédéric Pau. Le directeur de Virgin Radio n'est pas avare en souvenirs ou anecdotes, d'émissions spéciales aux quatre coins du pays ou de "World Tour de France" (quatre villes, quatre émissions en une journée) où l'animateur communiait avec son public. "En 2015, on finit notre 'World Tour de France' à Montpellier. On avait enregistré l'émission dans un café place Jean-Jaurès, il a quitté le plateau pour marcher au milieu du public. C'était comme Johnny au Parc des Princes", s'enthousiasme-t-il.

Il y a quelques mois, lors d'une émission spéciale à Strasbourg, ils ont bien failli rater le train car Camille Combal ne voulait pas partir sans que tout le monde ait eu sa photo. "Il est comme ça, il a une vraie proximité avec les gens", souligne Frédéric Pau. Une qualité corroborée par Samuel Etienne. "Dans ce métier, certains ne mettent pas toujours les formes avec les 'petites mains', Camille ce n'est pas ça... Il est soucieux des autres et ce n'est pas feint". "Ginger" sait d'ailleurs ce qu'elle lui doit : "Je n'ai aucune formation radio et pourtant je parle dans un micro, il fait confiance aux gens et sait les faire briller". Cette gentillesse expliquerait en partie son succès à l'antenne.

En septembre dernier, pour son baptême du feu sur le plateau de "DALS", Camille Combal a concentré les éloges. "Il s'est approprié le programme et l'a rendu encore plus cool", observe Laure Cohen. Et le public suit, "quand il ne regarde pas juste pour lui", note Enora Malagré. Lorsqu'il évoluait dans l'équipe de Cyril Hanouna, il était l'un des rares à échapper aux commentaires négatifs sur les réseaux sociaux, à en croire Ginger, l'ancienne community manager de l'émission. "Ce n'est pas quelqu'un de clivant et il a tout fait pour ça, analyse Enora Malagré, il a d'ailleurs toujours refusé d'être chroniqueur, il s'amusait à faire ses billets".

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Bosseur, talentueux, bienveillant... L'homme présente peu de défauts. "Je n'ai rien à dire de négatif sur lui", clame Bruno Guillon. En grattant un peu, on trouve des traces de mauvaise foi et un besoin de sentir que les gens sont heureux autour de lui. Une empathie qu'il a parfois du mal à contrôler. "C'est une éponge, s'il ressent des tensions, ça le crispe", souligne Abdoul Ndongo, qui fait référence à l'annonce du départ de Thierry Moreau de "TPMP", en mai 2017. "Thierry l'avait annoncé dix minutes avant la pastille de Camille, tout le monde était médusé, lui avait pour mission d'être drôle, alors qu'il était très touché", relate-t-il. Ces défauts ne devraient pas l'empêcher de mener une très longue carrière, que tous lui promettent. "Ce n'est que le début" jure Frédéric Pau.

Camille est l'un des talents les plus prometteurs de sa génération.

Xavier Gandon, directeur des antennes du groupe TF1

dans "Le Parisien"

Le one-man-show, le cinéma ou la production sont des perspectives envisageables. En attendant, Camille Combal jure dans les colonnes de Télé 7 Jours qu'il n'a "jamais été aussi heureux" que depuis sont arrivée sur TF1. "C'est un jouisseur de la vie, quand il a fait le tour d'un truc, il passe à autre chose, conclut Bruno Guillon, mais si TF1 fait ce qu'il faut, il y est pour très, très longtemps."

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