Geoffroy Lejeune à la tête du "JDD" : Vincent Bolloré met "en danger l'indépendance éditoriale du journalisme", estime Reporters sans frontières
"Vincent Bolloré est de ceux qui mettent en danger l'indépendance éditoriale du journalisme", estime mardi 27 juin sur franceinfo Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières, alors que la rédaction du Journal du Dimanche est en grève jusqu'à mercredi pour tenter d'empêcher l'arrivée de Geoffroy Lejeune, ex-directeur de l'hebdomadaire d'extrême droite Valeurs actuelles.
Mardi, l'actionnaire du JDD Arnaud Lagardère défend dans Le Figaro la nomination de Geoffroy Lejeune, évoquant un "choix économique", sans lien assure-t-il avec Vincent Bolloré, qui vient de prendre officiellement le contrôle du journal. Christophe Deloire explique n'être "pas certain de reconnaître des accents de sincérité dans cette interview".
"On a plutôt l'impression d'un patron qui a un revolver sur la tempe et qui procède à des décisions par anticipation, pour complaire à celui qui prend le pouvoir."
Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontièressur franceinfo
L'ONG alerte sur le système mis en place par Vincent Bolloré qui "dans tous les medias où il passe, a des procédés qui consistent à évincer tous ceux qui ne se montrent pas serviles et à transformer les medias en medias d'opinion". "Il fonctionne par l'intimidation, quand ce n'est pas par la terreur", ajoute-t-il.
Il "faut mettre en place des garde-fous"
Christophe Deloire rappelle l'importance de "l'indépendance éditoriale où qu'on se trouve dans le champ politique". Il juge donc nécessaire d'avoir dans les medias "un pluralisme, avec une diversité des lignes éditoriales, mais en sécurisant pour le journalisme son honnêteté". Le secrétaire général de RSF plaide notamment pour "le respect de la méthodologie, la mise en œuvre de principes éthiques" et l'instauration de "formes de protection". Il évoque notamment l'European Media Freedom Act, la future législation européenne sur la liberté des médias.
Pour l'ONG, il "faut mettre en place des garde-fous", car ce "qui est en jeu ici, c'est le droit à l'information des citoyens". "Si on raisonne en se disant que quiconque a de l'argent peut s'acheter un journal, faire passer tout ce qu'il veut et remplacer des logiques journalistiques par des logiques d'intention commerciale ou idéologique, alors on sera aux prises avec des grands appareils de propagande, à droite comme à gauche, qui serviront les intérêts commerciaux", s'insurge Christophe Deloire. Il juge un tel scénario "extrêmement dangereux".
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