"L'info et vous" : participez à la grande consultation de franceinfo et "Ouest-France"
"L’info et vous" : franceinfo et Ouest-France s’associent et lancent une grande consultation. Ensemble, ils ouvrent le débat avec les citoyens sur l'information, le journalisme et ses fonctionnements. Quelles sont les attentes de Français ? Quelles sont les pratiques des médias ? Première étape, le lancement d’une consultation en ligne, mardi 2 avril. Donnez votre avis sur franceinfo.fr. Faites-nous part de vos réflexions, et parlez-nous de vos attentes.
L’information est mise à mal. Les enquêtes d’opinion se suivent et toutes soulignent la défiance croissante à l’égard des journalistes et des médias, le risque d’une confusion entre information et opinion, l’exposition à la désinformation... A cela s’ajoute une grande fatigue informationnelle. Pourtant, paradoxalement, les citoyens expriment leur besoin essentiel de s’informer. Face à ce constat, il est primordial pour les médias traditionnels de recréer du lien et dialoguer avec celles et ceux qui les écoutent, les regardent ou les lisent.
Avec "L’info et vous", franceinfo s’associe à Ouest-France pour créer une opportunité d’échange libre et ouvert avec le grand public sur l’information, le journalisme et ses fonctionnements. Quelles sont leurs attentes ? Quelles sont nos pratiques ? Avant une soirée d’échanges et de débats entre le grand public et les professionnels de l’information à Rennes (Les Champs Libres), le jeudi 16 mai de 18h à 21h30, interview croisée avec Jean-Philippe Baille, directeur de franceinfo, et François-Xavier Lefranc, président du directoire d'Ouest-France.
franceinfo : Une défiance des Français persiste envers les médias et les journalistes, c’est ce qui ressort des dernières études : comment les médias peuvent-ils enrayer ce phénomène ?
Jean-Philippe Baille : En revenant aux fondamentaux de notre métier. Une information, c’est d’abord des faits vérifiés puis une mise en perspective, ce qui implique de la nuance et une prise de distance. Mais ces deux notions ont été oubliées par un certain nombre d’entre nous pour faire de l’audience ou pour imposer une vision de la société. Résultat : le public est déboussolé. Il ne sait plus à qui se fier, qui lui parle et pourquoi telle ou telle actualité tourne en boucle dans les médias. D’où la nécessité pour nous, les médias, d’expliquer comment nous travaillons, comment nous vérifions une information... C’est ce que nous voulons faire avec "L'info et vous" : recréer du lien avec le public et faire acte de transparence.
François-Xavier Lefranc : La confiance se mérite. Notre profession doit se remettre en cause. Regardons de près les raisons de cette défiance, soyons très attentifs et ouverts aux questions qui préoccupent les citoyens. Notre crédibilité passe par une très grande rigueur dans la vérification de l’information. Et nous devons effectivement expliquer comment nous travaillons. La défiance est aussi due au monde numérique. Les réseaux, qu’on appelle à tort "sociaux" ne sont pas des médias d’information ; ils ignorent les règles du droit et l’éthique, et sont insuffisamment régulés. Ce sont de véritables zones de non-droit. Pour lutter contre la désinformation, la solution est dans la rigueur des journalistes.
franceinfo et Ouest-France lancent "L'info et vous", une consultation citoyenne sur les médias, l'information, le journalisme, en partenariat avec France Bleu Armorique... A quoi servira-t-elle ?
Jean-Philippe Baille : Il faut entendre ce qu’on nous reproche. Les journalistes ont trop tendance à rester dans leur bulle. Or notre métier, c’est de faire le lien entre le public et l’information. N’oublions pas le sens premier du mot média. Si ce lien est rompu, si la défiance prend le dessus sur la confiance, c’est la démocratie qui est en danger. Avec cette consultation, nous interrogeons les Français sur leur rapport à l’information, leurs attentes... La restitution des réponses sera faite le 16 mai prochain, lors d’une soirée de dialogue que nous tiendrons à Rennes avec Ouest-France et nourrira les échanges que nous - présentateurs, reporters, responsables de rédaction - aurons avec le grand public.
François-Xavier Lefranc : Nous sommes très heureux de nous associer à franceinfo. Nos deux médias défendent une information de qualité et partagent le même souci de rigueur. Ensemble, nous lançons cette consultation citoyenne dans une démarche de conversation permanente avec nos publics. Nous avons besoin du regard critique des lecteurs et des auditeurs. Nous ouvrirons ce dialogue à l’occasion d’une soirée-débat, le 16 mai, où nos rédactions et les citoyens pourront échanger sans tabou. Nous avons une mission : informer, bien sûr, mais aussi relier les citoyens pour faire progresser le bien commun dans le respect de la dignité de chacun. Nous sommes animateurs du débat démocratique.
Considérez-vous que la liberté de l’information soit aujourd'hui menacée en France ?
Jean-Philippe Baille : Clairement, je pense que oui, car elle est attaquée de toute part. Des groupes de pression, des personnalités politiques, et même des Etats, n’hésitent plus à utiliser toutes les techniques en leur possession pour désinformer. On le voit avec les deep fakes qui font des ravages auprès du public. Et si la confiance n’est plus là, la liberté d’information est menacée. Car il y aura toujours la tentation de maîtriser les médias, de davantage les contrôler et on peut imaginer toutes les dérives. C’est donc à la profession de se prendre en main et de s’autoréguler pour éviter que demain, d’autres en aient la volonté.
François-Xavier Lefranc : En France, la liberté d’informer existe, cette liberté a été encadrée par la loi de 1881. C’est une grande loi qui a permis le développement de médias libres et qui a protégé les citoyens des éventuels dérapages des médias. Il faut reconnaître que cette loi a été une grande loi, mais la liberté de la presse est un combat permanent. Elle peut être vite fragilisée. Nous devons tous, journalistes et citoyens, être engagés pour la protéger.
A l'heure de la concentration des médias, comment garantir l'indépendance des médias ?
Jean-Philippe Baille : En rétablissant la confiance avec le public ! Si les Français ont confiance dans le travail des rédactions alors toute tentative de mise sous tutelle sera vaine. Car les succès de vente ou d’audience seront au rendez-vous et ceux qui voudraient contrôler l’information y regarderont à deux fois avant de changer les lignes éditoriales, car il y a derrière de forts enjeux économiques. La concentration des médias peut apparaître comme un risque pour le pluralisme, mais elle est aussi un rempart contre la désinformation. Pour lutter contre les fake news et avoir les moyens d’investir les réseaux sociaux, d’aller sur le terrain pour vérifier les faits, il faut être puissant. Et puis n’oublions pas qu’il y a en France un service public de l’audiovisuel. C’est l’un des garants de cette indépendance, d’où la nécessité d’assurer son financement de manière pérenne pour qu’il puisse assurer sa mission sans être dépendant de quiconque.
François-Xavier Lefranc : Notre solution, à Ouest-France, est le modèle associatif. Nous n’appartenons pas à des actionnaires privés. Depuis 1990, le seul et unique propriétaire de Ouest-France est une association loi 1901 à but non-lucratif, l’Association pour le soutien des principes de la démocratie humaniste. Ce statut exceptionnel garantit l’indépendance du titre. Personne ne peut racheter une association. Mais pour faire vivre cette indépendance, nous devons être vertueux pour ne pas perdre d’argent. Nous avons donc une forte exigence en termes de gestion et de performance.
"L’info et vous", en partenariat avec France Bleu Armorique. Une consultation Ouest-France et franceinfo.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.