Cet article date de plus de dix ans.

Les otages libérés racontent leurs conditions de détention

On en sait un peu plus sur les conditions de captivité des quatre journalistes français retenus pendant dix mois par le plus radical des groupes jihadistes en Syrie, l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL). De retour sur le sol français dimanche matin, deux d'entre eux, Didier François et Nicolas Hénin ont exprimé publiquement leur profond soulagement d'avoir retrouvé la liberté et raconté quelques moments de leur détention.
Article rédigé par Cécile Mimaut
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (/Philippe Wojazer Reuters)

Didier François, grand
reporter pour Europe 1, ému et heureux, a pris la parole dimanche à sa descente
d'hélicoptère sur le tarmac de l'aéroport militaire de Vélizy-Villacoublay, dans les
Yvelines, où le président de la République, le ministre des Affaires étrangères
et les familles les attendaient, ses compagnons d'infortune et lui.

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Enchaînés les uns aux autres, sans voir le jour

"Ça a été long, mais
on n'a jamais douté
", raconte le journaliste, qui comme les autres vient de passer 300 jours en Syrie, otage du plus radical des groupes djihadistes en Syrie, l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL). "On la chance
d'être Français, que nos diplomates, les agents des services de renseignement
ont fait un travail absolument formidable, très discret, 24 sur 24 et 7 jours
sur 7 pour essayer de nous sortir de là et ils l'ont fait
", a-t-il-dit,
très ému par la solidarité et la mobilisation de tous.

Didier François a évoqué les conditions de leur détention.  Dix mois complets dans des sous-sols sans voir le jour, un mois et
demi entièrement enchaînés les uns aux autres, raconte le journaliste. Ce
n'était pas simple pour la nourriture, l'eau et l'électricité car les combats
étaient très proches des lieux où ses confrères et lui étaient détenus. Les
quatre Français ont été régulièrement déplacés. Parfois très rapidement  et dans des conditions abracadabrantes,
explique-t-il encore, sans vouloir entrer dans les détails.

"Un peu de maltraitance physique "

Après avoir serré contre lui ses deux enfants et sa femme, Nicolas
Hénin, désormais lui aussi ex otage, a expliqué avoir été "plongé dans le chaos syrien avec tout ce que ça veut
dire
". A-t-il été bien traité? "Pas toujours ", répond le
journaliste au Point d'une voix étranglée. "Ça n'a pas toujours été
facile
", conclut-il rapidement.

S'exprimant davantage sur Arte dans la journée, il a expliqué notamment avoir été mal nourri. "Ce dont on a
le plus souffert pendant toute la première partie de notre détention, c'est du
manque de nourriture,
a-t-il raconté. Heureusement on nous a donné au cours des derniers mois
de quoi nous remplumer
".

"Le froid, également, nous n'avions pas d'eau chaude ", a-t-il ajouté. "J'ai
gardé les habits avec lesquels j'ai été capturé le 22 juin jusqu'au 23
décembre
".

"En tout, a-t-il dit, je suis passé par une dizaine de lieux de captivité
(...). La plupart du temps, avec d'autres personnes, notamment Pierre Torrès
qui m'a rejoint assez vite. Cela a été une longue errance de lieux de détention
en lieux de détention".

Nicolas Hénin a tenté de
s'évader trois jours après son enlèvement mais il a été rapidement repris par
ses ravisseurs après avoir couru toute la nuit dans la campagne syrienne.

Des géôliers francophones

Peu d'informations ont filtré
sur les ravisseurs des quatre journalistes français, ni sur les conditions de
leur libération
. Mais ils auraient peut-être été gardés par des djihadistes
français. Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, a en effet confirmé
que certains des geôliers parlaient le français.

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