Cet article date de plus de six ans.

Affaire Jean-Marc Morandini relancée : "Tout un système de production a fermé les yeux"

"J'estime que mes clients sont tombés dans un piège", dit l'avocat de trois acteurs amateurs qui ont porté plainte contre Jean-Marc Morandini, alors qu'un deuxième juge vient d'être désigné pour enquêter sur l'affaire des castings dénudés.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un nouveau juge vient d'être désigné pour enquêter sur Jean-Marc Morandini, accusé de harcèlement sexuel et de travail dissimulé. (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

"Il y a tout un système de production qui a fermé les yeux pendant des années", a estimé sur franceinfo vendredi 17 août maître Thierry Vallat, avocat de trois acteurs amateurs qui ont porté plainte contre Jean-Marc Morandini pour "harcèlement sexuel" et "travail dissimulé". Un juge d'instruction a été désigné fin juillet dans l'affaire des castings dénudés qui vise l'animateur de CNews. "J'estime que mes clients sont tombés dans un piège tendu via une espèce de modus operandi pour obtenir des vidéos, des images utilisées ensuite par M. Morandini", a-t-il également affirmé.

Jean-Marc Morandini est soupçonné d'avoir poussé, fin 2015, de jeunes acteurs amateurs à s'exhiber nus et à tourner des scènes de masturbation dans le cadre de sa websérie "Les Faucons". Une première enquête avait été classée sans suite en janvier 2017. La justice est de nouveau saisie à la suite d'une plainte de trois plaignants avec constitution de partie civile.

franceinfo : Les cinq premières plaintes avaient fait l'objet d'un classement sans suite par le parquet de Paris en janvier 2017, au motif que les infractions n'étaient pas assez caractérisées. Qu'est-ce qui vous fait penser que, cette fois, la justice en décidera autrement ?

Me Thierry Vallat : Je pense que l'instruction va se faire un peu plus profondément, j'allais même dire sérieusement. Les deux premières plaintes ont été un peu occultées par l'autre plainte qui avait été déposée, cette fois pour le volet des mineurs. Elle a abouti à une première mise en examen de M. Morandini pour "corruption de mineurs". Peut-être que, pour l'officier de police judiciaire qui a instruit nos plaintes, ça lui semblait à l'époque moins caractérisé par rapport au volet des mineurs. Ce sont deux choses totalement différentes. La juge d'instruction qui a été désignée va pouvoir prendre ce dossier à bras le corps, faire toute la lumière qui s'impose et aboutir aux conclusions qui sont les nôtres.

Au cœur de cette plainte, il y a notamment des emails envoyés officiellement par la production Morandini, qui emploient des termes très explicites comme "masturbation" et "éjaculation". C'est là-dessus que vous allez porter l'enquête ?

Oui et j'espère surtout que l'enquête va pouvoir déterminer qui est derrière Catherine Leclerc, [la personne qui a envoyé les mails aux acteurs]. C'est une fausse directrice de casting qui avait été utilisée pour instrumentaliser ces jeunes acteurs et qui a été reconnue par la production comme étant quelqu'un de fictif. Qui est derrière cette dame qui écrit à 3h du matin à mes clients pour leur demander des choses extrêmement salaces ? J'estime que mes clients sont tombés dans un piège tendu via une espèce de modus operandi pour obtenir des vidéos, des images utilisées ensuite par M. Morandini. (...) J'espère que l'instruction se dotera des moyens nécessaires pour faire toute la lumière sur ces agissements et aboutir à la mise en examen puis j'espère le renvoi devant le tribunal correctionnel de M. Morandini et quiconque se sera prêté [à ça]. Il n'y a pas que lui, il y a tout un système de production qui a fermé les yeux pendant des années sur ce système-là.

Allez-vous demander une confrontation entre vos clients et Jean-Marc Morandini ?

Mes clients ont déjà été entendus dans le cadre de l'enquête préliminaire, M. Morandini également. Il sera peut-être nécessaire de confronter les avis des uns et des autres, qui sont diamétralement opposés. Peut-être qu'une confrontation sera utile mais c'est la magistrate qui l'appréciera. Je ne suis que l'avocat des parties civiles, je ne suis pas la juge d'instruction ni le procureur de la République. Je ne suis pas là pour requérir, je suis là pour éclairer, tenter d'apporter toute la lumière et d'amener les éléments qui amèneront la magistrate à mettre en examen puis renvoyer devant le tribunal correctionnel le mis en cause.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.