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Mort de deux journalistes de RFI au Mali : ce que l'on sait

Tristesse et colère après l'assassinat de deux journalistes français au Mali. Ghislaine Dupont, 57 ans, et Claude Verlon, 55 ans,  ont été enlevés par des hommes armés à Kidal au Mali avant d'être "assassinés froidement" a déclaré Laurent Fabius.  Les forces françaises ont ensuite retrouvé les corps. La question qui domine ce dimanche matin : qui avait intérêt à tuer deux journalistes français?
Article rédigé par Sylvie Johnsson
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (RFI AFP)

Les deux journalistes venaient
d'interroger un responsable des rebelles touaregs du Mouvement national de libération
de l'Azawad, le MNLA quand ils ont reçu un coup de téléphone. Il était environ
13h, heure locale raconte Denis Souilla, reporter à France Info. Il s'agissait d'un autre rendez-vous qu'ils avaient, semble-t-il,
programmé. Et c'est au moment de s'y rendre qu'ils ont été enlevés par quatre hommes
armés dans un 4x4 beige. Un des membres de la direction du MNLA à Kidal a
assisté à la scène. "Je suis sorti
pour voir ce qu'il se passait. J'ai pensé à une bagarre. Et j'ai mis la tête
dehors J'ai vu un monsieur à
terre. Un autre armé d'une Kalachnikov a immédiatement braqué son arme sur moi. Et peu de temps
après, la voiture a démarré en trombe".
Le rapt n'aurait pris
en tout que 2 à 3 minutes. Les quatre ravisseurs ont envoyé
quelques tirs de sommation. Ils ont ensuite pris la direction de la périphérie
de la ville, avant de disparaître très rapidement.

Ensuite ils ont été "ont été assassinés froidement. L'un a
reçu deux balles, l'autre trois balles" a indiqué Laurent Fabius à l'issue d'une réunion de crise à Matignon.

Pourquoi étaient-ils à Kidal?

Ghislaine Dupont et Claude Verlon avaient mardi quitté Bamako pour Kidal. Ils préparaient des émissions spéciales sur le Mali qui devaient être diffusées le 7 novembre. Mais Kidal, à 1500 km au nord-est de Bamako, "c'est vraiment la région qui reste la plus dangereuse" affirme Antoine Glaser, spécialiste de l'Afrique. "C'est la région où l'administration malienne n'a pas du tout repris ses droits ". Et selon lui c'est pour cela que les deux journalistes français s'y sont rendus, "pour examiner la possibilité que se tiennent à Kidal des élections législatives fin novembre".

Quel a été le rôle de l'armée française?

Une source gouvernementale française indique "qu'il y a quelques jours, les  deux journalistes avaient demandé à être transportés à Kidal par la force Serval, ce qu'elle avait refusé, comme elle le fait depuis un an, en raison de l'insécurité dans cette zone ". Mais, selon cette source, "ils ont profité d'un transport de la Minusma (la Mission de l'ONU au Mali), qui continue à accepter des journalistes ".
Alertée après leur enlèvement, la force française a envoyé sur place une patrouille et deux hélicoptères pour tenter de repérer leur véhicule. Et a découvert "
les corps sans vie des deux journalistes " à proximité "d'un véhicule à l'arrêt ".

Dans l'intervalle, les militaires français ont-ils eu le temps de tenter une
attaque? Les ravisseurs ont-ils exécutés les otages avant une tentative
d'interception? Selon diverses sources, un hélicoptère français a pris en
chasse le véhicule des agresseurs. Démenti des forces françaises qui assurent
que l'hélicoptère n'est arrivé sur place qu'après la mort des deux
journalistes.

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journalistes

Qui avait intérêt à tuer deux journalistes français?

D'abord ce drame a-t-il un lien avec la libération des otages mercredi dernier? Hervé Morin, l'ancien mnistre de la Défense, s'interroge. 

Vincent Hugeux, journaliste à L'express, grand spécialiste de l'Afrique estime lui qu'il "faut porter le regard vers les cellules djihadistes maintenues, dormantes, le cas échéant même à l'intérieur des villes, que vers le MNLA qui n'a aucun intérêt à attirer vers lui le regard et la réprobation universelle. Il faut en permanence se souvenir que si l'opération Serval a été techniquement un succès en refoulant le noyau dur des forces djihadistes, il demeure des petits groupes qui ont la capacité de frapper ."

E nfin Antoine Tisseron, chercheur à l'institut Thomas More, ne croit pas, lui non plus, à la responsabilité des rebelles touaregs du MNLA.

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