Nicolas Sarkozy a proposé vendredi que des pays du G20 "avancent" sur une taxe sur les transactions financières
"Est-ce qu'il ne serait pas possible que certains avancent pendant que d'autres continuent à y réfléchir", s'est interrogé le président français en ouvrant les travaux d'une réunion des ministres des Finances du G20 à Paris.
Cette taxe "juste, utile et efficace" serait consacrée à l'aide au développement
"Après tout, si la crise que nous connaissons est si forte, c'est parce que la finance n'a pas toujours été exempte de quelques reproches", a-t-il souligné. Nicolas Sarkozy a jugé "raisonnable" de "considérer que ceux qui ont tellement contribué à une crise d'une telle ampleur contribuent aussi un peu au développement des pays les plus pauvres qui en ont le plus souffert".
Le chef de l'Etat français a par ailleurs confirmé avoir confié à Bill Gates une "mission sur le financement du développement" dont le cofondateur de Microsoft devra présenter les conclusions au sommet du G20 à Cannes, les 3 et 4 novembre.
"A plus court terme", Nicolas Sarkozy a également appelé les membres du G20 à se "mobiliser pour accompagner nos amis tunisiens et égyptiens sur le chemin de la démocratie et du progrès social", estimant que leur succès serait aussi "celui du G20 "
"Plus que jamais le FMI doit être la pierre d'angle" de la réforme, a souligné le chef de l'Etat, qui a consacré une grande partie de son allocution de vingt minutes à l'institution de Washington.
Quels indicateurs économiques ?
Les grands pays émergents sont contre certains indicateurs envisagés dans le G20 pour mesurer les déséquilibres mondiaux.
Ils refusent les règles générales de régulation des flux de capitaux, a déclaré vendredi à Paris le ministre brésilien des Finances.
La France, qui préside cette année l'instance regroupant 20 pays et 85 % du PIB mondial, espère annoncer samedi un accord au moins partiel sur une liste d'indicateurs permettant d'évaluer ces déséquilibres.
La Chine en désaccord
La Chine a bloqué vendredi l'adoption d'un accord au G20 sur la mesure des déséquilibres économiques, une position qui complique la tâche de la France pour la première étape de sa présidence à la tête du Groupe.
C'est un haut responsable du G20 qui a fait cette annonce après le dîner inaugural de vendredi soir. "Certains pays veulent négocier des détails du texte mais le seul pays s'opposant à tout accord pour le moment est la Chine ", a ajouté ce responsable.
Pékin, régulièrement accusé d'entretenir la sous-évaluation de sa monnaie pour favoriser ses exportateurs, a affirmé son opposition à la prise en compte des taux de change et des réserves de change parmi ces indicateurs. Son ministre des Finances, Xie Xuren, a également suggéré de remplacer le critère des comptes courants par celui de la balance commerciale.
Premier exportateur mondial, la République populaire a ravi l'an dernier au Japon le titre de deuxième puissance économique de la planète. Si elle s'emploie à réduire son énorme excédent commercial (plus de 130 milliards d'euros en 2010), elle dispose aussi des premières réserves de change mondiales, estimées à plus de 2000 milliards d'euros.
"Nous pensons qu'il n'est pas approprié d'utiliser les taux de change réels et les réserves" comme indicateurs des déséquilibres, a dit Xie Xuren lors d'une rencontre avec ses homologues russe, brésilien et indien. "Nous devons substituer la balance commerciale aux comptes courants", a-t-il ajouté.
Selon des sources du G20, le groupe pourrait offrir à la Chine la possibilité d'exclure la balance des paiements des critères de mesure des déséquilibres.
L'Allemagne conciliante
L'Allemagne, présentée régulièrement comme un autre obstacle potentiel à un accord car elle affiche elle aussi un important excédent commercial (154 milliards d'euros l'an dernier), s'est montrée plus conciliante. Berlin ne voit pas d'inconvénient à ce que les cinq ou six critères susceptibles d'être retenus pour mesurer les déséquilibres incluent les comptes courants, a déclaré vendredi son ministre délégué des Finances, Jörg Asmussen. Il ne juge pas nécessaire de retenir la balance commerciale plutôt que la balance courante.
Christine Lagarde, la ministre française de l'Economie, affichait son optimisme vendredi matin. Elle a déclaré que "pour réaliser nos objectifs, il faut qu'on les place assez haut et qu'on mette toutes nos forces dans la bataille". De son côté, le gouverneur de la Banque, Christian Noyer, a souligné dans Le Monde que "le G20 est fondé sur la bonne volonté".
"Aucun pays n'a signalé être en désaccord avec l'exercice" consistant à mesurer les déséquilibres, a-t-il ajouté. "Même si se mettre d'accord sur les détails est toujours un processus complexe", a-t-il également déclaré.
DSK en vedette américaine
"Ça fait toujours plaisir d'être en France", a confié le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) à iTélé au soir de sa journée ponctuée par un séminaire financier avec des banquiers centraux et un entretien avec les lecteurs du Parisien.
L'ancien ministre de l'Economie, consacré par les sondages comme le meilleur présidentiable socialiste, est contraint au silence absolu sur la politique nationale sous peine d'éviction du FMI.
En fin de journée vendredi, Dominique Strauss-Kahn s'est rendu à l'Elysée pour écouter Nicolas Sarkozy parler de la réforme du système monétaire international.
De quoi va-t-il parler dans ses apparitions médiatiques du week-end ? "Que du G20 !", a-t-il répondu à Reuters.
Dominique Strauss-Kahn, DG du FMI et candidat potentiel à la primaire du Parti socialiste, sera l'invité du journal de 20h00 de France 2 dimanche. Il sera interrogé par Laurent Delahousse.
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