Cet article date de plus de dix ans.

Pharmaciens, médecins, notaires… les raisons de la colère

Ce mardi, ils pourraient être très nombreux à garder leurs portes fermées. Ces professions réglementées protestent contre les projets de remise en cause de leurs statuts.
Article rédigé par Bruno Rougier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
  (Beaucoup de pharmacies vont rester fermées ce mardi © RF)

 C'est l'Union nationale des professions libérales qui a mobilisé pour cette "journée sans professionnels libéraux".  Après les manifestations des notaires et des huissiers à Paris à la mi-septembre, les pharmaciens sont cette fois à la pointe de la

mobilisation. Le taux de fermeture pourrait s'élever à 90% en moyenne.

Les pharmaciens se battent pour "conserver leur liberté". Il faut savoir que les pharmacies sont des sociétés d'exercice libéral. Et ce qui cristallise la colère des pharmaciens, c'est l'ouverture de leur capital à des non professionnels. En clair, l'officine n'appartiendrait plus au pharmacien mais à des investisseurs. Partant de là, les pharmaciens craignent des dérives sur leur indépendance. On pourrait par exemple imaginer l'achat de pharmacies par des investisseurs qui, exigeant une rentabilité maximum, demanderaient de ne plus vendre tel médicament ou de ne plus rendre tel service car ils ne rapportent pas assez. Des industriels du médicament pourraient aussi acheter des pharmacies dans lesquelles vous ne trouverez que des médicaments fabriqués par ce laboratoire. Bref le pharmacien ne serait plus maitre chez lui.

Les pharmaciens estiment qu'ils ne pourront plus remplir leur mission de service public et que le rachat par des sociétés d'investissement diminuera le service rendu aux patients.

 

Les biologistes médicaux  craignent que les laboratoires soient rachetés par des investisseurs et ils dénoncent les conséquences pour les patients à commencer par la fermeture des laboratoires les plus petits parce qu'ils ne seront pas assez rentables. Cela veut dire qu'il y aura moins de laboratoires. Autre problème, dans beaucoup de laboratoires les analyses ne seraient plus faites sur place mais envoyées vers des grosses unités centrales. Avec une double conséquence pour les patients : un délai plus long pour obtenir les résultats et des difficultés pour être pris en urgence. Sans compter que sur place, les patients risquent de ne plus avoir d'interlocuteur pour leur expliquer les résultats

Les professions de santé en général s'inquiètent de la disparition du numerus clausus. Actuellement il limite le nombre d'étudiants en médecine, en pharmacie, en chirurgie dentaire ou en kinésithérapie. Mais depuis des années les étudiants qui ratent leur examen en France vont se former dans un pays européen et reviennent exercer en France. Cela crée une inégalité car ces formations par exemple en Espagne ou en Belgique coûtent cher. Par ailleurs le numérus clausus est détourné puisqu'il y a davantage de professionnels sur le marché que ceux qui sont formés en France. Cette possible suppression du numerus clausus exaspère les professions médicales.

Les médecins libéraux  redoutent aussi la loi santé en préparation. Pêle-mêle, la réforme en préparation donne selon eux trop de place à l'hôpital et pas assez aux médecins libéraux. Ils demandent aussi une revalorisation du prix des consultations et refusent le tiers payant étendu à tous les patients c'est-à-dire le fait que ces patients n'auront plus à avancer le prix de la consultation.

Et toutes les professions mobilisées  ce mardi sont vent debout contre le projet d'ouvrir le capital des sociétés d'exercice libéral  à des non-professionnels. Ces sociétés pourraient donc être rachetées par des investisseurs. Voilà pourquoi vous trouvez aussi dans les rues aujourd'hui les notaires ou les huissiers qui sont dans ce cas....

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.