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Comment sont perçus les plans de relance en Espagne, en Grèce et en Autriche ?

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qu'il se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, la question des plans de relance en Espagne, en Grèce et en Autriche.

Article rédigé par franceinfo - Isaure Hiace, Mathieu de Taillac et Angelique Kourounis
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, prononce un discours à côté du Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, lors d'une présentation du plan de relance économique de la Grèce à l'Agora d'Athènes, le 17 juin 2021. (LOUISA GOULIAMAKI / POOL / AFP)

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen est à Paris mercredi 23 juin pour donner le feu vert de Bruxelles au plan de relance français, qui permettra au pays de bénéficier de 40 milliards d'euros de subventions européennes. Direction l'Espagne, la Grèce et l'Autriche qui ont eux aussi reçu le feu vert de la Commission européenne.

En Espagne, le premier "feu vert" de Bruxelles

Madrid en est assez fier, le plan de relance espagnol a été le premier à recevoir le feu vert de l’Europe. On parle de montants très conséquents, 140 milliards d’euros, dont environ une moitié en crédits et l’autre en aides directes. Le plan a reçu le feu vert de la Commission, et même reçu un véritable éloge, explique la numéro deux du gouvernement Carmen Calvo : "Je crois que c’est le plan qui va être utilisé quasiment comme modèle, d’après ce que nous a dit la Commission." La Commission se réjouit que 68% des fonds soient utilisés pour la transition écologique et la transformation numérique. Pour citer deux mesures concrètes, les familles seront encouragées à revoir l’isolation des domiciles, les stations de recharge des voitures électriques seront multipliées à travers le pays. Et puis, l’Espagne porte une attention particulière à la réduction des inégalités, entre les hommes et les femmes, mais aussi entre la ville et la campagne.

La classe politique n'est pas du tout à l’unisson derrière ce plan. Dès le début, l’opposition a moqué le gouvernement qui a présenté trois fois son plan de relance, autant d’exercices de propagande, reproche la droite. Il y a aussi un autre motif de préoccupation, plus profond, sur le remboursement des fonds, au moins la partie crédits. Et l’Espagne est déjà le pays qui affiche le déficit public le plus élevé et la quatrième dette publique de toute l’Union européenne. "Mon pays avait en attente des réformes structurelles importantes du modèle économique, répond Carmen Calvo. Nous allons faire une transformation qui va favoriser une productivité et une ouverture de marchés de sorte que notre pays sera préparé pour rembourser la dette sans sacrifices." Madrid attend donc un effet levier et cible en particulier les jeunes, ce sont eux qui devront faire face à la dette à partir de 2026.

En Grèce, une perfusion financière inespérée

La Grèce va également recevoir, comme d'autres pays européens, une enveloppe conséquente de l'Union européenne pour faire face aux dégâts économiques causés par la pandémie du Covid. Une perfusion financière inespérée pour le gouvernement néolibéral annoncée en grande pompe dans un décors de rêve. Les Grecs ont été surpris. Ce n'est pas tous les jours que l'Union Européenne donne 30,5 milliards d'euros au pays sans mesure d'austérité en contrepartie, du moins dans l'immédiat. L'annonce retransmise en boucle par les télévisions dans leur journal télévisée pendant deux jours voulait donner l'impression que la Grèce était au centre des préoccupations d'Ursula Van Der Leyen qui avait fait le déplacement. Elle était aux côtés du Premier ministre Kiriakos Mistotakis dans le site antique de l'agora, le marché, le symbole est fort.

Sur l'utilisation des fonds, la première partie de ces 30,5 milliards d'euros sera disponible en juillet. 17,8 milliards seront des subventions directes et 12,7 milliards des prêts dont 8 milliards vont aller à la transition verte et l'économie numérique, le reste au soutien des secteurs les plus touchés, notamment le tourisme qui entre pour presque un quart dans le PIB. Mais l'opposition souligne que ce n'est que de la poudre aux yeux visant à cacher la récession annoncée pour l'automne car le tourisme ne sera pas vraiment au rendez cet été. Pour l'opposition, ce soutien financier tombe à pic à mi-mandat à un moment où l'on parle de plus en plus d'élections anticipées.

En Autriche, le gouvernement revendique un plan "vert"

Il s'agit de l'un des pays dits "frugaux", qui s’étaient vivement opposés au plan de relance européen. L’Autriche était, dès le départ, contre le plan initialement présenté par la Commission européenne car elle jugeait qu’il y avait trop de subventions et pas assez de prêts. Après de longues négociations, un accord avait finalement été trouvé dont se sont félicités les frugaux, Autriche en tête, car ils ont obtenu des concessions importantes de leurs partenaires. L’Autriche devrait maintenant recevoir 3,5 milliards d’euros de l’Union européenne. La présidente de la commission, Ursula von der Leyen, est venue l’annoncer en personne lundi à Vienne et a donné officiellement son feu vert au plan autrichien.

Un plan "vert" comme le revendique le gouvernement autrichien, issu de l'alliance des conservateurs et des écologistes. Pour pouvoir recevoir l’argent de Bruxelles, les États membres doivent respecter certains objectifs dans leur plan, il faut notamment qu’au moins 37% des dépenses soient dédiées à la transition écologique. L’Autriche va au-delà, comme l’a souligné Ursula von der Leyen : "Avec 58% d'investissements dans des projets durables, l'Autriche est vraiment précurseur. Son projet phare de réforme fiscale va permettre de mettre en place un prix pour le CO2 et entraîner des investissements massifs pour le développement durable."

Mais ce plan n’échappe pas aux critiques en Autriche. Outre celles de l’extrême droite, la puissante confédération syndicale ÖGB déplore un manque d’ambition pour faire face aux conséquences sociales et économiques de la crise du coronavirus, notamment concernant le secteur de la santé et des soins.

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