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RSA : les nouvelles demandes vont coûter "plusieurs millions d'euros à chaque département", estime le président du Loir-et-Cher

"Il va falloir que le plan de relance fonctionne et que l'on parvienne à retrouver des possibilités pour des gens qui, arrivant au RSA, sont dans un système d'isolement", anticipe Nicolas Perruchot.

Article rédigé par franceinfo
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Nicolas Perruchot, président du conseil départemental du Loir-et-Cher, le 19 septembre 2020. (GUILLAUME SOUVANT / AFP)

"Dans le Loir-et-Cher, entre août 2019 et août 2020, on est passé de 6 300 bénéficiaires du RSA à 7 200", en raison de la crise sanitaire, a indiqué Nicolas Perruchot, président du conseil départemental du Loir-et-Cher, mercredi 7 octobre sur franceinfo. Cette hausse "va se poursuivre dans les mois qui viennent" et va "coûter plusieurs millions d'euros à chaque département" dont "les comptes liés aux solidarités sont extrêmement sensibles", a-t-il souligné. Selon les associations caritatives, la crise liée au coronavirus a fait basculer un million de Françaises et Français dans la pauvreté, et les demandes de RSA ont bondi de 10%.

franceinfo : Avez-vous pu chiffrer cette hausse du nombre de bénéficiaires dans le Loir-et-Cher ?

Nicolas Perruchot : Oui, on la suit évidemment tous les mois parce que c'est un chiffre extrêmement important pour nous. D'abord parce que le budget consacré par les départements au RSA est très conséquent, qu'on a peu de maîtrise dessus, c'est très corrélé à l'évolution du taux de chômage dans chaque territoire, et on a évidemment à cœur que ce chiffre baisse. Or, là, effectivement, il vient de remonter de manière spectaculaire. Dans le Loir-et-Cher, par exemple, entre août 2019 et août 2020, on est passé de 6 300 bénéficiaires du RSA à 7 200. Et dans le même temps, on a vu la courbe des chômeurs de longue durée passer, entre janvier 2020 et août 2020, de 13 000 à 17 000. On sait d'ailleurs qu'on va avoir une hausse qui va se poursuivre dans les mois qui viennent, et c'est effectivement assez inquiétant compte tenu du montant du budget. J'ai dû faire voter à mon assemblée, il y a quelques mois, en plein déconfinement, un supplément de 4 millions d'euros sur un budget de 44 millions exactement pour l'année.

Quel est le profil de ces nouveaux bénéficiaires du RSA ?

On a surtout les secteurs qui ont été impactés chez nous, l'hôtellerie-restauration notamment, qui a subi une crise assez forte très rapidement au début puisque tout s'est arrêté. Mais je pense que tous les secteurs d'activité qui sont mal en point vont être impactés.

En 2021, on aura des chômeurs de longue durée qui rentreront au RSA et ils vont sans doute être très nombreux. 

Nicolas Perruchot, président du conseil départemental du Loir-et-Cher

à franceinfo

On a effectivement essayé d'anticiper au maximum, mais il va falloir que le plan de relance fonctionne et que l'on parvienne à retrouver des possibilités pour des gens qui, arrivant au RSA, ont peu de mobilité, ont des difficultés de garde d'enfants, sont dans un système d'isolement et sont très éloignés de l'emploi.

800 millions d'euros sont consacrés aux plus démunis dans le plan de relance. Est-ce suffisant, selon vous ? L'État prend-il sa part ?

Oui, parce que c'est déjà effectivement très important. On a beaucoup de projets qui sont soutenus par l'État, c'est extrêmement important pour nous. Maintenant, la difficulté, ça va être le décalage entre l'impact d'un plan de relance qui va mettre plusieurs mois à montrer quelques fruits en matière de recrutement, et la possibilité que nous aurons dans le même temps de placer un certain nombre de gens sur le marché de l'emploi. C'est toute la difficulté aujourd'hui à laquelle on est confronté dans les départements. Il va falloir qu'on pallie ce décalage, ça va coûter plusieurs millions d'euros à chaque département.

Que proposez-vous à l'échelle du département, pour favoriser ce retour à l'emploi ?

On a tout misé depuis quatre ans sur une stratégie numérique. On a une application qui s'appelle Job 41, qui a été primée à de multiples reprises, qui permet de géolocaliser les allocataires, et ensuite de leur proposer des emplois dans un secteur très proche de là où ils habitent. On va tout miser sur la formation, c'est important aussi. Et puis, on surveillera évidemment de très près toute cette évolution, mais en sachant par avance qu'on aura d'ores et déjà des difficultés à financer tout cela.

Il faut rappeler que l'on va perdre la taxe foncière dans les départements, on ne pourra donc plus faire appel à l'impôt pour essayer d'équilibrer les comptes, et les comptes liés aux solidarités dans les départements sont extrêmement sensibles : en dehors du RSA, nous gérons aussi l'autonomie, la dépendance, les personnes handicapées, la protection de l'enfance, autant de secteurs où, malheureusement, il n'y a pas toujours de capacité à réguler les choses comme on aimerait. 

Nicolas Perruchot

On va vivre des mois sans doute assez complexes dans les conseils départementaux.

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