Plan de relance : une trajectoire encore trop carbonée
Le Haut Conseil pour le climat vient de publier son anayse du plan de relance post-Covid. Il ne met pas la France sur la trajectoire de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre suffisante pour atteindre la neutralité carbone en 2050.
Le Haut conseil Climat a analysé les 97 mesures du plan de relance, France Relance, de 100 milliards d'euros détaillé en septembre dernier par le gouvernement. Sur les 30 milliards dédiés à la transition écologique, selon le gouvernement, le Haut Conseil n'en trouve que 28. Il estime qu'il y a six mesures sur 2 milliards d'euros qui sont trop ambigües, trop floues pour savoir si elles auront un effet positif ou négatif sur le climat. Par exemple les aides pour l’automobile ne précisent pas quelles cylindrées seront favorisées. Si ce sont des grosses voitures très consommatrices de carburant ça n'ira pas dans le bon sens. Il faut donc les préciser avant de juger.
Un plan pour le "business as usual"
Ce plan n'est pas dédié à la lutte contre la crise climatique mais à la lutte contre la crise du covid pour sauver des emplois existants. Le Haut Conseil regrette que les 70 milliards restants du plan ne font que confirmer une économie encore très dépendante des énergies fossiles. Cela n’aggrave ni n'améliore la situation. Il trouve dommage que cela retarde de deux ans des engagements plus ambitieux pour le climat. D’autant que l’Europe vient de dire qu'il ne fallait pas réduire que de 40% les émissions en 2030 mais de 55%.
Il n’y a pas de temps à perdre non plus pour investir dans la formation des métiers moins carbonés et pour éviter des inégalités sociales croissantes. Avant le Covid-19, les émissions françaises baissaient de 1% par an en moyenne, alors qu’il faudrait faire trois fois plus. Et si cette année elles ont baissé de 10%, les chercheurs estiment ce n’est que provisoire et que la relance restera très carbonée si elle se fait de cette façon.
Un plan parmi les plus ambitieux
Le Haut Conseil reconnait aussi que la France a l’un des plans de relance les plus ambitieux en termes d’écologie bien qu’il soit en-dessous des recommandations européennes qui prônent plutôt 37 milliards pour l’environnement. Mais ce qui est terrible c’est que comme la convention citoyenne climat, cette instance formée de chercheurs et présidée par la climatologue, Corine Le Quéré a été mise en place par Emmanuel Macron lui-même. Il s’est inspiré du comité sur le changement climatique britannique qui existe depuis dix ans. Un panel d’experts, qui analyse scientifiquement, les effets des politiques publiques sur le climat. Le gouvernement français est donc le premier à se regarder dans son miroir climatique et c’est vrai que le reflet n’est pas toujours à son avantage.
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