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Pourquoi les Français sont des mordus de l'Euro Millions

Ce soir, la cagnotte sera de 190 millions d'euros. Jusqu'à sept millions de joueurs pourraient valider leur ticket dans l'Hexagone.

Article rédigé par Ariane Nicolas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Chris et Colin Weir, deux Ecossais, ont empoché le 15 juillet 2011 la plus grosse cagnotte tombée à ce jour à l'Euro Millions : 185 millions d'euros. (WATTIE CHEUNG / AFP)

SOCIETE - Cent. Quatre-Vingt-Dix. Millions. D'euros. Mardi 7 août, l'Euro Millions atteint des sommets. Faute de gagnant vendredi dernier, la cagnotte a été renouvelée. Le potentiel vainqueur pourrait ainsi empocher 190 millions d'euros, détenu par un couple d'Ecossais. 

Depuis le printemps 2011, la nouvelle formule de l'Euro Millions permet aux joueurs de tenter deux fois leur chance chaque semaine, le mardi et le vendredi, contre une seule précédemment. Jusqu'à sept millions de Français pourraient cocher une grille ce vendredi. Le succès de cette loterie ne se dément pas. Mais pourquoi les Français continuent-ils d'y jouer ?

Gagner le gros lot (le vrai)

L'argument numéro 1 de cette loterie, c'est évidemment l'argent. La somme de départ à l'Euro Millions est de 15 millions d'euros (1 130 années de smic, tout de même), contre 2 millions pour le Loto national. Et ce, pour 2 euros la grille seulement. La somme étant remise en jeu et augmentée à chaque fois qu'une cagnotte n'est pas remportée, l'Euro Millions crève parfois le plafond. La limite est justement fixée à 190 millions d'euros : si personne ne gagne, vendredi, les gains sont alors répartis entre le(s) gagnant(s) qui se sont le plus approchés du tirage.

Les sommes en jeu sont tellement alléchantes qu'en moins de dix ans, l'Euro Millions est devenu, en termes de recettes, la première source de revenus de la Française des jeux. La nouvelle formule, lancée en mai 2011, a accéléré le phénomène : en 2010, les Français ont coché pour 1,1 milliard d'euros de grilles Euro Millions. En 2011, il y en avait 1,4 milliard d'euros, soit près de 10% des ventes globales.

Davantage de chances de gagner moins

La nouvelle formule n'a pas seulement modifié le rythme des tirages, mais aussi la façon de jouer et les chances de gagner. En plus des chiffres, il faut désormais cocher deux étoiles sur onze (contre neuf étoiles précédemment). Mais le ticket est vainqueur à partir de 2 bons numéros (contre 2 bons numéros et 1 étoile auparavant). Conséquence : chaque miseur a une chance sur 13 de toucher un lot, au lieu d'une chance sur 24 dans l'ancienne formule.

En revanche, un joueur a moins de probabilités d'empocher le gros lot. Avant mai 2011, un joueur avait une chance sur 76 millions d'empocher le pactole. Aujourd'hui, le chiffre est de seulement une chance sur 176 millions. Des gains élevés plus difficiles à obtenir, mais des petites sommes plus facilement gagnables : le nombre de grilles gagnantes dans les onze pays de l'Euromillions est passé d'environ 1,9 million à 4,6 millions par semaine.

Un public rajeuni

Qui joue à l'Euro Millions ? Contacté par FTVi, Patrick Buffard, directeur général adjoint de la Française des jeux, explique que "les joueurs sont plus jeunes que ceux du Loto national". La cible privilégiée de cette cagnote "a entre 25 et 40 ans, et vit plutôt dans les villes". contrario, le Loto classique, qui a vu le jour en 1976, a un public plus vieillissant. "Il y a une génération Euro Millions. C'est celle d'Internet, d'Erasmus, celle qui a découvert l'Euro Millions au moment de sa création, en 2004", s'enflamme-t-il.

Les campagnes marketing suivent logiquement cette stratégie. Le slogan est plus valorisant intellectuellement ("Et si votre vie devenait infiniment plus riche ?"), les personnages à l'écran sont trentenaires, la musique est plus punchy. L'une des publicités met en scène des jeunes qui recouvrent leur liberté après être devenus multimillionnaires. En fond, la musique de Two Door Cinema Club, un groupe rock electro. On est loin du franchouillard "C'est le jeu, ma pauvre Lucette !"

Des polémiques vite oubliées

Cette super-loterie, inspirée du Mega Million aux Etats-Unis, ne s'est pas fait que des amis. En 2011, un élu a ainsi demandé qu'elle soit plafonnée à 30 millions d'euros. "Ces montants excessifs ne sont pas bien considérés par les Français. On peut très bien réaliser ses rêves avec 30 millions d'euros", déclarait au Parisien le député divers-droite du Haut-Rhin Eric Straumann.

D'autres jugent même les montants excessifs pervers. Une enquête de sociologues, détaillée par L'Express, relevait ainsi les "cas limites" détectés au sein des gagnants du jackpot : comportements obsessionnels, drames familiaux ou encore isolement.

"Les gens continuent de jouer car ils ont besoin de rêver", assure Patrick Buffard, qui minimise les risques tant psychologiques que financiers. "En moyenne, les Français qui jouent à l'Euro Millions ne dépensent pas plus de 6 euros par semaine." Quant aux chances d'emporter les 190 millions d'euros, il rappelle que "la France est en tête du nombre de jackpots gagnés : 69 depuis 2004". Y en aura-t-il un 70e mardi soir ?

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