: Témoignages Prix de l'électricité : "C'est dur, mais c'est rentable", ces Français ont choisi un contrat alternatif pour faire des économies
Alors que les prix de l’énergie flambent, certains abonnés d’EDF parviennent à réduire leur facture et ce, depuis de nombreuses années. Ils ont signé un contrat "Tempo" qui les contraint à prévoir leur consommation plusieurs mois en avance. 220 000 foyers bénéficiaient de cette option en décembre 2020.
La perspective de faire des économies sur sa facture d'électricité 300 jours par an a séduit Loïc, un habitant du Cher. Il a signé, il y a déjà vingt ans, le contrat "Tempo" d'EDF.
En échange d'un engagement à réduire drastiquement sa consommation pendant 22 jours dits "rouges" par an (où les consommations sont très élevées), il bénéficie d'un abonnement annuel moins cher et d'un prix du kWh réduit, -17% en heure pleine et -9% en heure creuse sur 300 jours par an. En contrepartie, l'électricité lui revient trois fois plus cher s’il en utilise lors des pics de consommation. Dans ces moments-là, c'est branle-bas de combat, explique Loïc.
"Il faut s'organiser un petit peu partout dans la maison pour vérifier qu'il n'y a pas d'appareil en veille et toutes les machines sont lancées automatiquement le soir pour faire un maximum d'économies."
Loïc, un abonné Tempo du Cherà franceinfo
Le Berrichon a aussi été obligé d’investir dans un mode de chauffage alternatif avec des poêles à granulés pour ne pas avoir trop froid, chez lui, en période rouge. "C'est dur les premiers temps, c'est sûr, mais une fois qu'on est bien discipliné et qu'on fait attention à ce que tous les appareils soient débranchés, c'est rentable", assure-t-il. Et de fait, Loïc et sa famille vivent avec ces contraintes depuis deux décennies. "Je ne me reverrais pas passer sur un système électrique courant", confie-t-il.
Reste que l'astuce affiche toutefois ses limites, proteste une autre abonnée "Tempo", Marie, qui vit, elle, dans la Manche. "Ce qui est très contraignant, c'est lorsqu'il y a cinq jours d'affilée, ça veut dire pas du tout de chauffage puisque que nous avons du chauffage électrique. On se chauffe uniquement avec un appareil à pétrole et ça nous oblige à nous limiter à l'utilisation de deux pièces dans la maison", déplore-t-elle. Au contraire de Loïc, Marie n’est absolument pas "sûre" qu’elle "reprendrait l’option si c’était à refaire".
Mieux pour une résidence secondaire que principale
Reporter une machine ou faire tourner son lave-vaisselle le lendemain, tout comme penser à débrancher un maximum d’appareils électriques, n’est pas le plus ardu. En revanche, anticiper la recharge de son téléphone ou différer l’usage de sa plaque électrique ou du four est moins évident. Mais le vrai problème soulevé par certains utilisateurs est bien le chauffage. L'option "Tempo" semble plus adaptée à une maison de vacances peu utilisée l'hiver qu'à une résidence principale. Sur 29 millions de clients EDF, 220 000 foyers avaient pourtant fait ce choix en décembre 2020, selon la CRE (Commission de régulation de l'énergie).
"Tempo" n’était plus activement proposée aux clients d’EDF mais le gouvernement entend le relancer et inciter les opérateurs à élargir l'offre pour réduire la tension sur l'approvisionnement électrique, alors que le risque de pénurie augmente pour cet hiver. Seuls 24 des 56 réacteurs nucléaires d'EDF fonctionnent en ce moment, ce qui réduit la production électrique française à un niveau historiquement bas.
Conséquence mécanique : les prix s'envolent. Couplé au tarissement des flux de gaz russe vers l'Europe en raison de la guerre en Ukraine, les prix de gros de l'électricité pour 2023 en France ont battu vendredi un nouveau record à plus de 1 000 euros le mégawattheure (contre 85 euros il y a un an). Et pour décembre prochain spécifiquement, le mWh d'électricité s'échange déjà à plus de 1 600 euros. Pour aider et inciter les fournisseurs d'électricité (EDF et les autres) à proposer ces formules, l'État a prévu un appel d'offres doté d'un budget de 30 millions d'euros.
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