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"Ce qu'une loi a fait, une autre peut le défaire" : la grande prudence des députés avant la décision du Conseil constitutionnel sur la réforme des retraites

Après trois mois de crise, tous les regards sont braqués vendredi vers le Conseil constitutionnel. A l'Assemblée nationale, les élus de tous bords attendent avec une certaine fébrilité les décisions des Sages.
Article rédigé par franceinfo - Victoria Koussa et Benjamin Recouvreur
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Les députés débattent de la réforme des retraites, à l'Assemblée nationale, le 8 février 2023. (QUENTIN DE GROEVE / HANS LUCAS / AFP)

"Le Conseil constitutionnel peut retoquer tout ou partie. On le sait et il faudra prendre acte", glisse, prudent, patron du groupe Horizons Laurent Marcangeli. Les pro et anti-réforme des retraites attendent cette journée avec impatience, et le mot est faible.

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"Retrouver un peu de paix sociale"

Après trois mois de crise politique et sociale, tous les regards sont braqués vendredi 14 avril vers le Conseil constitutionnel, qui doit dire s'il juge conforme à la Constitution le texte du gouvernement qui prévoit le report de l'âge légal à 64 ans. Les députés retiennent leur souffle : tous les scénarios sont sur la table, d'où la prudence au sein de la majorité. D'autres espèrent tourner la page, comme le chef des LR à l'assemblée Olivier Marleix : "J'attends du Conseil constitutionnel qu'il dise le droit, et le cas échéant, que ça permettre de retrouver un peu de paix sociale dans ce pays, d'apaiser les esprits, que le Conseil constitutionnel redonne un peu de grain à moudre pour le dialogue."

A gauche, on attend une autre décision : celle sur le Référendum d'initiative partagée, qui pourrait contrecarrer la réforme. La procédure du RIP, déposée par 252 parlementaires doit être déclaré recevable ou non par les Sages. Et en cas de validation de la réforme par le Conseil, les députés de gauche mettent beaucoup d'espoir dans cette procédure, comme le socialiste Arthur Delaporte. "Ce n'est évidemment pas la fin. Nous resterons mobilisés, quoi qu'il en soit. Les Françaises et les Français garderont amèrement le souvenir de ce passage en force et de cette brutalisation à la fois du débat public, mais aussi de l'opinion de la majorité des Français et des Français", assure-t-il. "Tout en ayant à l'esprit que ce qu'une loi a fait, une autre loi peut le défaire, Et on l'a déjà à l'esprit, parce que ce n'est pas parce que cette loi aura été validée par le Conseil constitutionnel qu'elle sera plus juste, demain", ajoute sa collègue, Christine Pirès Beaune.

"Une manière de continuer à mener la bataille"

La Nupes réfléchit, de son côté, à se retrouver dès la décision du Conseil constitutionnel pour poursuivre, peu importe le résultat, sa campagne contre la réforme. "Le RIP, c'est la roue de secours et ce serait une manière de continuer à mener la bataille contre la réforme des retraites", glisse l'Insoumis Eric Coquerel. Comme lui, le communiste Pierre Dharréville juge que la procédure a, au moins, le mérite de maintenir la pression : "Nous avons essayé d'utiliser les leviers qui permettaient de trouver une issue politique à la crise. Le président de la République s'entête, donc le référendum, c'est quand même un bon moyen d'essayer de le mettre en face de cette réalité qu'il ne veut pas voir."

Fixer l'âge de départ à 62 ans dans la loi, c'est l'objectif de la procédure. Mais elle est longue et compliquée. Et Jean-Philippe Tanguy, du Rassemblement national, n'y croit pas vraiment. "Je ne pense pas que le fait que le RIP s'ouvre soit une solution à la crise. Je ne veux pas faire croire aux Français que c'est une solution à portée de main", tranche le député de la Somme.

Pour aboutir, le RIP doit être soutenu par quatre millions et demi de Français dans les neuf mois qui viennent. Neuf mois de tension sociale de plus, s'inquiète le député Les Républicains Philippe Gosselin, qui estime que "N'importe quel élément est susceptible de raviver les braises chez une partie de ceux qui croient en ce RIP. Il pourrait y avoir arguments à se remobiliser." Du côté de la majorité, on préfère ne pas trop commenter : en coulisses, on avoue craindre une flambée de violence si les Sages ferment la porte à cette procédure.

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