Grève contre la réforme des retraites : "À 55 ans, je suis usé", dénonce ce salarié d'un incinérateur aux portes de Paris
Les sacs-poubelles et les ordures continuent de s'entasser dans les rues de Nantes, le Havre, Saint-Brieuc ou encire Paris. Dans les rues de la capitale, 7 000 tonnes de déchets s'accumulent sur les trottoirs de certains arrondissements. Ce n'est pas seulement la conséquence de la grève des éboueurs contre la réforme des retraites, débutée il y a neuf jours, et maintenue au moins jusqu'au 20 mars. Les incinérateurs, là où sont brûlés les déchets ménagers sont également bloqués. Le secteur de la gestion des déchets devient la locomotive de la grève reconductible.
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À l'incinérateur d'Issy-les-Moulineaux, tout près de Paris, le mouvement est prolongé au moins jusqu'au jeudi 16 mars après un vote mardi 14 mars par la dizaine de salariés présents. Parmi eux, André, en tenue de travail jaune fluo.
"Les ordures, ça concerne absolument tout le monde"
Il tient le piquet de grève tous les jours, même quand il n'est pas au tableau de service. Ça fait 35 ans qu'il est salarié du centre de traitement Isséane, à Issy-les-Moulineaux. Il assure ne pas bloquer l'entrée de son entreprise de "gaieté de cœur", mais selon lui, c'est la seule manière d'être pris au sérieux par le gouvernement : "On est plus visible effectivement parce que c'est Paris, parce que c'est les ordures et que ça concerne absolument tout le monde."
Comme André, les salariés de ces incinérateurs bénéficiaient jusqu'à présent d'un régime spécial qui sera supprimé si le projet de réforme des retraites est adopté. "Au départ, ce devait être 55 ans. Maintenant, c'est 57 ans. Et là, je vais encore être prolongé, peut-être jusqu'à 59, détaille le gréviste. Ce n'est juste pas possible. À 55 ans, je suis usé, au niveau de mes épaules, mes genoux, et même ma qualité du sommeil. Je ne me vois pas continuer encore comme ça pendant des années."
Besoin de reconnaissance
Son chef de service, Yohann, pointe, lui, de son côté un manque de reconnaissance du gouvernement avec ce projet de réforme. "On l'a bien vu pendant le coronavirus : on a été réquisitionné pour travailler pour ne pas que vous ayez des déchets en plus dans les rues. Mais nous, on allait travailler pendant que d'autres étaient confinés. Il faut aussi tenir compte de tout ça", dénonce-t-il.
Les grévistes comprennent bien la pénibilité que provoque la grève. Mais pour Julien Lambert, le secrétaire confédéral en charge de la politique énergétique à la CGT, il faut tout simplement accepter la situation. "On peut comprendre le désagrément que ça peut avoir pour ceux qui aujourd'hui ont un tas d'ordures à proximité, expose le syndicaliste, mais "C'est le quotidien que subissent les gens qui font la collecte, le tri et le traitement de déchets, qui sont exposés à l'insalubrité et qui, aujourd'hui, refusent de travailler deux ans de plus".
La menace qui plane désormais sur les grévistes de l'incinérateur, ce sont de potentielles réquisitions, pas encore à l'ordre du jour, selon la CGT.
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