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"Hors sol", "méprisant", "pas à l'écoute" : les réactions des politiques à la réforme des retraites après l'interview d'Emmanuel Macron

"Je n'ai pas de regrets", a déclaré Emmanuel Macron qui accepte "d'endosser l'impopularité", après le 49.3 sur la réforme des retraites.
Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron le 22 mars 2023. (LUDOVIC MARIN / AFP)

"Cette réforme n'est pas un luxe, c'est une nécessité", a défendu le président de la République lors des "13 Heures" de France 2 et TF1, mercredi 22 mars. Emmanuel Macron a campé sur une position de fermeté sur la réforme des retraites, acceptant "d'endosser l'impopularité" de la réforme des retraites. Voici les principales réactions politiques à cette prise de parole.

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Emmanuel Macron est "arrogant, menteur et irresponsable", pour La France insoumise

La présidente du groupe La France insoumise à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot, dénonce sur Twitter un président de la République "hors-sol, arrogant, menteur et irresponsable". Elle pointe un "Macron en direct depuis une réalité alternative". "Il n'avait pourtant que quatre mots à prononcer : je retire ma réforme".  "Bravo à celles et ceux qui ont enduré ces 30 minutes de vide absolu", conclut-elle.

Le député LFI Manuel Bompard fustige sur franceinfo un président de la République qui "a choisi l’entêtement". Son intervention a été "un concentré de mépris, de déni et de provocation". "Puisqu'il a choisi le bras de fer, l'épreuve de force aura lieu dans la rue dans les prochains jours et dès demain [jeudi] avec cette grande journée de manifestation et puis dans la grève, j’appelle les salariés en grève à poursuivre le mouvement et leur apporte tout mon soutien", ajoute le député. 

De son coté, le député LFI Francois Ruffin a estimé sur franceinfo qu'Emmanuel Macron était "hors sol". Selon lui, le président de la République "plane complètement".

"Il n'y a rien qui a été proposé pour sortir de la crise à la fois sociale et de la crise démocratique qu'on traverse aujourd'hui. Qu'est-ce qu'il pouvait faire ? Il pouvait faire 'retrait', il pouvait faire 'référendum', il pouvait faire 'démission'"

Francois Ruffin, député LFI

sur franceinfo

Le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, dénonce de son côté les "traditionnelles marques de mépris" d'Emmanuel Macron, estimant que le chef de l'État "vit en dehors de toute réalité". "Comment peut-on, alors que le pays s'enfonce dans une impasse, […] mentir avec autant d'arrogance ?", s'interroge Jean-Luc Mélenchon. Emmanuel Macron "manque de capteurs sensitifs pour comprendre le peuple français", alors que le chef de l'Etat table sur une entrée en vigueur de la réforme des retraites "d'ici la fin de l'année".

Un président "méprisant" et "offensant" pour Europe Ecologie-Les Verts

"J'ai du mal à m'en remettre", a déclaré de son côté Marine Tondelier sur France Inter après l'interview d'Emmanuel Macron. La secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) a trouvé le président "méprisant" et "offensant". "J'ai été glacée par son air autosatisfait tout au long de l'interview et son sourire choquant à la fin", a-t-elle aussi déclaré.

"Que lui faut-il pour comprendre qu'il faut qu'il change de ton, d'attitude, qu'il respecte les Français, qu'il respecte les syndicats."

Marine Tondelier, secrétaire nationale d'EELV

sur France Inter

Le "on ne peut accepter ni les factieux, ni les factions", lancé par Emmanuel Macron la fait aussi bondir. Selon elle, le chef de l'État "méprise" aussi "les manifestants qui sont des millions" et "qui manifestent pour la très large majorité dans le calme". "Je ne comprends pas ce qu'il ne comprend pas, je ne sais même plus comment il faut lui expliquer, mais je pense qu'on sera nombreux à lui réexpliquer demain dans la rue", renchérit-elle, à la veille d'une nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites.

"Comparer les manifestants, comparer les personnes qui sont contre cette réforme aux Trumpistes qui ont envahi le Capitole contre la démocratie, c’est une violence symbolique et verbale qui a peu d’égal" a fustigé sur franceinfo la députée EELV Sandra Regol. Pour l'élue, "on a l’impression qu’Emmanuel Macron vit dans un monde où il n’a pas la TV, ni les réseaux sociaux. Il joue au pompier pyromane dans une France qui est peu ou prou au bord de l’implosion".

"Aucune autocritique ni changement de méthode", selon le Rassemblement national

Le ton n'est pas très différent à l'extrême droite qui s'exprime par la voix de Thomas Ménagé, porte-parole du groupe Rassemblement national (RN) : "Aucune autocritique, aucun changement de méthode, aucun changement de cap, déplore le député. Ce qu'on a constaté, c'est surtout un président de République absolument pas à l'écoute." Pour le député RN du Loiret, Emmanuel Macron "n’a pas apporté les bonnes solutions".

Lors d'une conférence de presse à l'Assemblée nationale, Marine Le Pen a dénoncé "un homme seul qui semble avoir perdu tout contact avec le réel, avec le monde extérieur". Le chef de l'Etat "a conforté le sentiment de mépris pour une partie du peuple", selon la présidente du groupe RN à l'Assemblée. 

"À la brutalité de son pouvoir, le président ne peut pas ajouter de la violence verbale."

Marine Le Pen, présidente du groupe RN à l'Assemblée

à l'Assemblée nationale

"Chaque jour qui passe nous révèle le vrai visage de ce pouvoir qui n'est ni souriant, ni bienveillant, ajoute la députée RN. Il fallait accepter d'aller au vote, quitte à perdre. En démocratie comme en sport, il y a des défaites mois déshonorantes que des résultats mal acquis."

Un président "pas à la hauteur" et dans "l'autosatisfaction" pour Les Républicains

Disant refuser "l'immobilisme", le chef de l'Etat a renouvelé sa confiance à Elisabeth Borne, à laquelle il a demandé "d'élargir la majorité autant qu'elle le pourra" dans les semaines à venir. Emmanuel Macron ne semble pourtant pas avoir réussi à convaincre Les Républicains. Le président des LR Eric Ciotti a estimé que les solutions n'étaient "pas à la hauteur de la crise politique et économique que nous vivons" et déplore que le chef de l'Etat n'ait "pas su convaincre les Français" de la nécessité d'une réforme des retraites. 

"La seule vraie annonce de cette allocution est que le combat contre l'immigration de masse n'est plus une priorité pour le gouvernement" et "c'est une faute", estime Eric Ciotti à propos du projet de loi immigration qui serait "découpé" en "textes plus courts" qui seront examinés "dans les prochaines semaines" par le Parlement.

"En contournant le Parlement dont il a peur parce qu'il y est minoritaire, le président de la République avoue son impuissance politique", tacle de son côté Bruno Retailleau, patron des sénateurs LR.  "Emmanuel Macron ne comprend pas", déclare le député LR Aurélien Pradié sur Twitter. Celui qui a voté la motion de censure contre le gouvernement lundi, estime que le chef de l'Etat "ne comprend pas les fractures immenses de la Nation."

"Il ne comprend pas que son autosatisfaction est une provocation de plus. Ne rien changer, attendre, bidouiller, c'est jouer avec le feu. Comment ignorer à ce point les Français ?"

Aurélien Pradié, député LR

sur Twitter

Emmanuel Macron "ne comprend pas les ressorts du pays, la défiance qui traverse la France qui travaille, qui en a marre de tout pays et qui ne bénéficie d'aucune aide", déplore sur franceinfo Fabien Di Filippo, député LR de Moselle. Si "pour Emmanuel Macron, la messe est dite" sur la réforme des retraites après le rejet des motions de censure déposées contre le gouvernement, Fabien Di Filippo considère au contraire que "le chapitre est loin d'être clos", le président n'ayant pas "tiré les conséquences sur les incohérences" de la réforme. Le député LR pointe du doigt le "problème de confiance" qui surgit au sein de la population après le recours à l'article 49.3 de la Constitution. Selon Fabien Di Filippo, Emmanuel Macron "a éludé ça de manière peu responsable".

"Le mensonge permanent" d'Emmanuel Macron pour le groupe Liot

Le président du groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (Liot) à l’Assemblée nationale, Bertrand Pancher, a dénoncé sur franceinfo "le mensonge permanent" et "le déni de réalité" d'Emmanuel Macron. "Je suis très déçu de cette intervention d'Emmanuel Macron", a déclaré Bertrand Pancher, parlant d'un président de la République "isolé dans son palais".

"Il fallait redonner la parole aux citoyens et annoncer un référendum dans le cadre d'une République des solutions."

Bertrand Pancher, président du groupe Liot à l'Assemblée

sur franceinfo

"On va pas tenir pendant quatre ans comme ça notre pays, ajoute le député. Il fallait qu'Emmanuel Macron retire cette réforme, la rediscute." Selon lui, "il y a vraiment un problème de méthode, je pense que le président de la République n'a pas compris"

Un président "sincère" et "le courage de l'action", pour Renaissance

"Face aux crises, notre modèle social et l'État nous ont aidé. C'est à nous, aujourd'hui, de les aider et d'assurer leur pérennité. C'est l'objet de la réforme des retraites dont Emmanuel Macron a rappelé la priorité au risque de l'impopularité", a réagi sur Twitter Stéphane Séjourné, patron du parti Renaissance qui souligne "le courage de l'action". "J'ai vu un président sincère", indique de son côté sur franceinfo le député Renaissance Rémy Rebeyrotte : "Heureusement qu’il y a à la tête de ce pays quelqu’un qui dit les choses ! Nous avons fait une erreur : de dire ‘nous n’utiliserons pas le 49.3’"

"Emmanuel Macron a appelé à la responsabilité, en homme d'Etat il est là pour dire la vérité aux Français, des vérités parfois dures à dire plus dures que les mensonges faciles" des oppositions, estime la députée Renaissance Prisca Thevenot. Nous vivons dans un État de droits et de devoirs, il appelle à ce que les institutions soient respectées. Nous avons passé la majorité des textes proposés sur le pouvoir d'achat, les renouvelables, le nucléaire, l'IVG, nous continuons à avancer." 

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