Réforme des retraites, soutien à Elisabeth Borne, suite du quinquennat… Ce qu'il faut retenir de l'interview d'Emmanuel Macron
Une prise de parole attendue. Le président de la République, Emmanuel Macron, s'est adressé aux Français lors d'une interview conjointe aux "13 heures" de France 2 et TF1, mercredi 22 mars. Le chef de l'Etat, en retrait sur le dossier de la réforme des retraites depuis janvier, a tenté d'apaiser les tensions tout en assumant ses choix, alors que les manifestations spontanées se multiplient depuis l'utilisation de l'article 49.3 pour faire adopter sa réforme. Il a également souhaité que celle-ci entre en vigueur "d'ici à la fin de l'année", après l'examen par le Conseil constitutionnel. Voici ce qu'il faut retenir de cet entretien.
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Une condamnation des violences
"La foule, quelle qu'elle soit, n'a pas de légitimité face au peuple qui s'exprime souverain à travers ses élus", avait estimé le président, mardi. Revenant sur ces propos, il a assuré qu'il estimait que les "manifestations organisées pour dire 'on est contre'" étaient "légitimes". En revanche, "quand des groupes utilisent l'extrême violence pour agresser des élus de la République (...) sans règle, parce qu'ils ne sont pas contents, alors là, ils ne sont plus dans la République".
Saluant "l'esprit de responsabilité des syndicats", il a néanmoins estimé qu'il "faut pouvoir lever les blocages quand ils empêchent l'activité normale", justifiant ainsi les réquisitions prises pour débloquer le dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), ou le ramassage des ordures dans certaines villes.
Une justification de sa réforme
"Est-ce que vous pensez que ça me fait plaisir de faire cette réforme ? Non", a déclaré Emmanuel Macron. Rappelant qu'il y a aujourd'hui 17 millions de retraités, contre 20 millions en 2030, il a assuré qu'il "n'y a pas 36 solutions pour équilibrer le régime [des retraites]", car "il ne l'est plus".
Il a rappelé qu'il excluait de baisser les pensions des retraités ou d'augmenter les cotisations des actifs, car "nous avons un problème de pouvoir d'achat". Il a également écarté l'hypothèse d'utiliser le budget de l'Etat, pour combler le déficit du système des retraites. Cette manne doit servir à "investir dans nos services publics".
"Cette réforme n'est pas un luxe, c'est une nécessité", a-t-il aussi martelé. "J'ai pris l'engagement de la faire par sens des responsabilités." Il a néanmoins exprimé un regret : celui de n'avoir pas "réussi à convaincre sur la nécessité de cette réforme".
Une nouvelle négociation avec les syndicats sur les conditions de travail
Le chef de l'Etat a estimé que les partenaires sociaux n'avaient pas proposé de "compromis" sur la réforme des retraites. Néanmoins, Emmanuel Macron a dit vouloir "réengager" un dialogue avec les partenaires sociaux sur les conditions de travail, mentionnant notamment le niveau des bas salaires, "l'usure professionnelle", la "progression des carrières", et "les droits et les devoirs" des personnes au RSA.
Une "contribution exceptionnelle" des grandes entreprises
Pour répondre à la "colère", Emmanuel Macron a promis "d'accélérer" les prochains chantiers du quinquennat. Il a notamment assuré avoir demandé à son gouvernement de travailler "à une contribution exceptionnelle des entreprises" ayant enregistré des bénéfices records depuis la guerre en Ukraine, ce qui leur permet de racheter leurs propres actions en Bourse. Ces grandes entreprises doivent "distribue[r] davantage à leurs salariés", a-t-il assuré, dénonçant leur "cynisme". Quelle forme prendra cette contribution ? "Il faut trouver la bonne technique", a-t-il répondu.
Les syndicats et les organisations patronales ont trouvé, fin février, un accord pour généraliser les dispositifs de partage des profits (intéressement, participation, etc.) en entreprise. La Première ministre, Elisabeth Borne, avait promis, dans la foulée, "la transcription fidèle et totale" dans la loi de cet accord.
Elisabeth Borne confirmée à Matignon
Emmanuel Macron a défendu l'utilisation, par Elisabeth Borne, de l'article 49.3 de la Constitution pour faire adopter la réforme des retraites. "Même à un moment d'incandescence politique, il n'y a pas de majorité alternative", a-t-il noté en soulignant l'échec de la motion de censure déposée contre le gouvernement. La Première ministre "a ma confiance pour conduire cette équipe gouvernementale", a-t-il de nouveau assuré. "Le mandat que je lui ai donné, c'est de continuer à élargir cette majorité [parlementaire] autant qu'elle le pourra", avec des personnalités "de droite et de gauche".
Le projet de loi immigration "découpé" et reporté
Par ailleurs, Emmanuel Macron a annoncé que le projet de loi immigration serait "découpé" en "textes plus courts" qui seront examinés "dans les prochaines semaines" par le Parlement.
Ce projet devait être examiné dès le 28 mars en séance publique au Sénat. Il prévoyait notamment de créer un titre de séjour "métiers en tension" pour régulariser de façon temporaire les sans-papiers qui travaillent dans des secteurs qui peinent à recruter. Il devait également instaurer un examen de français pour l'octroi de titres de séjour et faciliter les expulsions d'étrangers qui représentent "une menace grave".
Mais après l'épilogue parlementaire de la réforme des retraites, adoptée sans vote, et la contestation sociale actuelle, l'exécutif décide de revoir son calendrier. D'autant plus qu'il n'avait pas l'assurance d'obtenir une majorité sur ce texte.
Une esquisse de la suite du quinquennat
Outre les mesures relatives à une contribution exceptionnelle des entreprises et aux conditions de travail, Emmanuel Macron a aussi esquissé la suite de son quinquennat.
Après avoir "réussi tout le volet travail", le chef de l'Etat veut donner la priorité à "l'ordre républicain". Il a annoncé que "200 brigades de gendarmerie" seront ouvertes en France, a promis "plus de greffiers" et "une loi de programmation militaire dans les prochains mois". Enfin, il voudra mettre l'accent sur "les progrès pour milieux vivre : l'école, la santé et l'écologie."
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