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Réforme des retraites : La France insoumise veut "transformer l'Assemblée nationale en ZAD", juge un député LREM

Olivier Véran, député LREM d'Isère, dénonce l'attitude de La France insoumise alors que l'examen du projet de loi sur la réforme des retraites débute en commission à l'Assemblée nationale. 

Article rédigé par franceinfo
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Olivier Véran, à l'Assemblée nationale, le 19 juin 2019. (CHRISTOPHE MORIN / MAXPPP)

Olivier Véran, député LREM d’Isère, rapporteur général de la commission des Affaires sociales, a dénoncé sur franceinfo lundi 3 février La France Insoumise qui veut, selon lui, "une guérilla parlementaire" pour "transformer l'Assemblée nationale en ZAD". L'examen du projet de loi sur la réforme des retraites débute en commission à l'Assemblée nationale. Quelques 22 000 amendements, un record sous cette législature, ont été déposés sur ce projet contesté visant à créer un "système universel" de retraite par points.

franceinfo : Allez-vous siéger 24h/24h pour défricher ces 22 000 amendements ?

Olivier Véran : Il y a amendement et amendement. Il y a des oppositions et la majorité qui ont déposé des amendements qui sont intéressants, structurés, travaillés, réfléchis, qui vont créer du débat, des désaccords parfois, des accords et qui vont conduire à des votes. Et puis, il y a le gros des amendements. Sur 22 000 amendements, 20 500 amendements sont quasiment déposés par La France insoumise. On n'a pas besoin de les défricher puisqu'ils déposent la suppression de chaque mot ou de chaque bout de phrase, de chaque article de la loi de façon complètement indifférenciée, indistincte, déposée en 17 exemplaires identiques, c'est-à-dire le nombre de députés de La France insoumise. Ces amendements-là n’apportent aucune obligation de débat sur le fond. D'ailleurs, ils n'ont pas été faits pour ça. C'est assumé par La France insoumise qui veut une guérilla parlementaire.

À la fois, j'ai très envie et j'ai hâte de commencer cette commission spéciale pour enrichir le texte, expliquer le texte, débattre avec les oppositions, débattre au sein de la majorité, cheminer aux côtés des partenaires sociaux qui font le travail de leurs côtés, qui font bien le job dans le cadre de la conférence sociale. Et en même temps, de l'autre côté, j'ai peur qu'on n'y arrive pas parce qu'on risque d'être ensevelis sous les interventions itératives à l'emporte-pièce d'une toute petite partie de l'opposition qui, elle, a clairement annoncé la couleur et qu'elle souhaitait de transformer l'Assemblée nationale en ZAD. Je suis incapable de vous dire aujourd'hui si oui ou non, nous serons en capacité d'examiner dans de bonnes conditions ce texte, non pas de notre responsabilité, mais clairement de l'irresponsabilité de La France insoumise.

Allez-vous balayer d'un revers de main tous ces amendements ?

La France Insoumise a deux minutes pour défendre chaque amendement. S'ils décident de passer deux minutes pour défendre chacun de leurs 20 000 amendements, même s'ils pouvaient nous raconter la recette des tripes à la mode de Caen, à la place de nous expliquer pourquoi s'ils enlèvent un mot 'et' au milieu d'une phrase de 50 mots, ça n'a aucun intérêt. Ils l'ont fait sciemment. Donc, s'ils décident de défendre leurs 20 000 amendements à raison de deux minutes par amendement, vous voyez bien que cela ne rentre pas dans le temps imparti. Les autres oppositions ont déposé un peu plus de 1 000 amendements qui parfois peuvent aller à l'encontre de ce que nous proposons, mais parfois visent à améliorer ou préciser certaines dispositions que le gouvernement a mises dans le texte.

Certains syndicats réformateurs comme la CFDT et l'UNSA ont inspiré certains de ces amendements. Allez-vous les adopter ?

Actuellement, nous cheminons en parallèle, c'est-à-dire que les syndicats font le travail dans le cadre de la conférence de financement et les parlementaires font leur travail dans le cadre du débat parlementaire. Ce que je crois, c'est que pour la commission, c'est trop tôt, mais qu'en revanche, d'ici la séance et l'adoption du texte définitif à l'Assemblée nationale, nous aurons eu toutes les avancées qui ont pu être négociées et entérinées par l'ensemble des partenaires sociaux. Et là, ce sera un vrai plaisir que d'aller dire que la représentation nationale les soutient, donc chaque chose en son temps.

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