Réforme des retraites : la grève "est très handicapante" pour les professionnels libéraux, les infirmières "galèrent"
Michel Picon, le président de l’Union nationale des professions libérales, a cependant rappelé qu'il était également opposé à la réforme.
La grève contre la réforme des retraites entre dans son cinquième jour et elle "est très handicapante" pour les professionnels libéraux, comme les infirmières qui "galèrent" pour se rendre chez leurs patients, a assuré Michel Picon, le président de l’Union nationale des professions libérales, lundi 9 décembre sur franceinfo. Il a toutefois rappelé qu'il était lui aussi opposé à la réforme, car il craint que tous les efforts des professionnels libéraux ne soient "complètement anéantis dans une espèce d'étatisation des retraites".
franceinfo : Quelles conséquences à la grève contre la réforme des retraites sur les professionnels libéraux ?
Michel Picon : C'est une grève qui perturbe beaucoup l'activité, notamment de tous les professionnels de santé qui doivent se rendre auprès de leurs patients. C'est vraiment très compliqué. Alors le vélo bien sûr, la marche à pied, des difficultés de circulation dans Paris... C'est une grève qui est très handicapante pour ces professionnels. Ils se débrouillent avec les moyens du bord, parfois ils essaient d'entrer en contact pour retarder leur visite et puis après il y a toutes les personnes âgées dépendantes qui ont absolument besoin qu'une infirmière passe le matin. Je voudrais rendre un grand hommage aux infirmières parce que franchement en ce moment elles galèrent.
Toutes les activités qui sont suspendues aujourd'hui, que ce soit les professions du droit, les architectes, il y a des chantiers qui ne peuvent pas démarrer, il y a des chantiers qui sont bloqués et tout ça entraîne des pénalités, parce que l'impossibilité d'accès n'est pas reconnue comme un évènement de force majeure permettant de ne pas être soumis aux pénalités de livraison d'un chantier et donc oui, il y aura un manque à gagner. C'est dramatique pour le pays.
L'Union nationale des professions libérales (UNAPL) est-elle opposée à cette réforme des retraites ?
Oui, on y est opposés, mais ça n'a pas échappé que depuis le début, les professionnels libéraux sont entrés en discussion, ont saisi la main qui leur a été tendue par le gouvernement, aussi bien par le haut-commissaire aux Retraites Jean-Paul Delevoye que par le Premier ministre Edouard Philippe. Donc nous avons essayé d'investiguer s'il y avait une compatibilité entre ce projet de réforme et ce que sont les professionnels libéraux. Les professionnels libéraux sont des travailleurs indépendants qui travaillent beaucoup, qui ont réglé depuis longtemps les problèmes d'âge de départ à la retraite.
Pour les professionnels libéraux, qu'il s'agisse des médecins, des avocats, des architectes, le départ à la retraite, pour nous, c'est à 67 ans. Alors, nous, le débat entre 62 et 64 ans, il y a longtemps qu'il est derrière nous. Cela nous a permis aussi d'avoir des caisses de retraite complémentaires qui sont parfaitement à l'équilibre et bien évidemment on est inquiets sur cette réforme, parce que tous les efforts que nous avons fait, on ne veut pas qu'ils soient complètement anéantis dans une espèce d'étatisation des retraites, par laquelle on ne maîtriserait plus rien, alors que nous avons besoin de défendre nos spécificités.
Le gouvernement vous a-t-il garanti que vous garderez ces acquis ?
Il y a quelques garanties. Je sais gré à Jean-Paul Delevoye d'avoir trouvé, d'avoir essayé de trouver des solutions. Elles règlent un certain nombre de problèmes dans quelques professions, mais il y a encore des situations, des professions difficiles, comme les infirmières, les avocats, pour lesquelles le compte n'y est pas actuellement malgré les efforts.
Le passage au régime universel pour les professionnels libéraux est beaucoup trop pour eux. Lorsqu'on est dans un régime où on ne demande rien à personne, on bosse jusqu'à 67 ans, on a fait des réserves pour amortir les chocs démographiques, on n'a pas envie d'aller dans un truc où on va être laissés tous.
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