Réforme des retraites : réunions à l'Elysée, recours possibles... Que va-t-il se passer maintenant ?
Le renversement du gouvernement s’est joué à neuf voix lundi 20 mars au sein de l’hémicycle. Un vote plus serré qu’attendu, mais Élisabeth Borne reste donc en place et la réforme des retraites est adoptée. Mais ce vote est loin d’avoir fait retomber la pression sur l’exécutif. L’opposition, comme les syndicats, comme la rue ne comptent pas s’en satisfaire.
>> Réforme des retraites: suivez les dernières informations en direct
L'opposition entend utiliser tous les outils institutionnels possibles
C'est ce que met en avant la gauche. Pour Arthur Delaporte, porte-parole du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, il y a deux voies. "La première, c'est le recours au Conseil constitutionnel que nous allons déposer, explique-t-il. C'est notre objectif premier de faire tomber sur la procédure qui a été employée". La procédure et notamment le fameux 47.1 pour réduire le temps des débats. La Première ministre, Élisabeth Borne, va elle aussi saisir "directement le Conseil constitutionnel", a annoncé lundi Matignon. La cheffe de l'exécutif souhaite ainsi que "tous les points soulevés au cours des débats puissent être examinés".
"La deuxième option, c'est le Référendum d'initiative partagée (RIP) qui a été transmis au Conseil constitutionnel, sur lequel il a un mois désormais pour se prononcer et qui permettrait que les citoyens français se prononcent sur la constitutionnalisation de l'âge légal de 62 ans et donc empêche finalement l'entrée en vigueur de cette réforme", ajoute Arthur Delaporte.
Du côté du Rassemblement national, pas de RIP au programme. Élisabeth Borne "doit partir" ou le "président doit la démissionner", a lancé Marine Le Pen, plusieurs voix de gauche appelant aussi à sa démission. Pour Julien Odoul, porte-parole du parti, c'est soit la dissolution, soit le gouvernement propose lui-même un référendum. "C'est l'un ou l'autre. Il y a deux leviers pour apaiser la situation et sortir de la crise. C'est effectivement le référendum pour mettre les Français d'accord et pour leur redonner la parole sur un texte central ou la dissolution pour renvoyer les Français devant les urnes et qu'ils tranchent cette crise politique."
Tous les groupes d'opposition s'entendent sur un point, il faudra une très grande mobilisation jeudi prochain dans la rue. Et même au sein de la majorité présidentielle, des voix discordantes se font entendre. "Il faut mettre cette réforme en stand-by", a appelé mardi 21 mars sur franceinfo Patrick Vignal, député Renaissance de l’Hérault. L'élu alerte le gouvernement, estimant qu'"on ne peut pas gouverner toujours avec du 49.3".
Journée de mobilisation le 23 mars
"Rien n'entame la détermination des travailleurs", a prévenu de son côté la CGT, tandis que le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a appelé à la mobilisation pour la prochaine journée de grèves et de manifestations prévue le 23 mars. Il a toutefois exprimé son inquiétude sur "la colère" et "les violences" qui pourraient s'exprimer du fait de l'adoption d'une loi qui n'avait "pas de majorité à l'Assemblée nationale".
Des manifestations ont éclaté spontanément lundi soir. À Paris, plus de 230 personnes ont été interpellées. Les mêmes scènes de tension se sont reproduites dans plusieurs grandes villes, comme à Lyon, Nantes, Rennes, ou Strasbourg où quelque 2 000 personnes ont manifesté, selon la préfecture. "Ça va péter", ont scandé les manifestants à Lille.
La France insoumise "exige la libération immédiate" de militants arrêtés "abusivement" lundi à Paris, lors des manifestations. "Déjà, jeudi dernier, 292 personnes avaient été arrêtées. 283 d’entre elles ont été libérées sans aucune poursuite. Nous exigeons que cessent immédiatement ces arrestations arbitraires qui visent à faire peur et à intimider", dénonce le parti.
Piquets de grève, routes bloquées, transports perturbés et pour la première fois depuis le début du conflit sur les retraites, des stations-services à sec ont également émaillé la journée.
Emmanuel Macron consulte tous azimuts pour trouver une issue
Programme chargé pour le chef de l’État qui a annoncé qu’il donnera une interview mercredi 22 mars à 13 heures depuis l'Élysée, à France 2 et TF1. En attendant, il doit recevoir Élisabeth Borne mardi dans la matinée, déjeuner avec les présidents de l’Assemblée et du Sénat, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher avant une réunion en soirée avec les parlementaires du camp présidentiel, plutôt déçus par l’usage du 49.3. Un président qui veut donc entendre la majorité, assure son entourage.
Alors que les bonnes intentions s’accumulent pour aider Emmanuel Macron à relancer son quinquennat, certains imaginent un gouvernement resserré, quelques thèmes fort, d’autres espèrent que les oppositions soient mieux associées pour les forcer à prendre leurs responsabilités. Mais avant cela, le chef de l’État devra d’abord trouver la recette pour calmer le jeu social.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.