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Édito
Sans majorité absolue, privé du renfort d’une droite qui a explosé, Emmanuel Macron peut-il encore gouverner pendant quatre ans ?
Chahuté dans la rue, où la colère ne devrait pas désenfler après ce vote ric-rac, et contesté à l’Assemblée. Par ses adversaires bien sur, mais aussi par une partie de ses troupes qui ne digèrent pas son choix de recourir à l’article 49-3.
C’était manifeste lundi dans l’hémicycle : le chef de l’Etat est bien la principale cible du mécontentement, c’est même au fond la seule qui compte. Elisabeth Borne a sauvé son poste, pour un temps, mais son sort apparaît secondaire, presque anecdotique au regard de l’enjeu qui s’impose désormais au Président. Sans majorité absolue, privé du renfort d’une droite qui a explosé, peut-il encore gouverner pendant quatre ans ? Bref, comment peut-il sauver son quinquennat ?
Emmanuel Macron multiplie aujourd’hui les consultations, à commencer par le plus facile, avec Elisabeth Borne puis les présidents des groupes parlementaires et les chefs de parti de la majorité. Puis, un déjeuner avec les présidents des deux Assemblées, Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet. Ca va se corser un peu après puisqu’il recevra à l’Elysée l’ensemble des parlementaires de la majorité. La quasi-totalité d’entre eux voulaient aller au vote sur la réforme des retraites.
Renouer le dialogue avec les Français
Emmanuel Macron va devoir s’expliquer. Pas simple. D’autant que les sujets de friction se sont multipliés ces derniers temps entre les macronistes de Renaissance et le groupe Horizons des partisans d’Edouard Philippe. Mais tout cela n’est rien au regard d’une tâche autrement plus importante : renouer le dialogue avec les Français.
Mais comment faire ? A l’Elysée, on cogite sec. Certains pressent le Président de parler rapidement. Certes, sa personne attise la colère. Mais après tout, il s’est planqué depuis trois mois et cela ne l’a pas empêché de dégringoler au niveau de son impopularité record de la période gilets jaunes. Alors parler, mais pour dire quoi ? Le pays est sous tension, il n’attend pas forcément des annonces spectaculaires. L’opinion a peut-être davantage besoin d’être apaisée, rassurée, cajolée. Or, il est toujours plus difficile de la convaincre qu’on est décidé à changer de méthode, à dialoguer, mieux encore à écouter… Surtout quand, comme Emmanuel Macron, on a déjà fait le coup. Avant de rechuter.
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