Soirée d'Emmanuel Macron au théâtre perturbée : "L'allongement du conflit sur les retraites va conduire à multiplier ces interventions spectaculaires"
Les actions "coup de poing" se multiplient ces derniers jours contre la réforme des retraites.
"Cet allongement du conflit et cette volonté de le faire durer par ceux qui contestent le principe même de la réforme, ça va conduire à multiplier ces interventions spectaculaires", estime samedi 18 janvier sur franceinfo Stéphane Sirot, historien spécialiste des syndicats et des conflits sociaux, professeur d’histoire politique et sociale du XXe siècle à l’université de Cergy-Pontoise.
Il réagissait aux actions "coup de poing" des opposants à la réforme des retraites, qui ont notamment fait irruption vendredi au siège de la CFDT à Paris et qui ont tenté de pénétrer dans la soirée dans le théâtre des Bouffes du Nord, à Paris, où Emmanuel Macron assistait à une représentation.
"Le pourrissement joue beaucoup"
Après 45 jours de grève, "les syndicats doivent trouver d'autres formes de contestation : la grève reconductible peut difficilement s'étaler sur plusieurs mois", explique l'historien. "On va forcément avoir la multiplication de ce genre de situations."
"Le pourrissement joue beaucoup. Plus un conflit s'allonge, plus il dure dans le temps, plus les pertes pour les grévistes sont importantes. Et face à des concessions qui leur paraissent minimalistes, cela nourrit ces violences symboliques", rappelle Stéphane Sirot.
Depuis trois ou quatre ans, la société française est en ébullition sociale permanente.
Stéphane Sirot, historienà franceinfo
"Je ferais débuter cette phase [d'ébullition sociale] avec la contestation de la loi El-Khomry en 2016. Depuis, on a une succession quasi-permanente de contestation sociale, qui ne s'arrête quasiment jamais, sauf pendant les pauses estivales", souligne l'historien. "C'est quelque chose de très nouveau dans notre société et qui montre qu'il y a, socialement parlant, dans une grande partie de la société française, un grand malaise. Cela montre aussi que la critique monte contre l'insécurité permanente dans laquelle beaucoup de Français vivent, à cause des réformes libérales depuis 30 ou 40 ans."
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