Saumon fumé, fromages, charcuterie... Quatre questions sur les rappels de produits alimentaires potentiellement dangereux pour la santé

Article rédigé par Audrey Abraham
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Le rappel de pizzas Fraich'Up de la marque Buitoni, le 1er avril 2022. Photo d'illustration. (THIERRY LINDAUER / MAXPPP)
Pour éviter que les repas de fêtes ne virent au cauchemar, on peut voir le rappel de certains produits alimentaires. Comment sont-ils décidés, vérifiés ? Quels sont les acteurs impliqués et comment les consommateurs sont-ils prévenus ? franceinfo répond à ces questions.

Attention à ce que vous sortez du frigo pour les repas de fêtes. Un lot de saumon fumé tranché de Norvège, distribué par des grossistes, fait l'objet d'un rappel en raison de la possible présence de la bactérie listeria, qui peut être particulièrement dangereuse chez les femmes enceintes, rapporte le site gouvernemental Rappel Conso.

Cette plateforme, qui alerte sur ces produits dangereux en circulation est particulièrement active : pour la seule journée du 22 décembre 2023, ont été rappelés des voitures, de la charcuterie halal, du chorizo, un lutin décoratif, du lait de toilette ou encore des fromages. Mais qui en prend la décision ? Pourquoi les alertes sont-elles aussi fréquentes ? Comment les consommateurs sont-ils prévenus ? Voici quelques réponses afin d'éviter qu'un repas de fête se transforme en véritable cauchemar.

L'alerte alimentaire, c'est quoi ?

L'alerte alimentaire établit une anomalie sur un aliment. Il s'agit d'une "non-conformité du produit", qui représente potentiellement un danger pour les consommateurs, précise le ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Cette alerte survient généralement suite à la réalisation d'auto-contrôles par les professionnels ou de contrôles effectués par les autorités sanitaires. Parfois, la réception d'analyse arrive à postériori de la mise sur le marché. L'apparition de malades est également un facteur d'alerte. La détection de cas groupés permet ainsi de décider d'investigations pour en trouver la cause.

Le ministère de la Santé via son centre opérationnel de régulation et de réponse des urgences sanitaires et sociales (CORRUSS), les agences régionales de santé (ARS), Santé publique France (SpF) mais aussi les laboratoires sont coordonnés pour regrouper les informations. La Mission des urgences sanitaires (MUS) du ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire joue alors le rôle de chef d'orchestre, qui coordonne la préparation opérationnelle et de la gestion centrale des alertes. A noter que la MUS est également le point de contact des systèmes d'alerte sanitaire européen (RASFF -Rapid Alert System for Food and Feed) et international (INFOSAN) dans le domaine alimentaire.

Retrait du produit, rappel du produit : quelle différence ?

Les objectifs d'une alerte sont multiples. Interrompre l'exposition du consommateur au produit dans les rayons des magasins : c'est le retrait du produit. Informer le consommateur qui a déjà acheté le produit afin qu'il ne le consomme pas et s'il l'a déjà consommé qu'il puisse en parler à son médecin : c'est le rappel du produit. Il faut également éviter que la situation ne se reproduise, par exemple, en mettant en place des mesures adaptées au sein de l'entreprise productrice. La direction générale de l'alimentation (DGAL) s'appuie ensuite sur les services régionaux et départementaux pour procéder à la gestion des alertes. Il s'agit de réaliser des enquêtes de traçabilité sur les produits suspects et d'identifier les lots concernés. La composition du produit, la provenance des ingrédients et le chemin parcouru par les lots sont vérifiés.

Des inspections ont lieu dans les entreprises concernées pour garantir un retour à un niveau de sécurité sanitaire satisfaisant. Des prélèvements sont réalisés sur les matières premières, des échantillons de produits finis suspects ou sur des restes mis à disposition par des malades. 

Affichettes dans les magasins, appels aux acheteurs : quelles obligations ?

Lorsqu'un aliment a été mis sur le marché et qu'il présente un danger, il doit en être retiré. S'il a déjà commencé à être vendu aux consommateurs et que ceux-ci sont susceptibles de le consommer, le produit fait également l'objet d'un rappel.

Les rappels sont publiés sur le site Rappelconso. Ils doivent permettre d'identifier précisément le produit : sa dénomination, la ou les marques sous lequel il est vendu ainsi que les différents lots concernés. Ce sont les exploitants qui saisissent les informations du rappel directement sur le site et les fiches sont publiées après validations des autorités.

Cette information vient en complément d'autres biais d'information pour cibler au plus près le consommateur concerné. Les affichettes doivent être placées dans les magasins de façon visible pendant deux semaines pour les produits frais et deux mois pour les produits à longue conservation. Lorsque cela est possible le magasin prévient le consommateur directement par mail ou par téléphone. Parfois, il est jugé nécessaire de publier un communiqué de presse lorsque le produit est à l'origine de cas dangereux pour la santé humaine. 

Les alertes alimentaires sont-elles de plus en plus fréquentes ?

D'après le ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, il n'y a pas plus d'alertes alimentaires ces dernières années. En revanche, les efforts engagés récemment permettent une meilleure visibilité de ces rappels, notamment depuis la mise en service du site Rappelconso en 2021.

Par ailleurs, toujours selon le ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, l'installation de nouvelles entreprises, le développement de nouveaux produits et de nouveau modes de consommation "peut générer de nouveaux dangers." Le ministère précise que les normes évoluent accompagnant les progrès et changements de pratiques et que les alertes sont le "témoin d'un système de contrôle actif et vigilant."

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