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Vidéo Les régions, le bon filon des syndicats pour récupérer de l'argent public

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Oeil 20h - 20/06/2019
Oeil 20h - 20/06/2019 Oeil 20h - 20/06/2019
Article rédigé par L'Oeil du 20 heures
France Télévisions

Nous nous sommes intéressés aux Ceser, des assemblées régionales où syndicats et associations se réunissent pour produire des rapports qui finissent souvent au placard ! Alors est-ce que Ceser... à rien ? Ces instances profitent tout de même à certains...

Vous connaissez peut-être le Cese, le Conseil économique, social et environnemental. Peut-être moins ses déclinaisons en régions, les Ceser. Il s'agit d'instances qui donnent leur avis au Conseil régional sur sa politique. Leurs membres sont choisis par les syndicats et les associations. Il en existe un par région.

Nous nous rendons à Metz, où se tient justement jeudi 13 juin l’une des cinq réunions annuelles en plénière du Ceser de la région Grand-Est. Pour les 145 membres (sur 180) présents ce jour-là, seulement quatre points à l’ordre du jour. Lesquels déjà ? "On va le découvrir en même temps que le reste de la salle”, esquive un participant en pénétrant dans l'hémicycle. "Je sais bien qu’il y a plusieurs motions à signer, mais je n’ai pas tout en tête…", nous répond un autre, embarrassé.

17 rapports en 2018 pour... 3,5 millions € de budget

Des conseillers pas toujours très concernés donc, et qui ne croulent pas vraiment sous le travail : en 2018, seulement 28 membres sur 180 ont participé à la rédaction d’un rapport. "Le temps de maturité d’un avis sur un sujet prend quelquefois du temps, jusqu'à un an", assure Pierre Charles, représentant de l'Union des associations de tourisme et de plein air (Unat) au Ceser Grand-Est.

Résultat l’an passé : seulement 17 rapports de sept pages en moyenne, pour 3,5 millions € de budget. "L’efficacité, ça ne repose pas sur un calcul de volume de ce qu’on fait, se défend Patrick Tassin, président du Ceser Grand-Est. Ce qui nous intéresse, c’est plutôt la pertinence de ce qu’on raconte."

Les rapports du Ceser n’avaient aucun intérêt, on n’y enfonçait que des portes ouvertes !

Jean-Louis Masson, sénateur (divers droite) de la Moselle

Une pertinence qui ne saute pourtant pas aux yeux. Par exemple dans ces trois pages de rapport consacrées à la politique touristique de la Région, avec en guise de révélations : “l’activité est en évolution rapide” ou encore “elle est porteuse d’emplois”.

Le sénateur (divers droite) Jean-Louis Masson, ancien conseiller régional, a plusieurs fois réclamé la suppression des Ceser. “Leurs rapports n’avaient aucun intérêt, on n’y enfonçait que des portes ouvertes !, dénonce l'élu de Moselle. On ne peut pas se permettre de telles structures bidons qui coûtent de l'argent pour faire de la parlote." Alors, inutiles les Ceser, vraiment ?

Les syndicats sous perfusion de l'argent public des Ceser

A l’Oeil du 20h, nous avons découvert que les malaimés Ceser servent aussi à financer les syndicats. Au Ceser Grand-Est, ils sont 58 syndicalistes, CFDT et CGT en tête. Comme tous les conseillers, ils touchent une indemnité mensuelle : 1219 € pour un simple membre, 2500 € pour le président, issu de la CGT. Mais cet argent public, ces conseillers, souvent retraités, le reversent à leur organisation ! Voilà comment les contribuables financent les syndicats sans le savoir.

Le Ceser rapporte par exemple 250 000 € par an à la CFDT Grand-Est et plus de 100 000 € à la CGT régionale, soit... un tiers de son budget ! Rien d’illégal, mais ça agace le président de la région, qui a par ailleurs subventionné les syndicats à hauteur de 150 000 € l'an passé. “Je regrette ce genre de fonctionnement, nous déclare Jean Rottner, président (LR) du conseil régional Grand-Est. Je pense qu’il faut être absolument clair et interdire ce subventionnement indirect des syndicats.”

Les syndicats en profitent, tant mieux

Bruno Malthet, représentant CFDT au Ceser Grand-Est

Une pratique qui ne se limite pas au Grand-Est et qui est assumée par tous les syndicats interrogés. “Dans l’opération on ne s’enrichit pas personnellement, rappelle Bruno Malthet, représentant de la CFDT au Ceser Grand-Est. Les syndicats ont aussi besoin de fonctionner, donc ils en profitent, tant mieux.”

Et pour en profiter encore plus, il faut se rendre à toutes les réunions du Ceser, puisque le montant des indemnités perçues est proportionnel au taux de présence. Alors pour renflouer ses caisses, la CGT Grand-Est va bientôt remplacer ses conseillers les moins assidus par des nouveaux… plus rentables.

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