Aéroport de Beauvais : la Cour des comptes dénonce un important manque à gagner dû à des avantages irréguliers consentis à Ryanair
Selon la Cour des comptes, le manque à gagner, en 6 ans, a atteint près de 85 millions d'euros.
Dans un référé rendu public lundi 19 juin et portant sur l'examen de la gestion de l'aéroport de Beauvais-Tillé (Oise), la Cour des comptes pointe les avantages irréguliers consentis à la compagnie aérienne Ryanair.
Ces pratiques, qui aboutissent à un manque à gagner d'environ 85 millions d'euros en 6 ans, altèrent le modèle de développement économique de la plateforme et contreviennent aux règles de gestion des délégations de services publics. Les autres compagnies aériennes sont également lésées, selon la Cour des Comptes.
Ryanair représente 83% du trafic passager
Présente depuis 1997 au départ de Beauvais, avec une première ligne vers Dublin (Irlande), la compagnie à bas-coûts Ryanair représente 83% du trafic passager de cet aéroport. Le problème, selon la Cour des comptes, est que les avantages consentis à la compagnie sont trop importants. Cela aboutit à ce que la "performance financière" de l'aéroport se retrouve en retrait par rapport aux aéroports français de même dimension, comme Bâle-Mulhouse, Bordeaux-Mérignac et Lille-Lesquin.
Le gestionnaire de l'aéroport a également, selon la Cour des comptes, équilibré les déficits de l'activité aéroportuaire en incluant dans les bilans financiers l'activité de la ligne d'autocar qui relie Paris à l'aéroport de Beauvais, et qui achemine de nombreux voyageurs.
La Cour des comptes pointe notamment des accords commerciaux irréguliers avec Ryanair, comportant une réduction de la taxe de sûreté aérienne, des remises importantes sur les redevances aériennes payées par la compagnie, et l'absence totale de facturation de l'assistance en escale.
Volonté de contrôle d'une autorité de supervision indépendante
Ces remises et libéralités ont été accordées "en contradiction avec la réglementation relative aux redevances aéroportuaires", pointe encore la Cour des comptes.
La Cour des comptes formule quatre recommandations pour remédier à cette situation, et propose notamment que les redevances et tarifs proposés par les aéroports aux compagnies aériennes soient soumis au contrôle d'une autorité de supervision indépendante.
Elle recommande également d'analyser désormais les impacts fiscaux de ces accords illicites entre Ryanair et le gestionnaire de l'aéroport de Beauvais, en raison de la "vente à perte des prestations d'assistance en escale."
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