Cinq idées pour que les routes de France n'aient plus un goût de bouchon
Les embouteillages ont coûté 17 milliards d'euros en France en 2013. Et la facture pourrait atteindre 22 milliards en 2030. Mais des solutions existent dans le monde pour lutter contre ce phénomène.
Une facture de 17 milliards d'euros en 2013. C'est le coût exorbitant des bouchons en France. D'après une étude réalisée par le fournisseur d'informations routières Inrix, relayée par Le Parisien mardi 14 octobre, ce sont "46 millions d'euros qui partent en fumée chaque jour". Et cela ne va pas s'arranger : ce montant pourrait encore augmenter pour atteindre 22 milliards par an en 2030.
Alors que "la France est le quatrième pays d'Europe le plus embouteillé", comme l'affirme le porte-parole de la société Inrix, Thibault Peulen, quelles sont les solutions pour lutter efficacement contre les bouchons ? Francetv info a repéré quelques bonnes idées à travers le monde.
Le "rodizio" à Sao Paulo
Depuis 1997, Sao Paulo a adopté le système du "rodizio" ("rotation" en portugais), afin de contrôler le trafic des voitures dans le centre de la ville et de limiter la pollution. Les habitants de la mégapole doivent se conformer à la carte et au planning de la Compagnie d'ingénierie du trafic (CET).
En fonction du dernier numéro de leur plaque d'immatriculation (1 et 2 le lundi, 3 et 4 le mardi...), les véhicules ont l'interdiction de circuler un jour par semaine aux heures de pointe, entre 7 heures et 10 heures, et entre 17 heures et 20 heures. Et il est impossible d'y échapper, les contrôles sont très fréquents et les agents du CET, des policiers chargés uniquement de la circulation, surveillent la plupart des carrefours. En cas d'infraction, le conducteur se voit infliger une amende et un retrait de 4 points sur son permis de conduire. Seule exception, le "rodizio" est généralement suspendu pendant les vacances de Noël.
La mesure a permis de limiter la circulation dans le centre-ville, même si la circulation dans Sao Paulo reste anarchique et que la ville est connue pour être l'une des plus embouteillées au monde, rappelle Time (en anglais).
Le péage urbain à Londres
A Londres, depuis le 17 février 2003, vous devez payer 11,50 livres (14,50 euros) pour accéder entre 7 heures et 18 heures au centre-ville. La zone de péage est définie au sol par un grand "C" peint en blanc sur fond rouge, indiquant l'entrée dans la zone de "congestion charge". Les plaques d'immatriculation des véhicules sont identifiées par 1 900 caméras de surveillance, selon Le Monde, pour que le système vérifie que le paiement a bien été effectué. Si l'utilisateur n'a pas payé avant d'entrer dans la zone, il a jusqu'à minuit de la même journée pour payer. Sinon, il se verra infliger une majoration. Taxis, voitures "propres" (rejetant moins de 100 g de CO2 par kilomètre), motos et véhicules d'urgence sont exemptés. La nuit et les week-ends sont gratuits.
La mesure a été efficace. Le nombre de voitures entrant dans la zone a baissé de 15% presque du jour au lendemain et ce chiffre est resté stable depuis, rappelle Le Monde (article payant). Problème : si le trafic a été nettement réduit, les embouteillages demeurent, notamment autour de la capitale, et la qualité de l'air ne s'est pas améliorée, précise le quotidien. D'autres villes en Europe, comme Oslo (Norvège), Stockholm (Suède) ou Milan (Italie), ont depuis, elles aussi, adopté le système du péage.
La synchronisation des feux rouges à Los Angeles
Pour réduire la circulation et la pollution, un nouveau système de contrôle et de surveillance de la circulation automatisé a été mis en place l'année dernière, à Los Angeles (Etats-Unis). Comme le raconte le New York Times (en anglais), le maire de cette ville de Californie, Antonio Villaraigosa, a inauguré, en avril 2013, un système de synchronisation de l’ensemble des 4 500 feux rouges de la ville.
Ce système recueille, en temps réel, à l'aide de capteurs placés sur la route, des informations sur le trafic routier pour adapter et synchroniser la fréquence des feux. Lorsqu'il y a des accidents, des routes fermées ou une trop forte affluence, le système s'adapte automatiquement pour fluidifier au mieux la circulation. Pour le maire de Los Angeles, ce système, "le plus abouti au monde", permet de réduire les temps à l'arrêt et donc les temps de conduite, ce qui génère moins de pollution. Dans les faits, grâce à ce système, un automobiliste met 17,2 minutes pour parcourir 5 miles au lieu de 20 minutes. Un système efficace, selon The Wire, mais qui ne pourra pas résoudre, à lui seul, les problèmes d'embouteillages dans la ville.
Les voies réservées aux véhicules transportant plusieurs passagers au Canada et aux Etats-Unis
Les Etats-Unis et le Canada ont mis en place des "voies réservées aux véhicules à occupation multiple" sur certaines portions d'autoroutes très fréquentées. Ces "carpool lanes" ou "HOV lanes" sont exclusivement réservées, sous peine d'amende, aux taxis, bus mais aussi aux véhicules transportant deux personnes et plus. Ces voies, qui permettent de gagner du temps sur les trajets journaliers, encouragent la pratique du covoiturage et l'utilisation des transports en commun.
Très répandues aux Etats-Unis, ces "HOV lanes" ont fait l'objet de nombreuses critiques, notamment concernant la sous-utilisation de ces voies. Mais de récentes études montrent des effets positifs sur la fluidification du trafic, comme le souligne le Bureau pour la science et la technologie de l'ambassade de France aux Etats-Unis. Trois chercheurs de l'université de Berkeley (Californie) ont, pour leur part, démontré, en 2008, l'efficacité des "HOV lanes" sur la réduction des embouteillages.
Et ce système pourrait bientôt arriver en France. Frédéric Cuvillier, ancien secrétaire d'Etat aux Transports, avait en effet annoncé, en juin, vouloir ouvrir les bandes d'arrêt d'urgence à certains véhicules, sur certains créneaux horaires, pour fluidifier la circulation dans les grandes agglomérations.
Le "bus volant" à Pékin
Depuis 2010, des ingénieurs chinois de Shenzhen Hashi Future Parking Equipment Co développent un concept de "bus volant". Ce véhicule, qui fonctionnera à l'énergie solaire, survolera les voitures en surplombant la circulation. Posée sur des rails encadrant la route, cette sorte de gros tramway surélevé permettra aux véhicules de moins de 2 m de passer en dessous, rapporte Le Figaro. Et ses stations n'entraveront pas la circulation car elles seront situées en hauteur et accessibles via un ascenseur.
D'une hauteur totale de 4,5 m, ce bus du futur devrait circuler à une vitesse de 60 km/h et pourrait transporter jusqu'à 1 400 passagers en même temps.
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