EADS va supprimer 5 800 postes, dont un millier en France
Le géant européen de l'aéronautique réorganise ses activités Défense et Espace en Europe, pour renforcer sa compétitivité.
Une nouvelle restructuration de grande ampleur chez le géant européen de l'aéronautique. EADS a annoncé, lundi 9 décembre, à Munich en Allemagne, lors d'un comité d'entreprise européen, la suppression de 5 800 postes sur trois ans dans ses activités "Défense" et "Espace" en Europe. Le groupe, qui se rebaptise au 1er janvier groupe Airbus, se réorganise pour être plus compétitif. Explications.
Quelles sont les filiales concernées ?
EADS a présenté un plan très attendu : la réorganisation de ses activités militaires et spatiales au sein d'une nouvelle division Airbus Defence and Space. Le président exécutif d'EADS, Tom Enders, a entrepris de regrouper les divisions "Défense", (Cassidian), "Espace" (Astrium), avec la production d'avions de transport militaires d'Airbus Military, au sein d'une seule division baptisée "Airbus Defense and Space".
Fin juillet, "Major Tom" avait annoncé une réorganisation du groupe autour de trois divisions : Airbus pour l'aviation civile, Airbus Defence & Space pour les activités militaires et spatiales, et Airbus Helicopters (Eurocopter).
Les restructurations annoncées ne concernent pas la division Airbus qui fabrique les avions civils. Cette branche en plein essor, et qui pèse près de 80% du chiffre d'affaires du groupe, avait dû se restructurer en 2007, quand un plan social avait supprimé 7 900 postes.
Quels sont les pays les plus touchés ?
L'Allemagne sera le pays le plus touché avec environ 2 600 postes supprimés, contre environ 1 700 en France, 700 au Royaume-Uni et 600 en Espagne, selon une source industrielle citée par l'AFP. Ces chiffres sont des approximations, d'où un total différent du chiffre officiel.
Le groupe va proposer des mesures de reclassement dans ses filiales Airbus et Eurocopter, rebaptisée Airbus Helicopters, à hauteur de 1 500 postes, 1 300 contrats d'intérimaires ne seront pas renouvelés et des mesures de départs volontaires seront aussi mises en place.
EADS, qui emploie 144 000 personnes dans le monde, dont 54 366 en France et 50 177 en Allemagne, selon la direction, estime entre 1 000 et 1 450 le nombre des licenciements secs potentiels.
Combien de postes seront supprimés en France ?
En France, environ 1 700 postes seront concernés, selon une source de Reuters. Le syndicat Force ouvrière fait état de son côté d'un millier d'emplois français concernés. La CFE-CGC parle quant à elle de 1 430 postes concernés en France, dont 1 070 chez Astrium (filiale spatiale) et 360 chez Cassidian (filiale de défense).
EADS quittera ses locaux parisiens du boulevard de Montmorency, dans le très chic 16e arrrondissement. Les activités seront transférées, non loin de là, sur son site de Suresnes (Hauts-de-Seine). La réorganisation entraînera également un regroupement "significatif" de sites en Allemagne, en France, en Espagne et en Grande-Bretagne, indique EADS, sans plus de précisions.
Pourquoi avoir décidé cette restructuration ?
Des commandes militaires en baisse en Europe. Tom Enders avait déjà préparé les esprits récemment, par voie de presse, en annonçant des "mesures draconiennes". "Major Tom" en avait donné l'explication : les réductions de commandes militaires, notamment en Allemagne, ne pourront "pas rester sans conséquence pour l'activité et les emplois".
Des marchés émergents à conquérir. "Compte tenu de la décroissance de nos marchés traditionnels, nous devons d'urgence améliorer notre accès aux clients internationaux et aux marchés en croissance", a-t-il encore argumenté dans un communiqué. Conséquence, selon lui : "Nous devons renforcer la compétitivité de nos activités spatiales et de défense, et nous devons le faire maintenant".
Des économies à réaliser. "Pour cela, il nous faut réduire les coûts, éliminer les duplications de produits et de ressources, créer des synergies dans nos opérations et notre portefeuille de produits, et mieux cibler nos efforts de recherche et développement. C'est précisément ce que vise le plan de réorganisation et d'intégration de notre pôle Défense et Espace", a-t-il fait valoir.
Le syndicat Force Ouvrière (FO), premier à réagir, a dénoncé une course à la rentabilité financière. FO a critiqué "une logique purement financière avec comme seule volonté affichée, un taux de rentabilité à 10 %". Il a exigé que le groupe EADS ne procède à "aucun licenciement sec".
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