: Vidéo Chantal Jouanno : au-delà de la polémique sur sa rémunération, "elle s'interrogeait sur la nature de ce débat", selon Michel Sapin
Michel Sapin, ancien ministre des Finances, explique sur franceinfo mercredi "comprendre" la décision de Chantal Jouanno de se retirer du pilotage du grand débat national, y voyant une décision motivée par des raisons "profondes", au-delà de la polémique sur son niveau de salaire.
"Je comprends la décision" de Chantal Jouanno, "c'est surtout une décision personnelle", a déclaré sur franceinfo mercredi 9 janvier Michel Sapin, ancien ministre des Finances, après l'annonce de Chantal Jouanno de se retirer du pilotage du grand débat national, en pleine polémique sur le niveau de son salaire de présidente de la commission nationale du débat public (CNDP).
franceinfo : Comprenez-vous la décision de Chantal Jouanno ?
Michel Sapin : Je la comprends parce que je crois que c'est surtout une décision personnelle. Elle a été marquée par le débat sur sa rémunération. Elle ne veut pas en être prisonnière, mais je pense qu'il y avait des raisons plus profondes. Elle s'interrogeait sur la nature de ce débat, est-ce que c'était un débat libre, suffisamment encadré pour que ce ne soit pas le déversement de toutes les démagogies possibles et imaginables, ou est-ce que c'est un débat dont le président de la République serait le grand ordonnateur et dont on connaîtrait à l'avance le résultat ?
Qu'elle est votre réponse à cette question ?
Je ne le sais pas et je pense que personne ne le sait. C'est une des raisons de ce désordre dans les esprits. Au départ, pour le président de la République, cette histoire du grand débat était une manière de trouver une porte de sortie. C'était une habileté pour dire on va arrêter de manifester, on va arrêter de sortir tout et n'importe quoi sur des pancartes, maintenant on va essayer de faire ça de manière civilisée dans des préfectures ou des mairies. On voit que cette habileté ne marche pas. Ce dont les Français ont besoin c'est qu'on revienne sur un certain nombre de décisions et en particulier sur des décisions fiscales.
La suppression de la taxe d'habitation pour les 20% des Français les plus riches va être soumise à débat. Est-ce une bonne chose ?
Là aussi c'est une forme d'habileté. Qu'est ce qui choque les Français ? Je l'ai dit des fois et des fois depuis l'été 2017. C'est la suppression de l'impôt sur la fortune et quelque chose qui est plus difficile à expliquer qui s'appelle la flax taxe, c'est-à-dire que les revenus du capital sont beaucoup, beaucoup, moins imposés que les revenus du travail. On nous dit on n'y touchera pas alors que c'est cela qui est demandé. C'est cela la justice fiscale. C'est : "Pourquoi avez-vous donné 5 milliards à 1% des plus riches ?" Comme il ne veut pas toucher à cela, qui est une sorte de marqueur économico-social, politique pour le président, alors il y a un deuxième débat sur la taxe d'habitation des 20%. Vous vous rendez compte. On compare 5 milliards pour 1% des Français à 7 milliards pour 20% des Français. Je pense que c'est une mauvaise idée de débattre de la suppression de la taxe d'habitation. C'est un impôt au bénéfice des collectivités locales donc on complique énormément le débat avec les collectivités.
Le gouvernement a précisé que le grand débat national ne concernait pas la peine de mort, le mariage pour tous ou l'IVG. A-t-il bien fait ?
Il fallait cette mise au point. Il faut faire très attention aux initiatives citoyennes. Il ne faut pas que ce soit le défouloir de toutes les démagogies et en particulier des démagogies portées par des revanchards de droite ou d'extrême droite.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.