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Des "gilets jaunes" blessés créent un collectif et appellent à une manifestation nationale le 26 mai

Dix-neuf personnes, en majorité des "gilets jaunes" blessés par des tirs de lanceur de balles de défense (LBD) ou de grenades, ont présenté dimanche ce collectif qui vise à faire interdire "l'utilisation de ces armes de guerre".

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des manifestants expriment leur soutien envers les "gilets jaunes" blessés, lors du 24e samedi de mobilisation des "gilets jaunes", le 27 avril 2019 à Paris.  (JONATHAN PHILIPPE LEVY / HANS LUCAS / AFP)

Un mouvement intitulé "les mutilés pour l'exemple". Des manifestants gravement blessés par les forces de l'ordre, parmi lesquels une majorité de "gilets jaunes", ont annoncé la création d'un collectif, dimanche 28 avril, à Gennevilliers (Hauts-de-Seine) et appelé à une grande manifestation nationale à Paris, le 26 mai prochain. 

"On a décidé de constituer un collectif, 'les mutilés pour l'exemple', en référence aux fusillés pour l'exemple", a déclaré lors d'une conférence de presse Robin Pagès, handicapé depuis sa grave blessure au pied en 2017 à Bure (Meuse), où est prévu un site d'enfouissement de déchets nucléaires.

Dix-neuf personnes, toutes blessées par des tirs de lanceur de balles de défense (LBD) ou de grenades, ont présenté ce collectif qui vise à combattre "l'ultra-violence de la répression" et souhaite faire interdire "l'utilisation de ces armes de guerre".

"L'horreur au quotidien"

"Vous avez 19 personnes devant vous et vous n'avez que 26 yeux qui vous regardent. Faites le compte, il y a un petit problème", a asséné Jérôme Rodrigues, "gilet jaune" éborgné lors d'une manifestation, fin janvier à Paris. Chacune des personnes présentes a raconté cette "vie qui a basculé" ou l'impossibilité "de pouvoir se regarder dans une glace".

La nuit, c'est des insomnies, des cauchemars. C'est l'horreur au quotidien pour essayer de se démerder comme on peut avec une main. Pour l'instant, c'est l'enfer total.

Sébastien Maillet

blessé lors d'une manifestation des "gilets jaunes"

"La monophtalmie complique toute votre vie. Les choses vous demandent beaucoup de temps et il y a un impact psychologique sur votre entourage et vos proches", a expliqué de son côté Patrice Philippe, ex-chauffeur routier de 50 ans blessé à l'œil par un tir de LBD, le 8 décembre 2018. "De nombreuses personnes ici présentes ont des plaques en titane et des vis dans le visage", a ajouté Robin Pagès.

D'après le collectif, depuis le début du mouvement des "gilets jaunes", 22 personnes ont perdu un œil et cinq ont été amputées d'une main, "sans compter les autres mutilations" (perte d'odorat, testicule amputé). "On réclame la vérité, la justice et l'interdiction des armes dites sublétales", a souligné Robin Pagès. Selon ce dernier, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner "ment" quand il parle de "seulement dix personnes touchées à la tête par des tirs de LBD".

Plusieurs associations militent pour l'interdiction de cette arme lors des manifestations. Début mars, le ministère de l'Intérieur comptabilisait 13 095 tirs de LBD depuis le premier acte du mouvement des "gilets jaunes", et 83 enquêtes pour des tirs potentiellement problématiques.

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