Durée, lieux, coordination... Comment va s'organiser le grand débat national qui débute mardi
Le gouvernement compte d'abord sur les maires pour jouer le jeu et organiser des discussions au niveau local.
On en sait enfin davantage sur l'organisation du grand débat national voulu par Emmanuel Macron pour répondre à la crise des "gilets jaunes". Dans un communiqué transmis à la presse lundi 14 janvier, le Premier ministre Edouard Philippe a précisé les modalités de son organisation. Durée, lieux, modération... Voici ce qu'il faut savoir sur la manière dont cette consultation se déroulera.
Qui peut participer ?
Tout le monde, semble-t-il. "Citoyens, élus et institutions, organisations à but lucratif ou non-lucratif : le gouvernement souhaite que le plus grand nombre participe et organise des débats", indique le communiqué diffusé par Matignon. Le gouvernement dit compter sur "chacun de nos concitoyens pour prendre l'initiative et permettre la discussion la plus large et la plus représentative possible". L'exécutif appelle en outre "tous les maires qui le souhaitent" à contribuer aux discussions en organisant eux-mêmes des réunions dans leurs communes ou en facilitant leur organisation.
De quoi pourra-t-on parler ?
Dans sa lettre aux Français, rendue publique dimanche, Emmanuel Macron a détaillé les quatre thèmes qui seront débattus : fiscalité et dépenses publiques ; organisation des services publics ; transition écologique ; démocratie et citoyenneté. Le chef de l'Etat les a déclinés en 32 questions au total : des questions "qui me semblent au cœur de nos interrogations", écrit-il.
>> Grand débat national : les 32 questions que Macron pose aux Français
"Pour moi, il n'y a pas de questions interdites, a précisé Emmanuel Macron dans son courrier. Nous ne serons pas d'accord sur tout, c'est normal, c'est la démocratie." Le président de la République a cependant écarté tout retour sur la réforme de l'ISF : "Nous ne reviendrons pas sur les mesures que nous avons prises (...) afin d'encourager l'investissement et faire que le travail paie davantage." Le droit à l'interruption volontaire de grossesse, ni l'interdiction de la peine de mort, ni le mariage pour tous ne seront "sur la table", avait précisé quelques jours plus tôt le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux.
Comment pourra-t-on participer ?
• Sur internet ou par courrier. Dès le 21 janvier, tout un chacun pourra déposer sa contribution sur le site www.granddebat.fr ou l'envoyer par courrier postal à l'adresse : Mission Grand Débat - 244, boulevard Saint-Germain - 75007 Paris.
• Lors de "réunions d'initiatives locales". Le gouvernement compte d'abord sur les maires pour jouer le jeu et organiser des discussions au niveau local. C'est en ce sens qu'a été reçu lundi après-midi, à l'Elysée, Vanik Berbérian, président de l'Association des maires ruraux de France (AMRF), qui compte quelque 10 000 membres.
Afin de centrer le débat sur les problèmes du quotidien, l'exécutif met d'ailleurs à disposition 1 264 "kits territoriaux", soit un par intercommunalité. Ces dossiers sont composés de données chiffrées, en fonction du secteur, sur le logement, l'accès à la santé, à la culture ou encore le temps de transport moyen pour se rendre au travail.
• Sur des "stands de proximité". Ces derniers seront "installés dans des lieux de passage du quotidien", explique Matignon, sans plus de précisions. "Ils permettront à ceux qui le souhaitent de donner leur avis sur les thématiques mises au débat", écrivent les services du Premier ministre. La Commission nationale du débat public évoquait la possibilité de les organiser dans "100 sites différents", notamment dans des gares et sur des marchés.
• Lors de "conférences citoyennes" régionales. A partir du 1er mars, "des Français tirés au sort" seront chargés, aux côtés de "représentants de diverses parties prenantes", d'élaborer des "pistes concrètes" à partir des résultats des premières semaines du débat.
Où sont organisés les débats ?
Dès mardi 15 janvier, vous devriez pouvoir accéder à la liste des débats organisés dans votre région sur le site internet lancé par le gouvernement pour l'événement. Ce site vous permettra également de vous enregistrer, afin d'organiser vous-même un débat. Le site ne permettait pas encore d'accéder à ces informations, mardi matin, et invitait seulement les internautes à communiquer leur adresse e-mail "pour être informé de l'ouverture".
Par ailleurs, deux numéros verts permettront d'obtenir des renseignements sur les événements organisés près de chez vous. Il s'agit du 0 800 97 11 11 pour la France métropolitaine et du 01 82 71 03 39 pour l'Outre-Mer.
Qui encadrera ce débat ?
• Deux membres du gouvernement. Le ministre des Collectivités territoriales Sébastien Lecornu et à la secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique Emmanuelle Wargon sont "chargés de faire vivre le débat", indique le communiqué d'Edouard Philippe. Cette annonce a fait grincer des dents l'opposition, qui craint pour l'indépendance du débat.
"Moi aussi, je suis d'accord pour dire que le grand débat ne peut être placé sous le contrôle de ministres ou du gouvernement. Mais ce n'est pas ça que nous faisons", s'est défendue Emmanuelle Wargon sur Europe 1. "Sébastien Lecornu et moi sommes en charge de l'organisation opérationnelle et de la mobilisation de tous. Concrètement, nous serons les interlocuteurs des maires, des associations ou des citoyens qui souhaitent organiser des débats, mais ne savent pas toujours comment le faire", a-t-elle expliqué.
• Cinq "garants". Ces cinq personnes seront nommées vendredi pour "garantir l'indépendance" du grand débat national, a annoncé Matignon. Deux de ces cinq personnes seront désignées par le gouvernement, tandis que les trois autres seront nommées respectivement par le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand (LREM), le président du Sénat Gérard Larcher (LR) et celui du Conseil économique, social et environnemental, Patrick Bernasconi.
Ces cinq "garants" seront "indépendants du gouvernement et reconnus pour leur engagement au service de l'intérêt général" et "s'assureront de l'impartialité et de la transparence de la démarche", assure également Matignon. "Tout ce qui est garanti neutralité, impartialité, qualité de la restitution" des débats "sera assuré par [ce] collège", a affirmé Emmanuelle Wargon.
Combien de temps durera-t-il ?
Deux mois. Le coup d'envoi sera donné mardi 15 janvier, et la consultation sera clôturée le 15 mars. Ensuite, pendant un mois, les remontées de terrain seront traitées et des décisions prises en conséquences avant la fin du mois d'avril.
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