"Elle nous a écoutés mais elle a souvent répété, ‘c’est pas nous’" regrettent les "gilets jaunes" rencontrés par Agnès Buzyn
La ministre de la Santé a été envoyée à la rencontre de huit représentants des "gilets jaunes". Agnès Buzyn a entendu leur colère sans vraiment les convaincre que le gouvernement est à l’écoute.
Jean-Michel Blanquer dans les Hautes-Alpes, Agnès Buzyn en Lozère… Plusieurs ministres issus de "la société civile" sont partis au chevet des "gilets jaunes" dans les territoires. La ministre de la Santé a ainsi rencontré huit représentants des manifestants à Saint-Chély d’Apcher, entre Le-Puy-en-Velay et Rodez, jeudi 10 janvier.
Des ministres aux pieds sur terre pour rencontrer les Français
Objectif : envoyer un ministre "normal", qui n’est pas déconnecté des préoccupations des Français, discuter avec les "gilets jaunes" des campagnes. Agnès Buzyn a donc commencé… par se présenter : "Je suis médecin, j’ai fait toute ma carrière à l’hôpital public, à Paris."
La ministre écoute, prend des notes, les échanges sont courtois. "La colère, franchement je la comprends", dit-elle. Agnès Buzyn est souvent d’accord avec ses interlocuteurs et le ton ne monte pas note Benoit, ancien exploitant agricole : "On ne peut pas agresser quelqu’un qui est d’accord avec nous. Elle reconnaît, et pas à demi-mots, elle reconnaît complètement, que nos revendications sont concrètes et fondées."
L’occasion de faire de la pédagogie
Pouvoir d’achat, fiscalité, formation, les sujets abordés sont nombreux. Mais aussi - dans cette zone très rurale de la Lozère - les problématiques de services publics, de déserts médicaux et là-dessus, c’est l’occasion pour la ministre d’expliquer. "C’est terrible, tout le monde pense que je veux fermer les maternités parce qu’il n’y a pas d’argent. C’est faux, s’anime Agnès Buzyn. Ce n’est pas une question d’argent. Simplement, il y a des endroits où il n’y a plus d’obstétricien ou de pédiatre pour faire accoucher les femmes, c’est technique en fait, bêtement technique."
Mais les "gilets jaunes" ne semblent pas dupes. "Effectivement, elle nous a écouté, mais elle a souvent répété, ‘c’est pas nous, c’est ceux d’avant’, regrette par exemple Catherine. Ça ça m’a un peu choqué". Mais d'autres y voient quand même une opportunité de s’adresser frontalement à nos gouvernants. "C’est à cette hiérarchie politique de sortir de ses contrées parisiennes pour venir au contact des populations, se réjouit un autre représentant. Et de prendre quelques réflexions, quelques phrases chocs dans la figure pour leur faire comprendre l’urgence de la situation."
La visite d’Agnès Buzyn aura duré une heure et demie, avec une demande récurrente des "gilets jaunes" : "Madame la ministre, dites-leur, racontez-leur, à Paris, notre colère."
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