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"Gilets jaunes" : cette contestation "rentre dans les modèles classiques de mouvements nés d'Internet"

Fabrice Epelboin, enseignant à Sciences Po Paris et spécialiste des réseaux sociaux, analyse le mouvement "des gilets jaunes".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des "gilets jaunes" sur un rond-point à Moncel-lès-Lunéville, en Meurthe-et-Moselle, le 4 décembre 2018 (photo d'illustration). (THIERRY COLIN / FRANCE-BLEU SUD LORRAINE)

Le mouvement des "gilets jaunes" est "sans précédent en France", mais pas "unique", il "rentre dans les modèles classiques de mouvements nés d'Internet", a expliqué jeudi 6 décembre sur franceinfo Fabrice Epelboin, enseignant à Sciences Po Paris et spécialiste des réseaux sociaux.

"On s'inscrit complètement dans l'archétype d'une série de mouvements qui sont nés à travers les possibilités militantes données par Internet et notamment par Facebook, que ce soit la révolution tunisienne et l'ensemble du printemps arabe, ou Occupy Wall Street", développe-t-il.

Le spécialiste des réseaux sociaux considère que ce mouvement "a une caractéristique très clairement violente". "On a un mouvement à escalade, sur le même type d'escalade que le printemps arabe, avec sa temporalité spécifique : ce sont des gens qui travaillent. La semaine ils gardent une petite mobilisation mais ils travaillent, et le week-end est consacré à la révolution", explique-t-il.

Pas de compromis possible

"Cela reste un mouvement révolutionnaire avec une montée progressive de la violence qui est alimentée par les informations sur l'injustice fiscale qui tombent tous les jours, les gaffes de nos politiques qui sont comme une poule et un couteau face à ce mouvement et qui font gaffe sur gaffe et ne font qu'alimenter la colère. On est sur un rythme où tous les samedis on va exprimer sa colère à Paris et dans les villes de province et pour les fêtes, vraisemblablement ce sera une catharsis", poursuit Fabrice Epelboin.

La particularité de ce mouvement, indique-t-il, est qu'"on n'a pas affaire à un mouvement qui s'est transformé numériquement, on a affaire à une disruption". "On est face à des mouvements sociaux ou des institutions comme les syndicats qui sont un peu les Taxis G7 et qui voient arriver le Uber du mouvement social. Il est très particulier parce qu'il n'a pas de plateforme de négociation, il n'a pas d'interface de négociation, et il n'y a pas de compromis possible à faire avec un tel mouvement, ce qui est en tous points comparable avec Anonymous ou d'autres mouvements de ce type", souligne Fabrice Epelboin.

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