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"Gilets jaunes" : comment la police utilise ses canons à eau face aux manifestants

Un ancien instructeur explique comment sont engagés les "engins lanceurs d'eau" pour disperser les manifestations. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un engin lanceur d'eau de type Soframe VID 12 000, le 8 décembre à Paris. (BILAL TARABEY / LE PICTORIUM / MAXPPP)

Les canons à eau ont refait leur apparition lors du mouvement de "l'acte 5" de la mobilisation des "gilets jaunes". Un ancien policier, instructeur pour moto et canons à eau de la Direction opérationnelle des services techniques et logistiques (DOSTL), explique à franceinfo le maniement de ces engins lanceurs d’eau (ELE).

>> Suivez en direct "l'acte 5" de la mobilisation des "gilets jaunes"

A Paris, cinq camions à eau sont à la disposition de la préfecture de police "pour venir en dernier recours en soutien aux policiers, qui sont confrontés à des situations très périlleuses pour eux", explique-t-il. "La difficulté pour eux, dans le brouillard, avec les gaz lacrymogènes et les fumigènes, c'est d'éviter de heurter des manifestants." 

"Dans la cabine, il y a trois 'effectifs', détaille l'instructeur de la DOSTL. Le chauffeur, celui qui s'occupe du premier canon, et celui qui s'occupe du deuxième canon, qui est le chef de bord. C'est ce dernier qui est en lien direct avec les états-majors pour suivre les consignes."

Un "émulsifiant de type protéinique"

L'un des modèles d'ELE utilisé à Paris est capable de propulser 12 000 litres d'eau sur des manifestants, pour maintenir l'ordre public. Cet ancien instructeur dément que ces canons à eau projettent des "eaux sales ou odorantes". "C'est un mythe", assure-t-il. Lors du 1er-Mai 2018, des manifestants avaient relevé une odeur pestilentielle.

Pourtant, la police a bien fait usage d'un "émulsifiant de type protéinique", un additif mélangé à l'eau et constitué de sang séché, d'os broyés et de poudre de sabots de bovins, lors des manifestations du 1er-Mai, comme l'avait confirmé le 30 septembre la DGPN (Direction générale de la police nationale) à franceinfo. Cet additif sert généralement aux pompiers à éteindre plus rapidement un incendie.

Grégory Joron, du syndicat unité SGP police, avait expliqué que, pour le 1er-Mai, un de ces canons à eau avait été utilisé pour éteindre un feu de barricades apparemment assez important donc je pense que pour être plus efficace. "Ensuite, le camion a été réengagé et il y a peut-être des résidus de ce produit qui ont été coincés dans les durites et dans le canon." Il était catégorique : "Ce qui est lancé sur les manifestants ne reste toujours que de l'eau et essentiellement de l'eau !"

En revanche, ces camions possèdent bien un petit réservoir capable de projeter du bleu de méthylène pour "marquer" les manifestants. Quant au ravitaillement en eau, ces camions se branchent directement aux bouches incendie pour remplir, en quelques minutes, leur cuve de 12 000 litres d'eau. Ces camions possèdent des vitres pare-balles.

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