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"Gilets jaunes" : malgré une durée "assez exceptionnelle", le mouvement montre des "signes de fléchissement" selon un sociologue

Alors que le mouvement des "gilets jaunes" dure depuis près de quatre mois, la mobilisation semble en baisse. "C’est assez logique qu’à un moment donné cela s’essouffle un peu", a estimé le sociologue Jean-François Amadieu, samedi sur franceinfo. 

Article rédigé par franceinfo
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Des "gilets jaunes" lors de la manifestation à Paris, le 9 mars 2019. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

"Il y a des signes de fléchissement de la participation" au mouvement des "gilets jaunes", a estimé samedi 9 mars sur franceinfo Jean-François Amadieu, sociologue spécialiste des mouvements sociaux, alors qu'une nouvelle journée de mobilisation était en cours dans toute la France. Le professeur de la Sorbonne a néanmoins souligné un mouvement d'une durée "assez exceptionnelle", qui aura un impact sur les politiques à venir.

franceinfo : Peut-on dire que ce mouvement marque le pas ?

Jean-François Amadieu : Oui, très clairement. On avait pu penser la semaine dernière que c’était dû aux vacances de février, aux vacances scolaires. Ce sont encore les vacances cette semaine mais néanmoins il y a des signes d'un fléchissement de la participation peut-être durable.

C’est un essoufflement naturel ?

C’est tout à fait exceptionnel qu’un mouvement dure quatre mois, c’est vraiment très long. C’est assez logique qu’à un moment donné cela s’essouffle un peu. L’intention des organisateurs était de relancer le mouvement à l’approche du 15 mars, qui correspond à la fin du grand débat. Mais il est déjà prévu que des conférences nationales soient organisées la semaine prochaine et dans 15 jours au même moment par les pouvoirs publics. La possibilité de remobiliser n’est donc pas du tout évidente. Là, ce qui a clairement échoué, c’était la tentative de "sit-in" au Champ-de-Mars, où il n’y avait que quelques dizaines de personnes.

Essoufflement mais pas défaite, car les "gilets jaunes" ont quand même gagné une partie de leur bataille ?

Ce qui a été gagné, c’est essentiellement le fait qu’il sera difficile pour l’exécutif de ne pas céder de façon très concrète à des revendications fiscales, sociales ou économiques. Il sera difficile de ne rien faire et de reporter aux calendes grecques des mesures éventuelles. Il ne suffira pas de faire un référendum et quelques mesures institutionnelles.

Peut-on déjà tirer des enseignements historiques et sociologiques ?

Le plus frappant, c’était que ce mouvement était très ancré dans les milieux populaires, avec des gens qui ne se manifestaient pas d’habitude : des personnes âgées, des femmes. Un certain nombre de groupes étaient très mobilisés, c’est un fait assez exceptionnel. Apparemment, ça ne débouchera pas sur une formation politique mais ça aurait été possible, à l’image de ce qui a pu se passer dans d’autres pays européens.

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