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"Gilets jaunes" : qui est l'abbé Michel, dans la tourmente après avoir entonné un chant anti-Macron à la fin d'une messe ?

Le préfet de l'Eure a saisi la procureure de la République d'Evreux pour outrage envers le chef de l'Etat et pour violation de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat.

Article rédigé par franceinfo
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L'abbé Francis Michel lors de la messe du dimanche 2 juin au Planquay (Eure). (CAPTURE D'ECRAN YOUTUBE)

Dans la vidéo qui circule sur les réseaux sociaux depuis le dimanche 2 juin, on le voit en soutane, l'air mi-amusé mi-inquiet, en train de chanter à pleine voix "Emmanuel Macron, oh tête de con, on vient te chercher chez toi...", entouré de "gilets jaunes".

L'abbé Francis Michel, qui officie dans l'église du Planquay (Eure), est dans la tourmente après que le préfet de l'Eure a saisi la procureure de la République d'Evreux pour outrage envers le chef de l'Etat et pour violation de la loi de 1905 séparant les Eglises de l'Etat, car il est selon lui "clair que le type de manifestation qui se passait dans l'église du Planquay dimanche n'était pas une messe".

Franceinfo dresse le portrait de cet homme d'église controversé, dont la notoriété locale est repartie à la hausse à la faveur du mouvement des "gilets jaunes".

Un sympathisant des "gilets jaunes" de la première heure

Si le nom de l'abbé Francis Michel était jusqu'à dimanche largement inconnu à l'échelle nationale, les médias normands connaissent bien ce religieux, qui a multiplié les coups d'éclat depuis le 17 novembre. 

Dès le premier jour du mouvement, le religieux a en effet pris fait et cause pour le mouvement des "gilets jaunes", n'hésitant pas à enfiler une chasuble fluorescente par-dessus sa soutane ou à emmailloter l'Enfant Jésus présent dans sa crèche d'un gilet jaune. Régulièrement présent sur les ronds-points, cet homme de 69 ans indiquait en février à L'Eveil normand avoir trouvé une seconde famille chez les manifestants.

Avec les 'gilets jaunes', j’ai retrouvé une communauté de frères. Avec eux, je prends aussi conscience de mon bonheur. Je suis privilégié par rapport à beaucoup d'entre eux qui ne gagnent vraiment rien, qui ne peuvent même pas partir en vacances et vivre décemment.

L'abbé Francis Michel

à "L'Eveil normand"

L'abbé s'est tellement impliqué dans les manifestations qu'il a été placé en garde à vue le 25 mai dernier pour avoir empêché les forces de l'ordre d'intervenir en mettant un pied sur une barricade, à Paris, rapporte La Nouvelle République.

Cet épisode lui a valu le respect de nombreux "gilets jaunes", qui se sont rendus dimanche dans l'église de l'abbé Michel "pour lui faire une surprise", raconte un participant à Paris Normandie. "Nous sommes tous rentrés dans l'église avec nos gilets jaunes dans la poche, nous avons écouté la messe, et à la fin nous avons mis nos gilets jaunes ! Puis discuté avec l'abbé Michel, qui été très heureux de cette
surprise"

Un religieux condamné par la justice et en conflit avec sa hiérarchie

L'abbé a également eu affaire à la justice. Fin 2017, il avait été définitivement  condamné à 15 000 euros d'amende pour avoir détourné à son profit, entre 2006 et 2008, plusieurs centaines d'euros provenant de l'argent des quêtes de son ancienne paroisse de Thiberville, qui regroupe 13 églises, rapportait alors Paris Normandie

Après une plainte de l'évêché, les gendarmes avaient ainsi mis au jour l'existence de 11 comptes bancaires pour le prêtre, qui ne touchait en principe que 900 euros par mois. Si le curé avait la réputation de vivre dans le dénuement, portant une soutane trouée, ses relevés bancaires avaient révélé des dépenses pour des nuits d'hôtel à Paris, pour de la maroquinerie et des piercings, précise l'AFP.

Rétrogradé en 2010 par l'évêque d'Evreux au rang de simple recteur, ce qui lui interdisait de célébrer mariage, baptêmes et inhumations, l'abbé Michel a carrément été déchu de ses prérogatives d'homme d'église en 2016, bien qu'il ait toujours nié les faits qui lui sont reprochés. "Francis Michel n'a plus aucune responsabilité ni pouvoir dans l'Eglise catholique. Mais nous n'avons ni pouvoir de police ni de gendarmerie. J'ai écrit au maire du Planquay pour indiquer qu'il n'avait plus rien à faire dans cette paroisse, mais on ne m'a jamais répondu", a indiqué à LCI Christian Nourrichard, évêque d'Evreux.

Un septuagénaire "dépassé" par la situation

Cité par Le Parisien après le dernier coup d'éclat en date de l'homme d'église, l'évêque déplore que l'abbé Michel "continue à faire tout et n’importe quoi".

Je dirais vulgairement qu'il devient un peu fou.

Mgr Christian Nourrichard, évêque d'Evreux

au "Parisien"

Dans les colonnes de Paris Normandiel'abbé sulfureux reconnaît avoir été "dépassé" par la chorale improvisée des "gilets jaunes" venus dans son église et "déplore l'interprétation qui a pu en être faite". Il précise que les chants ont eu lieu après la fin de l'office, et qu'il a préféré sortir de l'église avec ces surprenants paroissiens, "par crainte que des fidèles entrent à ce moment précis pour prier ou se recueillir". Reste à savoir si cette explication convaincra les autorités si le parquet décide d'ouvrir une enquête.

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