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Grand débat national : les heures de dialogues d'Emmanuel Macron avec les maires seront-elles décomptées de son temps de parole ?

Pour le lancement de la grande discussion nationale qu'il a initiée, le président de la République s'est exprimé de longues heures en moins d'une semaine sur les principales chaînes d'information en continu. Un temps de parole critiqué, à quelques mois des Européennes.

Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron face à 600 maires, à Souillac (Lot), le 18 janvier 2019. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Mardi 6 heures 38, vendredi 6 heures 32... Pour la première semaine du grand débat national, le président de la République, Emmanuel Macron, a participé à deux longues séances de questions-réponses avec des maires de Normandie et d'Occitanie.

Des interventions parfois retransmises dans leur intégralité par les chaînes d'infos en continu. Plusieurs députés de l'opposition, comme Michel Larive, Danièle Obono (La France insoumise) et Luc Carvounas (Parti socialiste), ainsi que l'UDI se sont demandés comment ce regain de temps de parole serait décompté.

Contacté par franceinfo, le CSA indique qu'"a priori, les propos tenus par le président de la République, en raison de leur contenu et de leur contexte, pourraient être considérés comme relevant du débat politique national, et à ce titre, être décomptés, en application de la délibération du 22 novembre 2017 relative au principe de pluralisme politique dans les services de radio et de télévision".

Un tiers du temps de parole

Cette délibération, disponible ici, précise que, sur un mois, "le temps d'intervention cumulé du président de la République relevant du débat politique national, de ses collaborateurs et des membres du gouvernement, doit correspondre au tiers du temps total d'intervention" des personnalités politiques. Les autres – majorité présidentielle comprise – se partagent les deux tiers restant, "au regard des éléments de leur représentativité, notamment les résultats des consultations électorales, le nombre et les catégories d'élus qui s'y rattachent, l'importance des groupes au Parlement et les indications de sondages d'opinion, et de leur contribution à l'animation du débat politique national".

En clair, si le président de la République, ses collaborateurs ou les membres du gouvernement s'expriment davantage, les chaînes de télévision et les stations de radio doivent rééquilibrer en accordant plus de temps d'antenne aux autres responsables politiques, de manière à ce qu'ils pèsent effectivement deux tiers du temps de parole politique. Chaque mois, les médias audiovisuels doivent transmettre un relevé au CSA, qui vérifie tous les trimestres que les règles sont bien appliquées.

La campagne des européennes n'a pas encore démarré

Cette règle s'applique hors période électorale. Même si les élections européennes du 26 mai approchent, nous ne sommes pas encore entrés dans la période – en général les six semaines qui précèdent le scrutin – pendant laquelle les médias audiovisuels sont tenus de respecter le principe d'équité entre les différents partis politiques et leurs soutiens. Pour l'élection présidentielle, un principe d'égalité – même temps de parole pour tous les candidats et soutiens – est même observé dans la dernière ligne droite (à partir du 10 avril en 2017).

Par ailleurs, le temps d'intervention d'Emmanuel Macron n'est calculé qu'en additionnant "le seul temps" pendant lequel il s'exprime, comme pour chaque responsable politique. Toutes les questions des maires, qui ont constitué une bonne partie des 13 heures de débat, ne sont donc pas comptabilisées. On peut même imaginer que les interventions de certains d'entre eux, rattachés à une formation politique nationale, seront décomptées dans les deux tiers dévolus aux autres personnalités politiques.

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