"Il faut continuer, peut-être que ça va réveiller des consciences" : à Nonancourt, les "gilets jaunes" restent mobilisés
Dans l'Eure, les irréductibles "gilets jaunes" de Nonancourt se préparent à manifester samedi sur leur rond-point, comme chaque semaine depuis plus de six mois.
Six mois après le début du mouvement des "gilets jaunes", c’est un 28e samedi de mobilisation qui s’annonce, samedi 1er juin. Malgré un échec cuisant aux élections européennes et de moins en moins de manifestants, à Nonancourt (Eure), un petit groupe de "gilets jaunes" continue à tenir un rond-point plusieurs jours par semaine.
>> Six mois après le début du mouvement, ce que les gilets jaunes ont (ou pas) obtenu
Les lundis, mercredis et vendredis, Alain et ses collègues décorent en jaune l'un des ronds-points de leur commune. "Il faut continuer. Peut-être que ça va réveiller des consciences qui sont à l’instant T un petit peu atténuées", assure-t-il. Pourtant, "le carburant a terriblement augmenté, dit-il, il a même dépassé le montant du 17 novembre, et les gens ne bougent pas. Le but du jeu c’est que les gens puissent s’arrêter pour discuter".
Les manifestants nonancourtois ont obtenu l'autorisation du maire et de la gendarmerie. Patrick, artisan dans le bâtiment, passe souvent sur le rond-point pour essayer de discuter avec les automobilistes : "On a découvert des infirmières qui dormaient dans leurs voitures. Ça me révulse de voir aujourd’hui des travailleurs pauvres !".
Un groupe aux opinions politiques divers
Les "gilets jaunes" de Nonancourt viennent de tous les horizons. Certains ont voté pour Europe Ecologie-Les Verts, d'autres pour le Rassemblement national, La France insoumise. Ils sont jeunes, moins jeunes, retraités, et fonctionnaires comme Sonia, en colère depuis six mois. "J’ai un enfant qui gagne 1 200 euros par mois, et bien c’est moi qui l’aide. Ce n’est pas normal, ce n’est pas à moi de l’aider", réagit-elle.
Moi, je ne pars pas en vacances, je ne peux pas me le permettre, et pourtant je suis fonctionnaire. J’ai un salaire correct, mais je ne peux pas. Je calcule encore, ce n’est pas normal.
Soniaà franceinfo
Selon elle, les annonces faites après la mobilisation et à l'issue du grand débat, "ça sert à rien, c’est du pipeau pour moi, ce n’est pas vrai. Par exemple, les retraités n’ont pas récupéré 90 euros, ils [le gouvernement] leur devaient depuis des années. Non, il faut arrêter, c’est trop !". Sonia l'affirme, ce qu'il faut, c'est "aider les gens qui travaillent déjà, les encourager à aller travailler".
Les gilets jaunes distribuent leurs tracts aux automobilistes, certains les klaxonnent encore sur le rond-point. Alain, Arménio, Sonia, Patrick ne sont pas prêts de ranger leurs gilets jaunes. "J’invite Monsieur Macron à venir ici, et vivre comme nous, dans les mêmes conditions, de salaire, de factures à payer, les mêmes conditions !", lâche l'un d'entre-eux. Est-ce que ça pourrait faire changer les choses ? "Je le pense oui, si les politiques se mettaient à notre niveau à nous, ils ne resteraient pas sur leur nuage."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.