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"Ils ont détruit ma vie" : un an après avoir été blessé par un tir de LBD à Bordeaux, le "gilet jaune" Olivier Béziade tente de reprendre une vie normale

Olivier Béziade avait passé trois semaines à l'hôpital après avoir été touché à la tête par un tir de lanceur de balles de défense, lors d'une manifestation de "gilets jaunes" à Bordeaux.

Article rédigé par franceinfo - Flavien Groyer, édité par Bastien Munch
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Olivier Béziade, blessé lors d'une manifestation de "gilets jaunes", à Bordeaux, le 12 janvier 2019. (MEHDI FEDOUACH / AFP)

Une petite rue du centre-ville de Bordeaux, tout près de la place de la Comédie. C'est ici que, dans l'après-midi du samedi 12 janvier 2019, en pleine manifestation des "gilets jaunes", la police charge le cortège, qui se disperse. Dans la cohue, Olivier Béziade, manifestant et par ailleurs pompier volontaire en Gironde, est touché par un tir de LBD. "C'est la deuxième fois que je viens ici, ça me fait un peu trembler", avoue-t-il. "Ce jour-là, j'ai senti un gros choc sur le côté droit de ma tête, tout d'un coup une grande chaleur, et je me suis effondré au sol. Y avait du sang partout par terre, j'ai eu 44 points de suture quand même."

Olivier Béziade est grièvement blessé. L'homme de 48 ans est rapidement aidé par les commerçants de la rue, puis secouru par les pompiers. A l’hôpital, il passe quatre jours dans un coma artificiel. "Quand ils m'ont opéré la nuit, ils pensaient que je n'y survivrai pas ou que je serai tétraplégique", se souvient Olivier Béziade. 

A l'hôpital, ils m'appelaient 'le miraculé'.

Olivier Béziade

à franceinfo

Le "gilet jaune" sort de l'hôpital au bout de trois semaines. Ses séquelles restent lourdes : dépression, fatigue régulière et depuis peu, des crises d’épilepsie. "Ils ont détruit ma vie", déplore-t-il. "Pendant un an, toute ma vie a été arrêtée. Avant, j'étais cloîtré chez moi, je ne pouvais pas sortir. J'ai réussi à faire un pas, c'est pour ça que je suis là, à l'endroit même où j'ai été blessé." Les médecins lui conseillent de retourner manifester pour surmonter son traumatisme, mais Olivier Béziade avoue qu'il n'a pas encore réussi à franchir le pas.

Une information judiciaire ouverte depuis plus de six mois

Son histoire a fait la Une du journal Le Monde. On l'aperçoit notamment sur des vidéos d’une journaliste indépendante, sans qu'il ne soit menaçant envers les forces de l’ordre. Olivier Béziade ne comprend donc pas ce tir de LBD, tout comme son avocat. "Monsieur Béziade manifestait simplement, et il s'est retrouvé séparé de sa compagne", explique Romain Foucard. "Il était donc un peu désorienté, s'est engagé dans une rue perpendiculaire. C'est dans cette rue, de dos, en tournant la tête, qu'un policier, en-dehors de tout cadre réglementaire, lui a tiré dessus."

L’IGPN, la police des polices, a été saisie. Une information judiciaire est ouverte depuis plus de six mois. "Je déplore seulement que nous soyons aujourd'hui au mois de novembre, et que nous demeurions dans l'attente, notamment de mises en examen", continue l'avocat. "Il est peut-être temps que cela avance." Aujourd'hui, Olivier Béziade attend des sanctions contre le responsable du tir de LBD qui l'a touché. "Pour moi, ce qu'ils ont fait, c'est de l'acharnement", explique le pompier volontaire. "J'espère que dans leur vie, ils n'auront jamais à subir ce que je subis". Selon une source proche de l'enquête IGPN, certains éléments sur le déroulé des faits sont contestés par la police des polices.

Un an après avoir été blessé par un tir de LBD à Bordeaux, le "gilet jaune" Olivier Béziade tente de reprendre une vie normale - Le reportage de Flavien Groyer

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