"On est épuisés" : la difficile remobilisation des "gilets jaunes" trois ans après
Malgré un contexte économique et écologique a priori favorable, le mouvement des "gilets jaunes", né en novembre 2018, peine à se relancer.
Sur une poignée de giratoires, il y a bien ici et là du jaune fluo. Comme dans le Nord, où Sabine avait protesté pendant des semaines, en 2018. Mais globalement, cet automne, ce n'est plus la foule sur les ronds-points. Le mouvement des "gilets jaunes", né en novembre 2018, peine à redécoller.
Tout le monde a envie, mais après presque trois ans, on est épuisés physiquement et psychologiquement car malheureusement on voit bien que les choses ne changent pas.
Sabine, gilet jauneà franceinfo
D'où la nécessité d’agir autrement. "On est un peu moins novices", pose Sabine, qui préfère désormais participer à des actions plus ciblées : tracter, discuter ou même organiser une pièce de théâtre à Tourcoing. L’essentiel est de tout, sauf subir à nouveau la "répression", explique-t-elle, et les violences.
Des violences qui ont poussé Carole, en Bretagne, à laisser tomber voilà plusieurs mois son gilet jaune. "J’ai été très déçue par l'attitude de certains. Ça prenait une tournure que je n’ai pas aimé à casser, à saccager, à voler. Ce qu'il s’est passé à l’Arc de triomphe, je ne le digère pas."
Un problème d’incarnation ?
À sa façon, Carole regrette aussi que seules les classes populaires se soient mobilisées et pas toujours avec les clés qu'il faut. "Vous passez des messages truffés de fautes, comment voulez-vous que les énarques comme Macron vous écoutent et vous prennent au sérieux si vous n'êtes pas fichus de parler français ?"
Problème d’incarnation et le sentiment aussi d'aller nulle part. Beaucoup sont "retombés dans la résignation". Même quelqu'un comme Laurent, à Bordeaux, pourtant l'un des plus motivés aux débuts du mouvement. Il avait passé six mois sur les ronds-points. "Je n’y vais plus. Certains me demandent, mais non ça ne sert à rien !"
2022 dans le viseur
Alors, la question se pose : comment parvenir à se remobiliser ces prochains mois ? Pour Laurent, cela passera en votant pour les extrêmes à la prochaine présidentielle. "À droite ou à gauche peu importe, mais en tout cas, il faut voter quelque chose de choc. Un mix entre Zemmour et Mélenchon, la violence de l’un et de l’autre."
La piste Zemmour, qui fait soupirer Carole, attire en effet certains "gilets jaunes". Parmi eux, Benjamin Cauchy, ouvertement soutien du polémiste. Pour beaucoup, c'est en tout cas dans les urnes que le mouvement doit se relancer en 2022. Certains nourrissent encore l’espoir d'un candidat en jaune à la présidentielle.
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