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"On sent qu'il se passe quelque chose" : comment François Asselineau est devenu "très populaire" parmi les "gilets jaunes"

De plus en plus de leaders du mouvement se tournent vers le fondateur de l'UPR, fervent partisan du Frexit.

Article rédigé par Gaële Joly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Affiches du candidat à l'élection présidentielle François Asselineau dans le 16e arrondissement de Paris le 7 mars 2017.  (OLIVIER BÉNIS / FRANCE-INTER)

Son nom ressort régulièrement dans les fils de discussion sur les réseaux sociaux ou sur les ronds-points : François Asselineau, fondateur de l'Union populaire républicaine (UPR) et militant d'un "Frexit", suscite l'intérêt grandissant des "gilets jaunes".

A moins de trois mois des élections européennes du 26 mai 2019, plusieurs leaders du mouvement se plaignent de tentatives de récupération politique. Mais si les "gilets jaunes" semblent vouloir garder leur indépendance, certains d'entre eux semblent aussi porter une certaine attention à celui qui avait récolté 0,92% des voix à l'élection présidentielle de 2017.

Un discours souverainiste qui semble séduire

"Je vois beaucoup Asselineau qui ressort effectivement," constate Eric Drouet, l'une des figures des "gilets jaunes" dans une vidéo publiée sur son compte Facebook récemment. Interrogé sur les élections européennes, il explique que "ce sera une question qu’il faudra poser à l’ensemble des "gilets jaunes". On fera un post, ou un sondage dessus, pour que les gens, par exemple les personnes comme Etienne Chouard nous disent pourquoi plus Asselineau qu’un autre."

Etienne Chouard, l'intellectuel préféré des "gilets jaunes" vient en effet d’offrir une sacrée vitrine à l'ancien conseiller de Charles Pasqua, en annonçant voter pour lui aux européennes : "Je vais donner ma voix à Asselineau qui est le seul à soutenir correctement la sortie de l’Union européenne qui est pour moi une priorité absolue", justifie Etienne Chouard. 

"Nous sommes en train de nous désindustrialiser, de nous tiers-mondiser, aucune des doléances des "gilets jaunes" ne peut se faire dans le carcan de l’Union européenne. On appelle ça le néo-libéralisme, mais c’est d’une brutalité inouïe", affirme le promoteur du référendum d'initiative citoyenne.

Surtout ne pas chercher à instrumentaliser le mouvement

Effectivement, depuis la fondation de son parti en 2007 François Asselineau réclame la sortie de l’Union européenne et dénonce des traités qui "privent les Français de démocratie". Un discours souverainiste qui semble séduire sur les ronds-points et qui inquiète moins que celui, assez similaire, de Florian Philippot, assimilé lui à l’extrême droite.

Pourtant du côté de l'UPR, on refuse de se présenter comme le parti des "gilets jaunes". Contrairement à d’autres, Francois Asselineau n’a d’ailleurs jamais enfilé de gilet jaune. A l'UPR, le mot d'ordre est de ne surtout pas chercher à instrumentaliser le mouvement. François Asselineau a bien essayé au tout début, avec ses tracts sur le coût de l'essence, mais sur les ronds-points, les "gilets jaunes" n’étaient pas du tout réceptifs.

Il y a déjà eu un effet avec l’annonce d’Eric Drouet, l’UPR est devenue très populaire au sein des "gilets jaunes"

Eric Noirez, représentant de l'UPR en Seine-et-Marne

Le parti d’Asselineau dit enregistrer une hausse de ses adhésions, jusqu’à 200 par semaine. Sa chaine YouTube compte désormais plus de 100 000 abonnés, c'est moins que la France insoumise, mais plus que le Rassemblement national. 

"En Seine-et-Marne on a fait une réunion publique il n’y a pas très longtemps où il y avait à peu près un tiers de la salle, qui était les 'gilets jaunes' du secteur, et qui découvraient François Asselineau (...) On sent qu’effectivement, il se passe quelque chose", analyse Eric Noirez.

"S’il y en a qui veulent une place dans la liste, je n’y verrais pas d’inconvénient"

"Moi, ma porte, elle est ouverte", assure l'intéressé. François Asselineau compte désormais profiter de cette dynamique en vue des européennes tout en gardant la même ligne : ne surtout pas donner l'impression d'en profiter. Il affirme ne pas avoir cherché à rencontrer les figures du mouvement, mais il lui reste encore deux mois pour finaliser sa liste pour les élections européennes.

"S'ils veulent me voir, ils viennent me voir," déclare le président de l'UPR. "Pour l’instant, on a notre liste, je ne vous cache pas que j’essaie d’avoir des personnalités extérieures, explique-t-il. S’il y en a qui veulent une place dans la liste, je n’y verrais pas d’inconvénient. On proposerait ça au bureau national, mais encore une fois, pour l’instant, il n’y a pas encore eu de contact comme ça."

François Asselineau vient de mettre les derniers coups de pinceau à son nouveau studio télé, dans son petit QG parisien. Avec un double des clefs pour les "gilets jaunes" qui souhaiteraient en faire usage. Là aussi, la porte est grand ouverte.

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